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RÉSULTATS

La renaissance du noble art?

Canelo Alvarez, Turki Alalshikh (au centre) et William Scull Canelo Alvarez, Turki Alalshikh (au centre) et William Scull - Getty
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COLLABORATION SPÉCIALE

Décidément, le président de General Entertainment Authority, Turki Alalshikh, qu'on ne connaissait pas du tout il y a à peine 18 mois, était sérieux quand il prétendait vouloir redonner à la boxe sa gloire d'antan.

Ce qui semblait un vœu pieux provenant d'un homme un peu illuminé dont l'accès aux ressources financières était immense est à véritablement révolutionner toute l'industrie de la boxe professionnelle.

Il y a eu tout d'abord les associations avec les promoteurs majeurs qui contrôlent la majorité des boxeurs importants sur la planète. On parle ici de Spencer Brown et Gold Star, Frank Warren et Queensberry, Eddie Hearn et Matchroom, Oscar De La Hoya et Golden Boy, ainsi que Bob Arum et Top Rank.

On avait l'impression que la vision de son émir était de créer un boys club où tous ces géants s'y disputeraient la planète comme à un jeu de Risk. À travers les « Saisons Riyad », le Saoudien louait, à grand prix, les vedettes de ses nouveaux associés qu'il opposait les uns contre les autres, sur le ring, à son gré.

C'est ainsi qu'on a assisté à une série de combats impliquant tous les meilleurs boxeurs poids lourds, à un rythme jamais vu.

Fury, Ngannou, Usyk, Dubois, Miller, Hrgovic, Joshua, Parker, Keane, Wilder, Zhang, Bakole, Kabayel, Makhmydov, Sanchez, Zhang...

Tous les boxeurs poids lourds qui avaient de l'importance ont été sollicités et à eux on ajoute les deux combats entre Beterbiev et Bivol.

Pour s'assurer une couverture élaborée, Turki a acheté le Ring Magazine fondé il y a 103 ans et en a fait la source première d'information sur la boxe internationale, tout en augmentant le prestige des mystiques ceintures de la célèbre revue. Sous la bannière de « The Ring », il a organisé une soirée reconnaissance digne des Oscars et il est à mettre sur pied une série d'événements aussi uniques qu'inédits à Time Square de New York le 2 mai et plus tard cet été sur la célèbre île d'Alcatraz, pour commencer.

Canelo Alvarez vient de conclure une entente de quatre combats, dont le premier, son « Cinco De Mayo » hors des USA à Riyad, et c'est encore sous la couverture de « The Ring » le 3 mai.

En collaboration avec le WBC, il a institué le « Grand Prix » pour la nouvelle génération de boxeurs; 128 boxeurs de quatre divisions avec moins de 15 combats d'expérience et pas âgés de plus de 25 ans. Une formule géniale qui va nous faire découvrir les champions de demain. Tous les combats vont se dérouler en Arabie saoudite. Tournoi à élimination simple d'avril à décembre. Le gagnant du tournoi aura remporté cinq victoires. On va pouvoir suivre ça sur DAZN.

Mais ce n'est que cette semaine, mercredi plus précisément, en marge de la conférence de presse qui annonçait les combats de l'événement « The Ring » qui s'intitule « Fatal Fury : City of the Wolves », qu'on a appris les véritables intentions ainsi que la profondeur des ambitions du représentant du prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane.

Alalshikh a annoncé une entente à long terme avec TKO, le propriétaire du UFC et de la WWE, et SELA, un fonds d'investissement souverain d'Arabie saoudite, pour établir une nouvelle organisation de promotion de boxe qui sera dirigée par le tsar de l'UFC Dana Whyte.

Selon Rakan Alharthy, le CEO de SELA : « Ce partenariat va tourner la page à un nouveau chapitre de l'histoire de la boxe professionnelle. Ensemble nous allons élever le sport à de nouveaux sommets ».

Cette nouvelle plateforme va encadrer les boxeurs de haut niveau et un groupe d'espoirs. Le principe sera sous forme d'une ligue où c'est la performance des participants qui va compter et pas seulement le ratio de victoires/défaites.

On veut utiliser l'expérience de l'UFC et de la WWE pour revitaliser les événements de boxe et rehausser le niveau de l'expérience client des spectateurs et téléspectateurs.

Il reste encore beaucoup de choses à régler et des questions à répondre, mais ce qui est le plus évident c'est que Turki Alalshikh a trouvé en Dana White le partenaire qu'il recherchait au détriment des promoteurs déjà établis avec qui il collabore depuis le début de son aventure en boxe professionnelle.

Ce qui semble en ressortir c'est que le grand argentier du Moyen-Orient va encore collaborer avec l'establishment actuel de la boxe et louer à prix fort ses boxeurs, pour un certain temps, mais qu'il est à prendre ses dispositions pour devenir l'un de ses compétiteurs, et quel compétiteur il sera avec ses ressources financières et l'expertise de l'UFC et la WWE!

