La LCF a dévoilé lundi l’identité des nouveaux propriétaires des Alouettes de Montréal, Gary Stern et Sid Spiegel, deux entrepreneurs ontariens.

D’entrée de jeu, je suis très content que ce dossier soit conclu car il traînait depuis trop longtemps. On a finalement de nouveaux propriétaires et on peut maintenant aller de l’avant, c’est une excellente nouvelle. J’ai retenu quelques points en particulier à travers la conférence de presse d'aujourd'hui. Je m’y attendais, il y a eu du positif mais aussi un peu de négatif.

« Gary Stern semble être parfait pour ce poste »

J’ai eu une bonne première impression de Gary Stern. C’est un gars qui a un franc-parler, qui a l’air ambitieux, qui est un fan de la Ligue canadienne de football. Il semble vouloir investir pour amener cette équipe vers la respectabilité et pour qu'elle soit traitée comme une équipe professionnelle avec des infrastructures professionnelles et des moyens financiers dignes de ce nom. C’est très intéressant de voir ça. Il vient du monde des affaires, il dit les vraies choses et il a émis des commentaires parfois comiques. Il a commencé la conférence en disant qu’il n’était pas tout à fait à l'aise, mais je trouve qu'il a pris confiance très rapidement. Il a une bonne colonne et il donne l’impression d’être un homme d’affaires aguerri même si on ne le connaît pas trop. Je peux dire que le personnage semble attachant.

Je constate cependant quelques aspects négatifs. Son beau-père et partenaire d’affaires Sid Spiegel n’était pas présent lors de l’annonce. S’il avait une urgence familiale, on peut très bien comprendre, mais ça aurait été le fun de le voir.

C’est aussi dommage de ne pas voir quelqu’un du Québec prendre les rênes de l'organisation. Je pense que le Québec inc. est assez fort et qu’il y a assez de gens et de personnalités fortes pour pouvoir acheter les Alouettes. Ça aurait été agréable de voir quelqu’un de local acheter l’équipe, ça aurait été un gros plus. Mais on n’était pas à table lors des discussions avec le commissaire Randy Ambrosie pour comprendre exactement tout ce qui s’est passé et pourquoi les candidats du Québec n’ont pas été retenus. Il semble dire qu’ils n’avaient pas assez de ressources, ce dont je doute, et que la formation de groupes d’investisseurs était trop compliquée. C’est plate, mais pour moi ce n’est pas non plus la fin du monde. Les Wetenhall ont été propriétaires longtemps et ç’a quand même bien fonctionné. Ce sont des gens qui financent l’équipe et non pas ceux qui la dirigent au quotidien. On espère que ceux-ci viendront de chez nous.

Un autre point soulève des questions. Stern se dit fan de la Ligue canadienne, mais si c’est le cas et que tu suis moindrement les actualités du circuit, tu sais que l’équipe est à vendre depuis longtemps. Pourtant, il dit l’avoir seulement appris le jour du match de la Coupe Grey par l’intermédiaire d’un ami qui fait partie du groupe de propriétaires des Argonauts de Toronto. De plus, il n’a jamais visité le stade Percival-Molson.

J’apprécie beaucoup Randy Ambrosie, j’ai toujours eu une relation cordiale avec lui, c’est un bon professionnel et un bon commissaire. Mais dans ce dossier, il y a beaucoup de choses qui clochent et que je n’ai pas comprises. Je ne sais pas trop comment a été gérée cette histoire. Il a dit aux médias au début du point de presse qu’il aurait aimé leur en dire plus au cours du processus, mais pour être franc, il ne nous a pas éclairés davantage aujourd’hui. Je ne veux pas dire que je ne crois pas ce qu’il raconte, mais je n’embarque pas nécessairement dans toutes ces histoires. Ambrosie était assis avec nous en entrevue pendant la Coupe Grey le jour où Gary Stern a appris que les Als étaient à vendre. Il nous a dit qu’il négociait avec un groupe d’acheteurs, qu’il était confiant que c’était le bon groupe et que le dossier se réglerait. Il ne s’agissait clairement pas de Stern à ce moment. Que s’est-il passé avec ce groupe? Avec les Lenkov? Et tous les autres? Pourquoi Stern/Spiegel formaient-ils soudainement LE bon groupe alors que 9-10 autres se sont présentés l’année d’avant, sans succès. Le poste de commissaire en est aussi un politique, et on a obtenu beaucoup de réponses politiques de sa part. Je pense qu’on ne saura jamais vraiment le fond de l’histoire. On a simplement hâte de voir ce que ça va donner pour la suite.

