Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Un championnat serré... sauf pour Max!

Publié
Mise à jour

S'il est vrai que nous n'avons pas la lutte au championnat que l'on espérait, cette saison de Formule 1 reste très intéressante. Oubliez un instant que Max Verstappen et Red Bull existent, et nous avons tout un championnat! Entre l'excellent début de saison d'Aston Martin, le regain de vie de McLaren et les hauts et les bas de Ferrari et Mercedes, il est très difficile de prédire de Grand Prix en Grand Prix qui sera en mesure d'avoir le dessus derrière Red Bull. À la suite de la pause estivale, je vous propose mon traditionnel bilan de mi-saison, équipe par équipe.

Red Bull vers une saison historique
Meilleur en qualifications : Verstappen 10-2
Meilleur en courses : Verstappen 10-2
Points : Verstappen 314, Perez 189

Ne jouons pas à l'autruche, on sait déjà que Max Verstappen remportera le championnat des pilotes et Red Bull, celui des constructeurs. D'ici la fin de la saison, la question qui demeure est plutôt de savoir si l'écurie pourra réussir un exploit inédit et hors du commun, soit celui de remporter toutes les courses de la saison.

Quand certains pilotes ont évoqué ce scénario en début de saison, on pouvait trouver ce point de vue un peu extrême. Jamais une écurie de Formule 1 n'a remporté toutes les courses d'une saison, alors imaginer un tel scénario dans un calendrier qui comptait 23 épreuves (maintenant 22 avec l'annulation du Grand Prix d'Émilie-Romagne) semblait utopique.

Quelques mois et 12 victoires plus tard, ce scénario semble désormais plus réaliste, mais il reste qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire. Pour réussir un tel exploit, ça demande évidemment une bonne part de talent et de travail, mais aussi une certaine part de chance. Il faut éviter les abandons, les accrochages, les erreurs de stratégie, éviter les malchances liées aux voitures de sécurité ou aux drapeaux rouges, performer sur tous les types de circuit, que ce soit sous le soleil ou sous la pluie... Bref, c'est loin d'être encore fait.

Toutefois, Red Bull a maintenant remporté 13 courses de suite si l'on remonte à l'an dernier, ce qui constitue déjà un record. Même s'ils ne font pas une saison parfaite, le fait qu'on en discute passé la mi-saison représente déjà un exploit en soi.

Quant aux pilotes, difficile de reprocher quoi que ce soit à Max Verstappen qui compte 10 victoires et deux deuxièmes positions, sept positions de têtes, et qui est sur une séquence de huit victoires de suite. Il pourrait d'ailleurs égaler le record de Sebastian Vettel avec neuf ce week-end, chez lui, aux Pays-Bas.

Toutefois, c'est une saison plus compliquée pour Sergio Perez. On en a déjà beaucoup parlé, mais ses ennuis en qualifications l'ont sorti de la course au titre et laissent le champ libre à son coéquipier. Cinq courses de suite sans accéder à la Q3, ce n'est pas acceptable avec cette voiture. Il affiche un meilleur rythme en course, c'est d'ailleurs pourquoi il domine le classement pour le nombre de positions gagnés en course, mais il devra prouver à Red Bull que ses difficultés sont maintenant derrière lui cet automne.

Mercedes tente de rattraper son retard
Meilleur en qualifications : Hamilton 7-5
Meilleur en courses : Hamilton 9-3
Points : Hamilton 148, Russell 99

Au 2e rang des constructeurs, on retrouve Mercedes. Comme environ toutes les équipes qui luttent pour le 2e rang, l'écurie a connu son lot de hauts et de bas.

Toto Wolff et son équipe ont fait le choix de revenir avec son concept aérodynamique sans ponton en début de saison, et l'écurie n'a pas eu le choix de se rendre à l'évidence. Pour retrouver les sommets, il fallait changer la philosophie de la voiture. C'est ce qu'on a fait, avec une importante évolution qui est arrivée lors du Grand Prix de Monaco.

Les effets de ces changements se sont fait sentir. Lewis Hamilton a amassé trois podiums depuis cette évolution, pour un total de quatre cette saison. George Russell a également inscrit un podium. On voit que l'écurie est sur la bonne voie, mais il reste encore énormément de chemin à faire avant de rattraper Red Bull. D'ailleurs, en Belgique, Lewis Hamilton s'est plaint de marsouinage, un phénomène qu'on croyait réglé chez Mercedes. Espérons qu'il ne s'agit que d'une erreur de parcours.