Ça ne veut pas dire que les Matchroom, Queensberry et Top Rank de ce monde vont se laisser faire et qu'ils ne trouveront pas de nouveaux alliés pour préserver leurs parts de l'industrie. La bataille s'annonce pour être excitante à suivre!

Le 2 mai sur Time Square à New York, présenté par « The Ring » de Turki, ce sont Oscar De La Hoya et Eddie Hearn qui sont les promoteurs officiels. On y a l'ambition de briser le record du nombre de spectateurs qui assistent à un événement de boxe. Le 20 février 1993, on a regroupé 132 274 spectateurs au Aztec Stadium de Mexico City, une promotion de Don King.

On sait que lors du Nouvel An, on estime à plus de 1 million de spectateurs qui festoient à Time Square. On souhaite y attirer plus de 500 000 spectateurs pour regarder les combats de Teofimo Lopez c. Arnold Barboza Jr., Devin Haney c. Jose Carlos Ramirez et Ryan Garcia c. Rolando Romero.

Le 3 mai, c'est au tour de Canelo Alvarez de combattre sur les terres de la Grande Mosquée, alors qu'il va tenter de retrouver le titre IBF des super moyens pour ajouter à sa collection et redevenir champion unifié contre l'Allemand de Cuba William Scull.

 Ce n'est pas encore annoncé officiellement, mais il semble bien que ce soit Dana White qui sera le conducteur le 3 mai!

Enfin, je sais que je vous parle beaucoup des tsunamis majeurs causés par les pétro dollars dans la boxe contemporaine, mais toutes les semaines on annonce du nouveau qui impacte l'industrie.

Au bout du compte ce sont les boxeurs et les fans de boxe qui vont être les grands gagnants de cette nouvelle entité dont on ne connait même pas encore le nom, mais dont on ne peut doute des capacités et des ressources pour répondre de ses ambitions et installer ce qu'ils appellent la renaissance du noble art.

Pour en finir avec « The last Crescendo »

Je me suis trompé royalement dans ma dernière chronique où je prédisais une victoire d'Artur Beterbiev au 11e round pour clore définitivement le débat sur le roi des mi-lourds contre le dauphin Dmitrii Bivol. C'est bien l'héritier qui a été couronné et qui a ravi toutes les ceintures du champion par décision majoritaire.

Le soir du combat, j'avais quand même Beterbiev victorieux à 115-113! Je me suis probablement fourvoyé en accordant le round initial au Montréalais. Le combat ne s'est pas du tout déroulé comme prévu. Après six rounds, Beterbiev, en véritable rouleau compresseur, semblait voguer vers une victoire facile, mais à compter du huitième, pour la première fois de sa carrière, il semble avoir frappé un mur et a considérablement ralenti. Ses coups n'avaient plus la même fréquence ni le même impact.

C'est alors que Bivol est presque sorti des abîmes, a pris confiance et a complètement dominé son vis-à-vis pendant les quatre rounds suivants grâce à sa vitesse, son athlétisme et son endurance.

Beterbiev est bien revenu en force au dernier round et bien que je l'avais gagnant sur ma carte, l'impression globale nous donnait le sentiment que Bivol avait mieux fait et surtout imposé sa volonté dans la partie du combat où Beterbiev est habituellement à son meilleur. Les verdicts des juges de 115-113, 116-112 et 114-114 confirmaient la passation de la couronne.

On a encore eu droit à un combat extrêmement relevé par deux grands boxeurs qui vont un jour se retrouver au Temple international des immortels de la boxe.

Sur le ring, Artur a immédiatement confirmé son intention de demander un troisième affrontement, comme stipulé dans son contrat, et Bivol a acquiescé illico. Côté affaires, il n'y a aucun autre combat, ni pour l'un ni pour l'autre, qui pourrait être aussi profitable financièrement qu'une revanche. Une consolation pour celui qui connaissait les affres de la défaite pour la première fois depuis les Jeux olympiques de Londres en 2012.

Turki Alalshikh, le grand responsable de la boxe en Arabie Saoudite, l'a mis à son agenda pour l'automne prochain, question de donner, au perdant de 40 ans, le temps de bien se ressourcer.

Dans une entrevue récente, Marc Ramsay soulevait des doutes sur un troisième combat potentiel, soulignant que son protégé n'avait plus rien à prouver et qu'il pourrait peut-être se retirer.

Cette semaine, c'est le président du WBC, Mauricio Sulaiman, qui a annoncé que Bivol devait défendre son titre à sa prochaine sortie, contre son aspirant obligatoire David Benavidez sinon la ceinture deviendrait vacante. Une décision surprenante quand on pense à la proximité du WBC avec son excellence.

J'ai bien l'impression que Beterbiev va revenir pour un dernier « Crescendo » dans huit ou neuf mois et en attendant Bivol aura le temps de faire la leçon à Benavidez.

Dans tout ça, on semble oublier totalement l'aspirant obligatoire IBF des mi-lourds, l'Allemand Michael Eifert, qui attend son tour depuis deux ans maintenant. Il me semblait que selon la rotation des associations, c'était rendu au tour de la IBF. Si c'est Benavidez, on ne se plaindra certainement pas.

Bonne boxe!