Je commence mon tour d’horizon avec la défaite que je qualifierais de gênante des Alouettes devant les Stampeders de Calgary.

 

Ce qui retient mon attention dans ce revers de 28-22, c’est la façon dont les Alouettes se sont écroulés devant l’adversité. L’équipe a connu quelques moments difficiles, s’est fait brasser peut-être un peu plus qu’elle le croyait, mais le thème du match demeure l’indiscipline comme l’a relevé mon collègue Pierre Vercheval dans sa chronique. Les Alouettes ont écopé de 18 pénalités! C’est énorme! Ils ont ainsi concédé 149 verges avec ces infractions aux Stampeders. Certaines des pénalités étaient en raison d’un manque de concentration avec notamment des hors-jeux à la porte des buts. Il y a aussi eu des coups donnés après le sifflet, donc ça n’avait pas lieu d’être.

 

Je qualifie aussi cette défaite de gênante, car c’était une occasion en or pour les Alouettes de compléter le balayage en Alberta après un gain à Edmonton. La défense des Alouettes était opposée à un quart recru et même s’il a bien fait, surtout dans la deuxième portion du match, il demeure une recrue. Les Stamps avaient également deux bloqueurs remplaçants sur la ligne à l’attaque.

 

L’unité défensive de Calgary était aussi amochée alors qu’il manquait leur meilleur chasseur de quart, Shawn Lemon, le deuxième s’est blessé durant le match, tout comme un plaqueur. Tous les ingrédients étaient là pour que les Alouettes gagnent la guerre des tranchées, mais c’est Calgary qui a eu le dessus.

 

Je ne peux passer sous silence l’interception de Vernon Adams fils à la porte des buts alors que les Alouettes menaient 14 à 3. Une passe qu’il n’aurait jamais dû lancer. Le momentum a complètement changé par la suite et les Montréalais n’ont pas su réagir.

 

Parlant d’Adams, ce dernier a connu un match très difficile. À un certain moment du match, il semblait ennuyer par une blessure à la main. Si tel est le cas, on pourrait comprendre son manque de précision. C’est donc un retour sur terre pour les Alouettes après les louanges à la suite du match contre les Elks. Ce n’est pas catastrophique pour la saison, mais on voit qu’il y a plusieurs éléments à corriger et ce doit être un son de cloche pour réveiller les troupes.

 

Deux réalités chez le Rouge et Noir

 

Il existe deux équipes à Ottawa. Le Rouge et Noir a d’un côté une attaque complètement anémique alors que sa défense impressionne depuis le début de la saison.

 

Dans la défaite de 23 à 10 contre les Roughriders de la Saskatchewan, on a encore vu la ligne à l’attaque connaître des ennuis. Elle a porté son total de sacs accordés à 11 cette saison alors que les Riders en ont réussi six lors de la troisième semaine d’activités. Ce n’est pas seulement une question de sacs du quart, mais le quart-arrière fait face à une pression constante de ses adversaires alors que la pochette ne tient pas le coup. Matt Nichols n’est pas en mesure de compléter son geste de passe sans être gêné. Il faut dire en plus que Nichols n’est pas un quart mobile, donc il a besoin d’avoir de l’espace dans sa pochette.

 

On a donc les résultats actuels alors qu’après avoir inscrit 16 points lors de la première semaine, dont un touché défensif, l’attaque du Rouge et Noir n’a marqué que 10 points samedi.

 

Je dois lever mon chapeau à la défense de cette équipe qui a eu beaucoup de changements, mais le travail est accompli brillamment. Il y a les retours d’Avery Williams comme secondeur intérieur et Antoine Pruneau comme maraudeur qui aident certainement. Le front défensif de cette équipe, avec les secondeurs, est très rapide et je m’attends à des matchs à bas pointage pour le Rouge et Noir.

 

Pour l’avoir vécu durant ma carrière, lorsqu’une seule unité fonctionne au sein d’une équipe, il faut faire attention pour ne pas se pointer du doigt dans le vestiaire. Ce sera à surveiller dans les prochaines semaines à savoir si la frustration gagne les joueurs défensifs si l’attaque ne peut trouver ses repères.

