MONTRÉAL – Ça faisait longtemps qu’il y avait autant d’émotions dans l’air au stade Percival-Molson. On en cherchait pratiquement les caméras d’un studio de cinéma tellement le scénario était parfait pour la sortie de Luc Brodeur-Jourdain, un chouchou du public.

Alors que sa prestation offensive devait être terminée à la suite de la première séquence des siens, une blessure a incité les entraîneurs à le renvoyer dans la mêlée à partir du troisième quart et il a répondu avec brio aidant les siens à arracher une victoire face aux puissants Tiger-Cats de Hamilton.

En entrevue avec le collègue Didier Orméjuste après la partie, Brodeur-Jourdain a fondu en larmes au moment de remercier la foule qui continuait de l’inonder de son amour comme ce fut le cas dès le début de la soirée.

« C’est l’expérience d’une vie, je n’aurais jamais cru pouvoir vivre ça. C’est un scénario que je n’aurais pas pu écrire », a confié l’homme à l’esprit vif et l’imagination fertile.

Pendant que des dizaines de personnes de son entourage, dont sa femme et ses enfants, l’attendaient dans les gradins, LBJ ne cessait de recevoir des accolades et des félicitations des joueurs et des entraîneurs des deux équipes.

Une fois rentré dans le vestiaire, son coéquipier de la ligne offensive, Tony Washington, s’amusait à crier ‘One more year !’ Plus on y pense, plus cette idée n’est pas si farfelue. Après tout, la ligne offensive a connu l’une de ses meilleures prestations depuis un certain temps et Brodeur-Jourdain a contribué à cela. Interrogé sur cette possibilité, sa réponse voulait tout dire.

« Je vais garder le même discours toute ma vie : si l’équipe a besoin de moi, je vais être là », a dit le Québécois de 36 ans qui accroche ses crampons pour laisser plus de place à la relève.

« J’ai vraiment eu du plaisir. Je n’ai pas tant savouré le moment parce que je devais me concentrer, mais je suis tellement reconnaissant de cette occasion. C’est si spécial de vivre ça », a-t-il ajouté. 

C’est la gravité de la blessure de Sean Jamieson devrait déterminer la suite des choses.

Dans son rôle d’entraîneur-chef, Khari Jones a vécu cette soirée d’adieu de Brodeur-Jourdain de très près.

« C’était vraiment spécial, la plupart des départs à la retraite ne se déroulent pas comme celui-ci ! On parle d’un athlète qui peut encore jouer et il a eu la chance de le faire. Il est revenu dans la partie et c’était bien de voir ça. C’est une merveilleuse personne et un bon joueur de football. On va manquer cette dimension de lui, il ajoute du fire à une équipe », a décrit Jones.

Kristian Matte, le grand ami et partenaire de LBJ sur la ligne offensive, a admis d’emblée que cette soirée spéciale avait procuré une énergie supplémentaire.

« Je pense que c’est quelque chose d’incroyable d’être en mesure d’avoir tout ce temps de jeu à ton dernier match. Le voir dans la mêlée pour le début du match a augmenté notre désir de l’emporter », a-t-il lancé.

Situé dans le coin défensif du vestiaire des Alouettes, John Bowman se régalait de cette victoire.  

« Autant qu’on voulait gagner pour Luc, autant qu’on voulait l’emporter pour le bien de l’équipe. C’était une superbe coïncidence que ça se produise en même temps. Il a tellement eu une belle carrière. Mon jumeau est ici pour la première fois en 14 ans, je crois que je vais devoir le faire déplacer des États-Unis pour chaque partie », a souligné l’ailier défensif.

Attention, Stanback a lancé un avertissement

Si la victoire était dédiée à Brodeur-Jourdain, elle a été signée par William Stanback avant tout. Le porteur de ballon avait démontré de très belles choses depuis son arrivée avec la formation montréalaise, mais il a exposé tout son talent cette fois-ci.

« On savait tous qu’il pouvait connaître des matchs comme celui-ci. C’était juste merveilleux de le regarder aller. Il est tellement rapide et puissant », a vanté Vernon Adams fils.

« On a vu tout ce qu’on pensait qu’il pouvait être comme joueur. Il ne va que devenir meilleur, c’est épeurant. Je ne veux rien enlever à ligne offensive qui a connu une belle soirée, mais il a cette coche de plus en lui pour s’imposer », a renchéri Jones.

Très souvent axé vers les clichés pour demeurer humble, Stanback s’est exprimé avec plus d’ouverture quand on lui a demandé s’il avait prouvé à quel point il peut être un outil déterminant pour le club avec cette prestation.  

« Oui, je l’espère. Je sais que j’ai échappé un ballon et je dois travailler là-dessus, mais les gars m’ont permis d’oublier ce jeu », a-t-il reconnu avec conviction.

Le reste de son message s’adressait au reste de la Ligue canadienne de football.

« Ne nous prenez pas à la légère, vous ne savez jamais ce qui peut se produire », a-t-il conclu.

Analyse de la première victoire de la saison des Alouettes
« Ce n'était pas une journée comme les autres. »

 

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