Quant aux pilotes, on sait que Mercedes peut compter sur un duo solide. George Russell est moins étincelant que l'an dernier, c'est vrai, mais son travail permet à Mercedes de prendre l'avantage sur Aston Martin au classement. Quant à Lewis Hamilton, il tire le meilleur de la voiture et est au cœur d'une chaude lutte avec Fernando Alonso pour le troisième rang des pilotes.

Aston Martin à la recherche de sa forme du début de saison
Meilleur en qualifications : Alonso 10-2
Meilleur en courses : Alonso 11-1
Points : Alonso 149, Stroll 47

Aston Martin a surpris tout le monde grâce à une progression exceptionnelle avec l'année passée. Septième au classement des constructeurs en 2022, l'écurie a commencé la saison en étant la formation la plus près des Red Bull.

Plusieurs facteurs influencent cet excellent départ pour Aston Martin. On peut penser aux investissements massifs de Lawrence Stroll, ou à l'arrivée de personnel important, à commencer par l'aérodynamicien Dan Fellows en provenance de Red Bull. Cependant, le facteur qui saute le plus aux yeux est l'arrivée de Fernando Alonso.

Le pilote de 42 ans semble enfin avoir trouvé un endroit où il est motivé et heureux, et cela se reflète dans ses performances. Six podiums en huit courses pour commencer la saison, c'est un exploit que personne n'avait prédit.

Ces résultats jettent un ombrage sur la saison de Lance Stroll, qui n'arrive pas à maintenir le rythme de son coéquipier. Le Canadien ne connaît pas une aussi mauvaise saison que la comparaison peut le laisser croire… mais il ne connaît pas non plus une excellente campagne. Ses ennuis en qualifications le rattrapent encore, et des erreurs stratégiques ne l'ont pas aidé non plus.

Son incident à l'aube des essais hivernaux ne l'a pas aidé dans sa préparation, mais cela devrait maintenant être derrière lui. Il marque sa part de points, mais on voit qu'aux côtés d'un pilote de la trempe de Fernando Alonso, il est difficile pour lui de suivre la cadence.

Maintenant, le défi pour Aston Martin sera de suivre le rythme des autres écuries dans la lutte au développement. Les dernières épreuves ont été plus difficiles pour l'équipe. Mercedes a pris le deuxième rang au classement, et Ferrari et McLaren ont aussi rattrapé du terrain. Est-ce qu'on pourra inverser cette tendance au retour de la pause?

Un pas de recul pour Ferrari
Meilleur en qualifications : Leclerc 8-4
Meilleur en courses : Leclerc 7-5
Points : Leclerc 99, Sainz 92

Ce n'est évidemment pas la saison que l'on espérait chez Ferrari, alors qu'on est loin de se battre dans les luttes aux titres des pilotes et des constructeurs. La voiture est moins performante que l'an dernier et s'est montré très capricieuse en début de saison, ce qui a causé des ennuis aux deux pilotes.

Les dernières évolutions de la Scuderia ont aidé à rendre les pilotes plus confortables. Sauf que quand on pense à Ferrari, on s'attend à beaucoup plus qu'une saison de trois podiums, tous récoltés par Charles Leclerc, et qu'une quatrième place au classement des constructeurs.

Il s'agit également de la première saison de Frédéric Vasseur à Maranello. On savait qu'on allait devoir lui laisser du temps avant de sentir son impact. Pour les tifosis, il faut espérer qu'il s'agit en quelque sorte d'une saison de transition vers un retour au sommet. D'ici là, une bonne fin de calendrier ferait certainement du bien au moral de tout le monde, des partisans jusqu'aux pilotes.

Une saison en deux temps pour McLaren
Meilleur en qualifications : Norris 10-2
Meilleur en courses : Norris 9-3
Points : Norris 69, Piastri 34

C'est une saison assez unique pour McLaren en 2023. Rarement a-t-on vu une équipe commencer aussi mal une saison et soudainement renverser la vapeur de cette façon.

Ce qui aide l'écurie, c'est qu'on a eu la présence d'esprit de reconnaître qu'on s'est trompé sur la voiture avant même d'arriver aux essais hivernaux. Dès la présentation de la nouvelle monoplace, Andrea Stella et son équipe étaient clairs. Ils n'étaient pas satisfaits de la voiture et elle devait être modifiée.

