Cinq éléments ont retenu mon attention lors de la dernière semaine d'activités dans la Ligue canadienne de football et c'est un plaisir de les partager avec vous.

Une nette progression pour Manziel

La progression démontrée par Johnny Manziel était agréable à voir, samedi contre le Rouge et Noir d’Ottawa. Après son premier départ plutôt pénible contre les Tiger-Cats de Hamilton, on se demandait tous comment lui et les Alouettes allaient rebondir. J’ai été agréablement surpris. Sa progression a été encore plus grande que ce à quoi je m’attendais.

Le plan de match était taillé sur mesure à ses forces. On voulait courir pour mieux passer et les Alouettes ont bien établi cela. Tyrell Sutton a offert de bons gains en premier essai et les passes en deuxième essai étaient beaucoup plus faciles à gérer qu’au dernier match où il fallait tenter le long jeu.

Les passes qu’on demandait à Manziel étaient plus courtes et plus faciles à réaliser. Par exemple, la toute première passe qu’on lui a demandé d’effectuer était une passe piège rapide dans le flanc. On a voulu bâtir sa confiance avec des jeux à haut pourcentage de réussite.

Le plan de match était bien choisi et la performance des Alouettes leur a permis de demeurer dans le coup tout au long de la rencontre. Les entraîneurs ont donc pu continuer de suivre ce qui avait été établi, ce qu’on n’a pas pu faire contre les Tiger-Cats de Hamilton, il y a une semaine.

Manziel jouait avec beaucoup plus d’aplomb, de confiance et il semblait beaucoup plus en contrôle de la situation. Je dois noter par contre qu’après le touché inscrit par les Alouettes après une longue course sur laquelle il a solidement été frappé, Manziel n’a pas été le même.

Je ne veux pas m’embarquer dans le protocole de commotion cérébrale, mais on l’a relancé dans la mêlée par la suite et il ne semblait plus être le même joueur. Il semblait moins en contrôle, ses passes manquaient de mordant et de vélocité. Après ce coup, on n’a pas retrouvé le même Johnny Football qu’au début du match.

Somme toute, sa progression était très bonne et les choses sont encourageantes avec lui. Je dois souligner également le travail de la ligne à l’attaque qui a été plus solide que j’aurais pensé malgré une huitième combinaison différente en autant de matchs, ce qui dénote clairement une progression au niveau de l’attaque.

Pas de progression en défense

Si on dénote une progression offensive, on ne peut malheureusement pas en dire autant de l’unité défensive. La décision surprise de Mike Sherman de ne pas mettre Tommie Campbell en uniforme pour une raison personnelle qui demeure floue est difficile à comprendre. On a cloué au banc notre meilleur demi défensif et on a une tertiaire absolument rapiécée sur le terrain.

Joe Rankin disputait son premier match avec les Alouettes alors qu’il même n’était pas là depuis une semaine. Tyquwan Glass disputait son huitième match en carrière dans la LCF. Dominique Ellis disputait son troisième match comme maraudeur avec les Alouettes alors qu’il évolue habituellement comme demi défensif ou secondeur. T.J. Heath disputait son deuxième match avec l’équipe comme demi défensif du côté court et Branden Dozier, qui joue habituellement comme secondeur, évoluait à la position de demi de coin du côté court, une position à laquelle il n’avait jamais jouée ni même pratiquée depuis qu’il évolue avec les Alouettes.

La tertiaire avait donc énormément de nouveauté, peu de chimie et ç’a donné les résultats auxquels on pouvait s’attendre. Trevor Harris a récolté 487 verges de gain par la voie des airs, un pourcentage de passes complétées de 81,5 %.

Si la marque était serrée, c’est simplement parce que les Alouettes ont réussi à effectuer des gros jeux à des moments importants. Cinq revirements dans le match, mais sinon on peut dire que Trevor Harris a taillé en pièces la tertiaire des Alouettes. On ne voulait pas donner de gros jeux et on lui a offert les zones courtes. Un jeu d’enfant pour Harris.

Les Alouettes devront apporter énormément de changements dans la tertiaire si on veut être compétitif, car on ne pourra pas donner autant de terrain à l’adversaire à moins de créer cinq ou six revirements par rencontre, ce qui a peu de chances d’arriver.

Duron Carter, pas une solution pour les Alouettes

Je suis surpris de la décision des Roughriders de libérer Duron Carter. Il est l’un des meilleurs athlètes de la Ligue canadienne de football et est considéré par plusieurs comme le meilleur receveur du circuit.