 

Les Elks ont compris le message

 

La semaine dernière, j’avais soulevé à quel point les Elks d’Edmonton n’avaient pas été en mesure de mettre en valeur leurs joueurs vedettes. Il faut croire que l’organisation a aussi vu cette réalité et a pris les grands moyens pour y remédier.

 

Le receveur Greg Ellingson a été utilisé à outrance contre les Lions de la Colombie-Britannique. Les entraîneurs ont multiplié les stratégies pour que le receveur attaque la défense de plusieurs façons.  On lui a donné des jeux à chacune des cinq positions consacrées aux receveurs ainsi qu’en lui donnant la chance de prendre des départs lancés.

 

Ils ont profité aussi de confrontations avantageuses pour refiler le ballon à Ellingson comme il était souvent opposé au demi de coin du côté large Jalon Edwards-Cooper. C’est la loi de la jungle, alors que tant qu’un joueur est supérieur à son couvreur, l’équipe va continuer à exploiter cette confrontation jusqu’à ce que l’adversaire s’ajuste.

 

Au terme de son match, Ellingson a amassé 148 verges en neuf attrapés sur 10 ballons lancés dans sa direction. Les 148 verges du receveur représentent exactement la moitié de la production aérienne du quart Trevor Harris qui a conclu avec 296 verges. Il faudra voir si les autres équipes parviendront à s’ajuster pour freiner cette combinaison.

 

Mike Miller décroche un record impressionnant

 

Un nouveau record a été établi sur les unités spéciales, alors que Mike Miller des Blue Bombers de Winnipeg a réalisé trois plaqués durant la fin de semaine afin de se retrouver au sommet à ce chapitre dans l’histoire de la Ligue canadienne avec un total de 192. Il a brisé le précédent record appartenant à Jason Aragki à son 161e match.

 

Sur le plan des statistiques, c’est tout simplement incroyable, alors que pour mettre en perspective, il s’agit de 1,2 plaqué sur les unités spéciales par match. Pour avoir joué dans cette facette du jeu pendant touta ma carrière, je peux dire à quel point c’est difficile d’en obtenir juste un par rencontre, alors que Miller a été capable d’en faire sa moyenne avec des rencontres parfois de trois ou quatre plaqués.

 

Ce n’est pas possible sur les unités spéciales d’attribuer les plaqués à un seul joueur dans les stratégies, donc il parvenait sans cesse à se démarquer, même si les équipes adverses devaient le doubler en raison de son efficacité. Celui qui a entamé sa carrière avec Edmonton a réussi tout un exploit et je tenais le souligner.

 

Je vous offre mes félicitations

 

Mon dernier point ne concerne pas la Ligue canadienne, mais bien tous les jeunes joueurs, les parents, les entraîneurs et tous ceux qui s’impliquent au sein du football amateur. Nous savons combien la dernière année a été difficile pour tout le monde. Pour ces jeunes, ils ont été privé de leur sport, tant en compétition qu’à l’entraînement. Des jeunes qui carburent au plaisir que leur procure ce jeu.

 

Ces étudiants athlètes, ont besoin de bouger depuis leur petite enfance. Ils ont besoin de bouger non seulement pour se sentir bien dans leur corps, mais dans leur esprit aussi. Après une année difficile pour les jeunes footballeurs du Québec, leur sport recommence enfin.  Les camps d’entraînement sont en cours dans plusieurs écoles, cégeps et universités du Québec. Certains chanceux ont eu la chance de jouer des matchs intraéquipe et même hors concours contre de vrais adversaires!!

 

Je voulais donc féliciter ces jeunes qui ont traversé cette épreuve, la plupart du temps seul, mais qui ont malgré tout su garder le cap. Je vous souhaite une excellente saison et encore une fois, félicitations à tous!

 

Propos recueillis par Maxime Tousignant