Ça donnait le ton pour un début de saison difficile, ce qui a été le cas, mais au moins, on a pu se pencher rapidement sur des solutions et des changements importants, et ce travail porte fruit maintenant.

Lando Norris a maintenant amassé deux podiums, et Oscar Piastri en aurait mérité un sans une voiture de sécurité à Silverstone. D'ailleurs, Piastri profite de l'amélioration de la voiture pour démontrer son talent, et on voit maintenant bien pourquoi McLaren et Alpine se sont battus pour obtenir ses services. McLaren compte sur deux bons jeunes pilotes, et il est tellement plus agréable de les voir se battre à l'avant plutôt qu'en fond de peloton.

Le peloton derrière les Red Bull est très serré avec Mercedes, Aston Martin, Ferrari et McLaren. La hiérarchie change pour chaque course. Est-ce que McLaren sera en mesure de rester au sein de ce groupe? Surtout, est-ce qu'elle peut rattraper ces écuries au classement malgré un retard important en début de saison? Ce sera intéressant de suivre cette équipe d'ici la fin de saison.

Repartir à zéro chez Alpine
Meilleur en qualifications : Égalité 6-6
Meilleur en courses : Ocon 5-4
Points : Ocon 35, Gasly 22

Une des plus grandes craintes chez Alpine en début de saison était de voir comment Esteban Ocon et Pierre Gasly allaient s'entendre maintenant qu'ils sont dans la même équipe. Or, on a presque l'impression que c'est la seule chose qui fonctionne pour l'instant chez l'écurie française.

La saison est loin d'être satisfaisante chez Alpine, et tout le monde se rejette la balle. Le président d'Alpine, Laurent Rossi, avait fortement critiqué le travail de l'écurie après le Grand Prix de Miami et mis le leadership d'Otmar Szafnauer sous pression. Deux mois plus tard, Rossi a été démis de ses fonctions.

Quant à Szafnauer, on a appris avant le Grand Prix de Belgique qu'il s'agirait de son dernier Grand Prix à la barre de l'équipe. Le directeur sportif Alan Permane et le directeur technique Pat Fry ont aussi quitté l'écurie.

Et Szafnauer ne s'est d'ailleurs pas gêné pour critiquer son ancienne organisation, principalement le groupe Renault qui prend trop de place selon lui dans la gestion de l'écurie.

Bref, quand les choses ne fonctionnent pas au sein de la direction, c'est difficile ensuite d'obtenir des résultats sur la piste. C'est ce qu'on voit cette saison chez Alpine. Il y a certes eu le podium d'Esteban Ocon à Monaco, mais c'est bien peu à se mettre sous la dent. La troisième place de Gasly lors de la course sprint en Belgique peut aussi donner un peu d'espoir pour une meilleure fin de saison.

Espérons simplement que les nouvelles personnes en place pourront instaurer une meilleure ambiance au sein de l'écurie. C'est l'étape numéro un pour atteindre les objectifs que le constructeur se fixe.

Les résultats de Williams dictés par Alexander Albon
Meilleur en qualifications : Albon 12-0
Meilleur en courses : Albon 10-1
Points : Albon 11, Sargeant 0

Chez Williams, la saison 2023 permet à Alexander Albon de prouver qu'il doit être considéré parmi les bons pilotes en milieu de peloton. Avec une Williams qui n'est pas mauvaise, mais qui est loin d'être excellente, Albon trouve toujours des façons de tirer le maximum.

Par exemple, alors que Sargeant ne compte que deux présences en Q2, Albon s'est taillé une place en Q3 à quatre occasions. Le pilote britanno-thaïlandais a terminé trois fois dans les points et a obtenu son meilleur résultat à Montréal avec une septième place alors qu'il a dû défendre chèrement sa place pendant une bonne portion de la course.

Bref, après un passage décevant chez Red Bull et une année comme pilote d'essais, Albon démontre depuis son arrivée chez Williams que ce n'est pas par hasard qu'il a terminé troisième en Formule 2 en 2018, dans une saison relevée qui comprenait George Russell, Lando Norris et Nyck De Vries. D'ailleurs, son nouveau patron, James Vowles, ne tarit d'ailleurs pas d'éloge à son sujet.

