MONTRÉAL – « Il y a des gens qui vont dire que c’est un freak show, mais ce n’est pas grave. »

 

Après avoir tenté de convaincre les journalistes que le combat entre Jean Pascal et Steve Bossé pourrait offrir un dénouement semblable au premier opus opposant Fernand Marcotte à Eddie Melo, le promoteur Yvon Michel a finalement fait marche arrière pour s’assumer pleinement.

 

L’adaptation québécoise du choc Floyd Mayweather fils-Conor McGregor sera présentée le 29 juin au Stade IGA ou à la Place Bell et l’intrigue sera également cousue de fil blanc. D’un côté, le vétéran boxeur qui sort de la retraite pour offrir un cadeau à ses partisans et de l’autre, l’ancien combattant d’arts martiaux mixtes qui souhaite profiter de la manne qu’offre un tel événement.

 

À une époque où la boxe locale vit un creux de vague et les galas à grand déploiement ne sont plus légion, personne ne s’offusquera d’avoir recours à ce genre de moyens pour insuffler une petite dose de suavité – et de capitaux bien évidemment – à une industrie qui en a bien besoin.

 

« Quand ils ont annoncé Mayweather-McGregor, je me demandais vraiment qui allaient être les épais qui allaient regarder cela et j’ai finalement fait partie de ces épais ce soir-là, a blagué l’entraîneur de Pascal, Stéphan Larouche. Même lorsqu’il a été question de Pascal-Bossé pour la première fois et que j’entendais ensuite certaines déclarations, je trouvais cela très, très drôle.

 

« Mais je ne pouvais laisser Jean aller seul là-dedans. J’avais envie de vivre cette aventure-là avec lui. Jean est un gars de défis et il est fier. C’est un combat dont nous allons tous nous rappeler. »

 

Pourtant, Pascal (32-5-1, 19 K.-O.) avait juré que c’était fini à la suite de sa victoire sur Ahmed Elbiali en décembre dernier en Floride. Mais il faut croire qu’il n’y a que les fous – et ceux qui savent compter – qui ne changent pas d’idée. L’ex-champion des poids mi-lourds du WBC est même tellement emballé par ce retour qu’il a des plans bien précis pour la suite des choses.

 

« Je vais tester l’eau pour savoir si je suis capable d’absorber les coups d’un poids lourd, a expliqué Pascal en reprenant une formule qu’il a maintes fois rodée au cours des derniers jours. Étant donné que le résultat sera positif, je vais avoir de belles options qui s’offriront à moi.

 

« J’ai encore du gaz dans la tank et je ne veux pas avoir de regrets plus tard. Je ne veux pas me demander ce que ç’aurait été si je n’avais pas continué et si je n’avais pas été chez les lourds. »

 

Disant vouloir imiter son idole de jeunesse Roy Jones fils, Pascal ambitionne ensuite affronter tout ce qui bouge. Il acquiesce ainsi du bonnet chaque fois qu’un nom lui est proposé. Tony Bellew, Eleider Alvarez, Artur Beterbiev, Oscar Rivas, Simon Kean et même... Deontay Wilder.

Bossé et Pascal sont prêts

 

Les plus cyniques auront cependant tôt fait de remarquer que Pascal n’a pas signé de victoire significative – à l’exception peut-être de celle sur Lucian Bute – sur la scène internationale en près d’une décennie et que ses idées de grandeurs relèvent plus du fantasme que de la réalité.

 

« Pendant toutes ces années, j’étais un peu frustré par rapport à mon sport en raison des magouilles, des manigances et des histoires de contrat, a répondu Pascal. Depuis ma victoire contre Elbiali, j’ai retrouvé l’amour pour mon sport et cela va m’aider à aller encore plus loin. »

 

« Jean n’a jamais été un cogneur, c’est davantage un gars qui surprend. Il est utopique de penser qu’il a une grande chance contre la nouvelle génération de boxeur de six pieds cinq, six pieds six pouces chez les lourds, a ajouté Larouche. Jean n’est pas un gars qui aimer jabber et boxer à l’extérieur, alors c’est difficile, même laborieux, de lancer un jab contre un grand gars. »

 

Quant à Bossé (1-0, 1 K.-O.), ses intentions sont claires depuis le début. Il a délaissé les arts martiaux mixtes pour la boxe afin d’affronter de gros noms et Pascal en est assurément un. « Je carbure à ce qui se passe en ce moment, a-t-il d’ailleurs avoué. Les gens ne se souviendront plus que Pascal a été champion, mais qu’il s’est fait passer le knock-out par un gars d’un combat. »

 

Sauf que le risque est également très grand que les amateurs oublient rapidement ce moment.

Bossé contre Pascal : Un combat inusité?
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