Le fait français et les embauches à venir

Stern a été clair, le prochain président parlera français. C’est bel et bien un critère important. Si le président ne parlait pas français, ce serait problématique. J’ai joué dans cette ligue et je la couvre aujourd’hui, et je peux compter sur les doigts de ma main le nombre de discussions que j’ai eu avec Robert Wettenhall. C’est un gars qui gère de l’argent, ce n’est pas quelqu’un avec qui on entretient des discussions. C’est plutôt avec le président et le directeur général que ça se passe. Ce sont surtout dans ces postes qu’on veut voir des gens locaux, même si idéalement ça aurait aussi été le cas au niveau des proprios. Ça me rassure tout de même un peu de savoir que pour Stern, le fait français est important.

« Le prochain président parlera français »

Stern n’a toutefois pas dit grand-chose sur les prochaines embauches qui s’en viennent. Il a dit qu’il recherchait des gens de qualité, d’expérience, qui sont en mesure de faire rayonner cette équipe. Il a donné des définitions très larges. Il a dit qu’il a déjà entamé le processus, qu’il allait rencontrer encore quelques candidats mais qu’il allait réduire la liste de candidats potentiels dès demain soir parce qu’il souhaite en venir à une décision d’ici la fin de la semaine. C’est rapide, mais des candidats intéressants pour les deux postes, il n’y en a clairement pas une tonne.

Ce sont deux postes clés. De par le fait qu’ils ne font pas vraiment affaire au Québec, les nouveaux proprios ne connaissent pas tous les partenariats corporatifs au Québec (loges et cie), donc il faut avoir en place quelqu’un qui a ce réseau-là. Il faut que le profil du président englobe un bon réseau d’affaires, qu’il connaisse les entreprises québécoises, qu’il soit habitué de travailler avec le Québec inc. Pour le DG, la recherche a été très difficile au cours des derniers mois alors que Patrick Boivin menait la charge. Est-ce que ça va ramener de l’intérêt pour quelques candidats maintenant qu’on connaît les nouveaux propriétaires et qu’on a une meilleure idée de la direction de l’équipe? On l’espère.

« On veut nommer un DG et un président d'ici vendredi »

Autre dossier extrêmement important : les nouvelles infrastructures. Sans avoir de plan précis, surtout étant donné que Stern n’a jamais visité le stade et qu’il doive encore visiter les installations au stade olympique et les bureaux administratifs au centre-ville, il semble clair qu’il veut amener le club à la fine pointe de ce qui se fait dans la ligue et dans le sport professionnel. Ça implique d’avoir un complexe d’entraînement adéquat, parce que ça n’a pas de sens de pratiquer à trois endroits différents. C’est un non-sens depuis des années. Ce club a besoin d’un domicile fixe, d’un complexe où tout le monde peut être réuni sous le même toit et être sur la même page. Malgré tout, les Alouettes ont quand même réussi à une certaine époque à gagner des Coupes Grey. Quand je jouais, on prenait un autobus jaune pour aller pratiquer un peu partout, au campus de Concordia, au complexe Brossard du Canadien de Montréal, au stade Hébert de St-Léonard...

Les locaux dans les bas-fonds du stade olympique sont désuets, avec des murs de béton et aucune fenestration. Si tu veux amener l’équipe à jour, tu n’as pas le choix d’investir dans un complexe. Stern a dit que c’était dans les plans, mais ça ne se fera pas tout de suite. Non seulement ça, mais il a dit que ce ne sera pas lui mais bien le prochain président et le prochain DG qui y travailleront. Le prochain président fait mieux d’avoir les reins solides et j’espère qu’on va le rémunérer à sa juste valeur parce qu’il va avoir beaucoup de pain sur la planche : trouver un complexe de pratique, piloter les nouveaux partenariats, etc. Dans le cas du DG, il faut régler ça vite parce que le marché des joueurs autonomes s’ouvre le 15 février. Avant d’arriver là, il faut faire une bonne évaluation de l’ensemble des joueurs de la ligue qui deviennent libres et faire une évaluation de nos joueurs en plus de préparer les joueurs américains qu’on veut mettre sous contrat. Il reste encore beaucoup de travail à faire pour les personnes qui vont être embauchées chez les Alouettes.

 

* Propos recueillis par Audrey Roy

« C'est le début d'une nouvelle ère à Montréal »
« Pourquoi pas les Argos? Parce qu'ils ne sont pas bons! »
« Sid et moi n'allons pas décevoir le Québec »