Quant à Logan Sargeant, il continue son apprentissage de la Formule 1. C'est loin d'être spectaculaire, mais ça devrait être suffisant pour que Williams lui offre une autre chance l'an prochain. Peut-il mettre un point ou deux en banque d'ici la fin de la saison?

Comment convertir de bonnes qualifications en point?
Meilleur en qualifications : Hulkenberg 9-3
Meilleur en courses : Égalité 6-6
Points : Hulkenberg 9, Magnussen 2

C'est la question que Haas n'est toujours pas en mesure de répondre, particulièrement dans le cas de Nico Hulkenberg.

À son retour en Formule 1, le pilote Allemand s'est classé six fois au sein du top-10 lors des qualifications… et n'a été en mesure de les convertir en point à l'arrivée qu'une seule fois avec une 7e place en Australie (il a également amassé trois points lors de la course sprint en Autriche).

Quant à Kevin Magnussen, il a terminé dans les points deux fois, terminant dixième à Djeddah et à Miami.

Cette disparité entre les résultats en qualifications et en course provient d'un important problème de surchauffe des pneus. Haas apportera des évolutions aux Pays-Bas afin de s'attaquer à ce problème. Car, comme le souligne Guenther Steiner en entrevue pour le site motorsport.com, il est impératif de trouver une solution le plus rapidement possible afin de ne pas se retrouver avec le même enjeu sur la voiture de 2024.

Une voiture stable, fiable… mais lente
Meilleur en qualifications : Bottas 8-4
Meilleur en courses : Bottas 8-4
Points : Bottas 5, Zhou 4

C'est une saison assez terne pour Alfa Romeo, surtout que l'écurie était parvenue à prendre le sixième rang des constructeurs l'an dernier, son meilleur résultat en une décennie.

Cette saison, l'équipe n'arrive pas à marquer des points de façon constante. La voiture a des qualités. Premièrement, elle est fiable, puisque l'écurie n'a subi qu'un abandon depuis le début de la saison (Zhou Guanyu en Azerbaïdjan).

Lors de son passage à Montréal, Valtteri Bottas nous avait aussi expliqué que le comportement et l'équilibre de la voiture sont bons. Les pilotes se plaisent au volant. La monoplace réagit comme les pilotes le souhaitent et elle est agréable à conduire.

Sauf que le chronomètre ne ment pas, surtout dans un milieu de peloton aussi serré. S'il vous manque que quelques dixièmes au tour, vous êtes relégués en fond de grille. 

Alfa Romeo s'attend à recevoir des évolutions lors des Grands Prix d'Italie et du Japon. Et si les résultats n'y sont toujours pas, on pourra passer le temps en regardant Théo Pourchaire se battre pour le titre de F2, lui qui fait partie de l'académie de pilotes de Sauber.

Ricciardo pour relancer AlphaTauri
Meilleur en qualifications : Tsunoda 8-2 contre De Vries, 1-1 contre Ricciardo
Meilleur en courses : Tsunoda 8-2 contre De Vries, 1-1 contre Ricciardo
Points : Tsunoda 3, De Vries 0, Ricciardo 0

Chez AlphaTauri, les enjeux sont bien connus puisque l'écurie a trouvé la façon de faire les manchettes en mettant à la porte Nyck De Vries pour permettre à Daniel Ricciardo de revenir en Formule 1. Je n'y reviendrai pas trop longuement, puisque ma dernière chronique portait sur le sujet, mais il est clair que les performances de l'Australien continueront d'être le sujet de discussions chez AlphaTauri.

Sinon, c'est une autre saison difficile pour la petite sœur de Red Bull. Après une décevante neuvième place au classement des constructeurs l'an dernier, elle figure maintenant au dixième et dernier rang.

Yuki Tsunoda ne connaît pas une mauvaise saison et fait ce qu'il peut avec ce qu'il a sous la main. On voit qu'il prend de l'expérience dans son pilotage. Il a terminé trois fois dans le top-10 et compte trois 11e position. Surtout, il a croisé l'arrivée lors de toutes les courses de la saison.

Après un mois de congé bien mérité, la Formule 1 reprend donc ses activités dans une ambiance survoltée à Zandvoort, aux Pays-Bas. On vous donne donc rendez-vous sur les ondes de RDS samedi et dimanche dès 8 heures 30.