Carter a été utilisé de façon très curieuse en Saskatchewan cette saison. Il est devenu demi défensif quand le demi défensif du côté court Nick Marshall s’est blessé et clairement l’expérience n’a pas fonctionné.

Malgré tout, on est demeuré avec cette formation et lors du dernier match on l’a remis du côté offensif puisque Marshall était de retour. On ne lui a pas vraiment donné la chance de se mettre en valeur et un peu hors de nulle part, les Roughriders annoncent qu’on libère Duron Carter.

Il semble même que Carter aurait appris la nouvelle par des coéquipiers qui lui ont envoyé des messages textes pour savoir ce qui se passait avec lui et pour savoir s’il faisait toujours partie de l’équipe. Il aurait dû contacter Chris Jones pour savoir ce qui en était.

Situation plutôt inusitée puisque Jones était très proche de Carter et les deux hommes se rencontraient de façon quotidienne l'an dernier. Cette saison Jones voulait lui laisser plus de latitude en affirmant qu’il était plus mature. Toutefois à la conférence de presse de Chris Jones, les réponses quant au départ de Carter étaient nébuleuses. Il semble vraiment y avoir anguille sous roche dans cette histoire. On ne sait pas s’il y a eu des problèmes à l’extérieur du terrain, mais c’est très curieux de voir un joueur clé se faire libérer sans explication en plein milieu de saison.

Pour l’instant on rapporte qu’il y a quatre équipes intéressées, dont les Alouettes, mais pour ma part, je ne crois pas que ce serait un très bon mariage. Carter est un joueur qui nécessite beaucoup de gestion, qui doit constamment être surveillé, rassuré, qui peut faire des crises de vedettes. Dans la situation actuelle des Alouettes, malgré qu’il soit extrêmement talentueux, je ne crois pas que ce serait bonne mise sous contrat puisque Montréal est une équipe qui se cherche. L’arrivée d’un joueur comme ça ne pourrait amener que des problèmes. Si Chris Jones n’a pas été capable de le contrôler, je doute que Mike Sherman soit en mesure de le faire.

Adam Bighill, la surprise de la saison

Un joueur qui me surprend beaucoup dans la LCF jusqu’à présent cette saison est Adam Bighill. Joueur autonome après plusieurs saisons avec les Lions de la Colombie-Britannique, il avait tenté sa chance dans la NFL puis est revenu, mais s’est joint aux Blue Bombers de Winnipeg plutôt qu’à son ancienne équipe.

Bighill s’avère être une des meilleures mises sous contrat de la saison morte. Il est premier pour les plaqués dans la Ligue avec 49, deuxième avec deux interceptions. Encore une fois cette semaine, il a brillé avec sept plaqués, un sac du quart et une échappée provoquée contre les Tiger-Cats. Il a été une des raisons importantes de la victoire des Bombers sur Hamilton.

C’est vraiment un joueur agréable à voir qui peut tout faire sur le terrain. Il n’est rien de moins que mon candidat pour le joueur par excellence en défense depuis le début de la saison.

La jeune défense des Lions impressionnante

Malgré un dossier de trois victoires et quatre défaites, l’unité défensive des Lions de la Colombie-Britannique m’impressionne beaucoup. Cette brigade est de plus en plus impressionnante. Durant l’entre-saison on a fait un gros virage du côté de la Colombie-Britannique. Beaucoup de nouveaux joueurs, beaucoup de jeunes joueurs et malgré tous ces changements, on parvient à bien évoluer sur le terrain.

Les Lions ont alloué plus de 400 verges aux attaques adverses à une seule occasion en sept rencontres. La semaine dernière la défense est la raison principale pourquoi les Lions ont battu les Eskimos d’Edmonton. La brigade défensive a accordé 345 verges au total, mais surtout ce qu’on a réussi à faire c’est de créer des gros jeux aux gros moments.

Les Lions ont réussi une interception importante en fin de match et constamment durant la rencontre, Mike Reilly était aux prises avec de la pression dans le champ-arrière. Quand tu es capable d’appliquer de la pression constante sur un quart adverse, ton équipe va connaître du succès en défense. Les jeux explosifs sont très limités et c’est une défense qui pourrait continuer à progression tout au long de la saison et qui pourrait devenir l’identité de cette équipe et surprendre en fin de saison.

*Propos recueillis par Guillaume Pelletier