MONTRÉAL – Après une attente interminable de 20 mois, les joueurs des Alouettes pourront enfin, dès ce week-end, participer au camp d’entraînement en vue du calendrier 2021. Inévitablement, la pandémie a également provoqué son lot de répercussions sur la formation montréalaise.

 

À vrai dire, les changements sont si nombreux qu’on devra se limiter à vous dresser un aperçu. La couverture du camp d’entraînement nous permettra ensuite de plonger plus en profondeur.

 

D’abord, le nouveau directeur général Danny Maciocia récoltera finalement les fruits de son labeur. Aussi fou que ça puisse paraître, il a eu à rebâtir son équipe deux fois depuis sa nomination.

 

Chez les entraîneurs, on note surtout l’entrée en scène de Barron Miles comme coordonnateur défensif, mais on y reviendra dans les prochains jours.

 

On doit avant tout s’attarder aux surprises qui continuent d’alimenter le quotidien des dirigeants. Mardi, les Alouettes ont indiqué que sept joueurs (dont Quan Bray, Jason Lauzon-Séguin et DJ Lalama) ont été suspendus alors que Félix Faubert-Lussier s’ajoute à ceux qui accrochent leurs crampons.

 

« Ça veut dire qu’ils ne seront probablement pas présents pour le début du camp d’entraînement. Ils pourraient décider de se retirer ou d’arriver plus tard. Les autres équipes doivent composer avec des situations similaires et c’est fort possible que d’autres noms s’ajoutent dans les prochains jours à travers la LCF », a expliqué Maciocia en visioconférence.

 

Dans le cas de Bray, ce n’est pas surprenant que ce soit lié à sa situation juridique.  

« C’est un enjeu avec l’immigration. Il travaille sur le dossier de son côté. Il a encore des papiers à compléter et on espère qu’il se présentera au camp. Il pourrait arriver en retard, mais on va garder les doigts croisés. Une décision devra être rendue par les autorités », a précisé Maciocia.

 

Après une si longue pause, on pourrait croire que l’état-major des Alouettes avait une bonne idée des plans de ses protégés, mais ce n’est pas le cas.

 

« Ce fut tous des surprises. Celui que je ne m’attendais pas, c’est Félix et Jason aussi. Mais tous ces joueurs, j’étais un peu surpris. On a planifié un camp avec eux. Les entraîneurs ont travaillé pendant des mois dont pour instaurer une rotation au camp. Les communications étaient positives avec eux, mais les choses ont changé comme ça arrive pour les autres équipes aussi. Ça fait partie de la réalité après une année de pandémie. Il faut s’adapter et avoir une bonne attitude. Au moins, on a des solutions à l’interne », a admis Maciocia qui a dû échapper quelques mots moins polis dans les derniers jours.

 

En ce qui concerne Faubert-Lussier, il a eu l’occasion de préparer son après-carrière durant la pandémie et il ne voudrait pas renoncer à son projet d’entreprise qui progresse bien. Quant à Lauzon-Séguin, il ne serait pas prêt à quitter sa maison dans le contexte actuel du protocole sanitaire.

 

Dans les dernières semaines, l’actualité sportive nous a démontré que différents athlètes professionnels, pour de multiples raisons, sont refroidis par l’idée de la vaccination. Chez les Alouettes, Maciocia considère que le portrait est encourageant même si la majorité des joueurs doivent arriver des États-Unis.

 

« J’ai eu des échanges avec des joueurs arrivés en ville, autant des Américains que des Canadiens. On n’en parle pas beaucoup, mais la bonne nouvelle c’est que j’ai appris mardi que presque 75% de nos joueurs vont avoir eu les deux doses ou une dose. Je pense que ça regarde bien. Rendu à 75%, ça m’inspire énormément pour la suite », a répondu Maciocia sur ce sujet parfois épineux.

 

L’autre dossier sanitaire concerne évidemment le nombre de spectateurs dans les gradins. Les Alouettes auront la chance d’entamer leur calendrier local uniquement le 27 août, soit dans plus de 50 jours.

 

« La Santé publique va regarder le tout dans les prochaines semaines. Mais si les bonnes nouvelles se poursuivent, j’espère qu’on puisse jouer devant un stade plein. C’est notre objectif. Je suis convaincu que nos joueurs le souhaitent également. J’espère recevoir de bonnes nouvelles prochainement », a commenté Maciocia sur le dossier piloté par le président du club, Mario Cecchini.

 

Une chance que les Alouettes ont renfloué les ressources canadiennes sur la ligne offensive

 

Bien sûr, les sujets de football étaient aussi nombreux durant cette disponibilité médiatique avec Maciocia, l’entraîneur-chef Khari Jones et le porteur de ballon William Stanback. Voici les éléments les plus importants à retenir.  

