MONTRÉAL – Même si les rênes de l’équipe ont été confiées à Jacques Chapdelaine, Kavis Reed et Darian Durant, le bilan de la première moitié de saison des Alouettes de Montréal s’écrit encore à l’encre rouge.

Parmi leurs premières décisions, Reed (le directeur général) et Chapdelaine (l’entraîneur-chef) ont décidé de se rapprocher d’un équilibre pour le ratio de joueurs américains et canadiens sur les unités défensive et offensive.

Ainsi, la défense montréalaise a perdu des ressources et son rendement n’a pas été aussi dominant que par le passé. Cependant, ce n’est pas l’unité à blâmer pour le décevant dossier des Oiseaux (3-6).

Les résultats les moins convaincants proviennent encore de l’attaque. Malgré l’ajout de Durant au poste de quart-arrière, les retombées demeurent insatisfaisantes. À preuve, les Alouettes se situent à l’avant-dernier rang pour les points marqués devant les Tiger-Cats de Hamilton.

Le travail dans la zone payante constitue un département problématique. Montréal affiche également la deuxième pire efficacité avec 39,1% (38,7% pour Toronto) alors que la moyenne de la LCF pointe à 57,9%.

Dimanche, Durant a admis au collègue Didier Orméjuste qu’il tentait de trop en faire sur le terrain ce qui explique sans doute son total de 10 interceptions, un sommet à travers la ligue. Inévitablement, les remontrances fusent vers lui.

« Qui me blâme? Je ne sens pas le blâme et je n’entends pas les critiques, mais je comprends pourquoi il y a des questions et pourquoi on pointe le doigt vers moi. Je sais que je commets trop d’erreurs et que ça nous place dans de mauvaises situations. J’en suis conscient. Mais, à l’interne, ce n’est pas juste à propos de moi, on commet tous des erreurs », a exposé Durant 24 heures plus tard.

Chapdelaine est arrivé au même constat à propos de Durant, mais il n’est pas le seul qui doit générer plus bénéfices.

« Je sais que des gars aimeraient en faire davantage et se retrouver plus en évidence. Il y a aussi des manques de constance au point de vue de certains joueurs », a convenu l’entraîneur sans vouloir identifier des joueurs.

Naturellement, Chapdelaine a tenu à surligner des aspects encourageants.

« Tout le monde regarde la fiche comparativement à l’an passé (7-11). Je le fais aussi, mais je regarde également les choses d’une manière différente. On s’est retrouvé dans des situations dans lesquelles le résultat aurait pu aller d’un côté ou de l’autre. En dépit de la fiche, j’essaie de voir si on poursuit notre progression et il y a de très bonnes choses. Ceci étant dit, on doit s’assurer d’être plus constants et tout en limitant les punitions et les erreurs », a détaillé l’ancien receveur.

Pas prêt à remplacer Durant

Lorsque les Blue Bombers ont pris les devants 10-0, jeudi soir, et que Durant a été victime de son deuxième revirement de la soirée - il a fini avec trois – Chapdelaine aurait pu songer à le retirer du match pour donner une chance à Drew Willy.

Mais il n’était pas prêt à poser ce geste et il s’en félicite.

Trop d'erreurs pour les Alouettes

« Ce qui est intéressant, c’est qu’on n’a pas fait comme à Toronto. Ce fut une chose très importante. C’est vrai, on n’a pas eu la victoire, mais les gars ont continué de combattre et faire une bonne production. C’était important de ne pas faire le changement pour cette raison », a-t-il expliqué.

« J’ai considéré toutes les options, mais je suis content de voir que Darian a remonté la pente. Sur le deuxième revirement (l’échappé provoqué par Maurice Leggett), c’est un receveur (Nik Lewis ou B.J. Cunningham) qui a manqué son bloc. Si j’enlève le quart sur une erreur d’un autre joueur, je ne sais pas si je fais la bonne chose », a précisé l’entraîneur. 

Le désir de vaincre est-il assez répandu?

Après le plus récent revers contre Winnipeg, Chapdelaine n’a pas mis de gants blancs dans une déclaration visant à vanter Nik Lewis qui venait de se hisser au premier rang de l’histoire pour les réceptions.

« Si on avait plus de joueurs avec un tel esprit compétitif, on n’aurait probablement pas cette fiche », a lancé Chapdelaine sans retenir le fond de sa pensée.

Ce commentaire soulève des questions sur le désir de vaincre de certains joueurs. Par exemple, on ne sent pas toujours que les receveurs (outre Lewis) se défoncent à tous les jeux sur le terrain. Après tout, Durant a besoin d’aide pour compléter ses passes.

Questionné à savoir si tous ses coéquipiers entretenaient une flamme de vaincre aussi ardente que lui, Tyrell Sutton a répondu ainsi.  

« Oui, je crois. Du moins, je l’espère. Je suis plutôt certain que c’est le cas. C’est plus une question de bien contrôler le tout pour l’utiliser de manière efficace. »

La question était pertinente pour Durant également. S’il pousse ses efforts trop loin, est-ce que les autres en font assez? Le vétéran de 35 ans essaie de s’en assurer par ses paroles et ses actions.

« Personne ne va dire qu’il ne donne pas tout sur le terrain. Mais le point est de leur dire d’en donner un peu plus, de tout laisser sur le terrain. C’est ma philosophie depuis toujours. J’ai été sorti du terrain sur une voiturette à la suite de blessures, je comprends à quel point c’est précieux de pouvoir jouer au football. Je dois dire aux gars qu’on ne sait jamais quand notre dernier jeu peut survenir donc il faut y aller à fond. On doit en faire un peu plus pour aider l’équipe », a-t-il proposé.

Le chapeau ne fait certainement pas à Sutton. Ce dernier ne se gêne pas quand il analyse le bilan de mi-saison de sa troupe.

« Bâclé (sloppy) ! On n’a pas compté assez de points pour gagner des matchs. On a perdu six matchs même si on a été dans le coup chaque fois sauf pour une exception. Il faut mieux exécuter et ça rapporte quand tu te soucies des détails », a cerné Sutton.

Bede est content, mais il a eu chaud

La flèche verte la plus imposante du bilan concerne le botteur Boris Bede qui s’est remis d’une saison difficile. L’athlète de 27 ans se classe parmi l’élite avec 20 placements réussis sur 22 tentatives.  

« Ça s’est bien passé, je suis content, mais il y a encore du travail à faire. Je pense aux trois aspects de mes bottés. Je peux améliorer la localisation du ballon sur les bottés d’envoi, la synchronisation et letiming sur mes placements et il y a encore du travail à accomplir sur les dégagements », a-t-il relevé.

La satisfaction était plus vive grâce au placement de 48 verges, achevé de justesse, pour provoquer la prolongation jeudi soir.

« Il fallait rendre ça intéressant », a commenté Bede en souriant sur ce botté qui a frappé le poteau à droite.

« Pour moi, il n’y avait pas tant de vent que ça. J’ai vu le ballon partir au milieu et là bizarrement, il a comme freiné et commencé à tomber tout en partant sur la droite. J’étais comme ‘oh, oh’. À ce moment, mon pied a été touché par un adversaire donc j’ai tourné sur moi-même si bien que je n’ai pas vraiment vu si le ballon avait passé. J’ai vu le retourneur monter haut donc je pensais que j’étais arrivé à court puis j’ai vu l’arbitre lever les bras à ma surprise. Je n’ai pas pu faire ma célébration de circuit tellement j’ai été surpris », a raconté Bede qui s’attend à une meilleure production de ses amis des unités spéciales en deuxième moitié de saison sur les retours.