En premier lieu, Maciocia ne semble pas trop abattu par l’incertitude autour de Lauzon-Séguin qui devait occuper un rôle important sur la ligne offensive.  

« Le plan n’a pas changé. Je suis content qu’on ait été agressifs en signant plusieurs joueurs canadiens de ligne offensive. On a (Landon) Rice, (Philippe) Gagnon, (David) Foucault, (Samuel) Thomassin, (Kristian) Matte, (Sean) Jamieson ainsi que Patrick Davis et (David) Brown. Pour le ratio canadien, je pense qu’on est encore en bonne posture », a-t-il indiqué. 

« Mais on a toujours besoin d’une deuxième option, c’est là que les Tony Washington et (Chris) Schleuger entrent en action tout comme (Cole) Boozer, (Nick) Callender si jamais on change le ratio avec deux plaqueurs américains », a ajouté le DG. 

Si Maciocia a multiplié les démarches administratives, ça faisait du bien de voir que Jones n’avait pas perdu sa jovialité à la suite d’une interruption de cette durée. 

« J’essaie de ne pas avoir trop d’attentes. On ne peut rien prévoir, c’est un contexte totalement inconnu. On arrive avec un plan en tête, mais on veut pouvoir s’ajuster rapidement selon les besoins. De ce que je perçois, nos joueurs ont bien fait leur part, ils ont été en mesure de s’entraîner », a déclaré l’entraîneur-chef. 

« J’essaie de trouver du positif dans tout. Oui, on n’a pas joué en 2020, mais on n’a pas cessé de travailler. Danny a été très occupé pour signer des joueurs, on communiquait ensemble presque tous les jours pour disposer de la meilleure équipe. Je suis content du travail accompli même si on n’était pas sur le terrain. J’ai vraiment hâte de voir nos joueurs sur le terrain », a enchaîné Jones qui voit son club poursuivre sur sa lancée de 2019. 

Pour que son souhait se concrétise, le quart-arrière Vernon Adams fils devra afficher autant, sinon plus, d’aplomb. Il sera à ses côtés pour lui éviter une léthargie. 

« La meilleure façon dont je peux contribuer, c’est de l’aider à éviter les pièges. Mais Vernon est concentré, il est prêt à jouer et il veut démontrer à quel point il peut être bon comme quart. On n’a qu’effleuré la surface avec ce qu’il peut accomplir », a maintenu Jones qui a un immense vécu à lui partager à cette position. 

« Le plus grand piège demeure de penser que tu as tout compris et tu arrêtes alors d’apprendre et de te développer. Les autres équipes identifient tes faiblesses et elles abondent avec des stratégies dans ce sens. À moins de travailler sur tes points faibles, tu régresses », a reconnu Jones sur le défi qui attend Adams fils. 

Des batailles auront lieu à une panoplie de postes, mais les luttes les plus coriaces se dessinent sur la ligne défensive et au poste de secondeur intérieur (pour remplacer Henoc Muamba) selon Maciocia. Ça promet aussi du côté des receveurs et même chez les botteurs qui seront cinq, et peut-être six, à rivaliser d’adresse. 

Stanback juge avoir été libéré en raison du décès de ses parents

Libéré par les Raiders de Las Vegas à la fin août 2020, Stanback avait déjà raconté qu’il n’avait pas obtenu une véritable chance avec cette organisation. Les effets de la COVID-19 et du décès de son père et sa mère dans un intervalle de neuf jours ont compliqué la donne. 

Près d’un an plus tard, Stanback est allé encore plus loin dans sa conclusion. 

« J’ai dû manquer deux semaines du camp en raison des funérailles de mes parents. Quand j’ai quitté, ils ont ajouté un vétéran, mais il a été libéré à mon retour donc j’ai pensé que j’aurais l’occasion de me battre pour un poste. Après un certain temps, les entraîneurs me parlaient moins », a exposé Stanback.  

« Quand j’ai parlé aux entraîneurs, ils ne m’ont pas donné une raison légitime. J’ai fini par conclure qu’ils m’ont libéré en raison du décès de mes parents », a-t-il lancé.  

Stanback était aussi fort déçu de ne pas avoir eu la chance de parler la décision avec Jon Gruden. Ce dernier l’avait pourtant épaulé quand il avait appris le décès de ses parents. 

Pour terminer sur une note positive, Stanback a déménagé de New York à Atlanta à la fin décembre afin de mieux s’entraîner pour son retour avec les Alouettes. 

« J’ai tellement hâte de revenir à ce mode de vie du joueur de football alors que toute l’équipe pousse dans la même direction », a conclu Stanback qui s’entraînait souvent avec Antonio Simmons et Greg Reid fils.