MONTRÉAL – Au cours des sept derniers matchs, la défense des Alouettes de Montréal a dissipé les doutes qui persistaient depuis le début de la saison. L’unité du coordonnateur Barron Miles a réduit de sept sa moyenne de points alloués par rencontre durant cette séquence.

Jusqu’à la fin septembre, les Alouettes concédaient 25,67 points par partie comparativement à 18,86 points par la suite. Sans vouloir taper de nouveau sur ce clou, ce retour en force coïncide avec le congédiement de Todd Howard qui supervisait la ligne défensive.

Son départ a relancé le front défensif et c’est bien connu, au football, que la pression exercée sur le quart adverse facilite la vie du reste de la défense.

Lors des dernières années, les Alouettes misaient la plupart du temps sur un pilier qui récoltait les plaqués à la pelle. On n’a qu’à penser à Henoc Muamba, Bear Woods ou Chip Cox.

Cette fois, il s’agit véritablement d’un travail collectif inspirant maintenant que l'indiscipline a été évacuée. On y trouve bien quelques meneurs de premier plan comme le secondeur Patrick Levels, le plaqueur Almondo Sewell ou le demi défensif Greg Reid, mais personne ne finira près du sommet des plaqués individuels dans la LCF. À vrai dire, le premier membre des Alouettes dans cette catégorie apparaît au 22e rang et c’est Reid avec 46 plaqués.

Mais la répartition du boulot est payante d’une autre manière. Les Alouettes dominent le circuit canadien autant pour les interceptions (17) que les sacs (45). Miles est enchanté par ce portrait dans lequel aucun joueur ne vole la vedette et que chaque athlète répond bien aux exigences.

« On essaie de pousser pour ça, on veut que les gars jouent à l’unisson. C’était le mot d’ordre avant le début de la campagne », a réagi Miles avec son seul élan de satisfaction.

Parce que le coordonnateur défensif des Alouettes refuse de tomber dans le panneau. Il ne veut pas crier sur tous les toits, surtout pas celui du Stade olympique, qu’il dirige une défense digne d’un championnat.

À sa première année dans ce rôle d’envergure, l’ancien joueur étoile se réfugit dans l’humilité. Mais son patron et ami, Khari Jones, peut bien se réjouir de son influence.

« Ce fut fantastique et plaisant de les voir grandir comme unité. De le voir aussi imprégner son identité à notre défense et de les faire jouer comme il l’avait envisagé au départ. Ce fut un peu ardu dans les premières semaines, mais ça arrive au football. Ça fait partie de la réalité de commencer dans ce poste avec un nouveau groupe de joueurs. Ça exige de la chimie. C’est agréable de voir comment la défense joue avec ténacité. J’en suis bien heureux », a confié l’entraîneur-chef.

Même s’il était blessé en début de saison, Levels a été le capitaine de cette refonte. Que ce soit un match ou un entraînement, il parle sans cesse à ses coéquipiers pour les encourager, les aiguiller, les éduquer et parfois les critiquer. Il savait que ça exigerait du temps.  

« On a finalement trouvé le bon rôle de chacun dans la défense. Avant, on luttait pour être sur le terrain. Il fallait identifier les forces et les faiblesses parce qu’on a plusieurs jeunes », a-t-il noté.

La défense a intégré une multitude de nouveaux partants par rapport à 2019. Au cœur de celle-ci, il y a le secondeur intérieur Ahmad Thomas qui devait chausser les souliers de Muamba sans avoir joué à cette position au niveau professionnel.

« Il voulait prouver qu’il méritait plus de reconnaissance. Je lui ai dit plusieurs fois qu’il est rendu et que, dans deux ans, il verra à quel point il sera meilleur et qu’il aurait pu l’être. Souvent, il croit tout comprendre et je lui dis qu’il doit se concentrer sur les petits détails et non le portrait global. Je lui ai dit qu’il a grandi et qu’il voit plus de choses, il progresse à chaque match », a décrit Levels avec sa franchise habituelle.

Quant à sa prise de bec avant l’autre secondeur partant, Chris Ackie, il assure que ce n’était qu’un malentendu entre deux grands compétiteurs.

« Il pensait que j’avais dit autre chose et j’ai été un peu trop passionné dans ma façon de m’exprimer », a précisé Levels sur l’incident survenu dans la défaite du 30 octobre contre les Roughriders.

Levels est heureux de l’évolution de l’unité, mais il ne se gêne pas pour dire qu’il aimerait se voir confier un blitz plus souvent.

« C’est ma première sous Barron et je lui rappelle que c’est l’une de mes forces. Quand j’obtiens le blitz, je trouve que quelque chose de bien survient la plupart du temps », a transmis Levels.

Le secondeur en a profité pour vanter l’apport de Greg Quick qui a ajouté les responsabilités de Howard à son mandat.

« Il est énergique comme un jeune de 22 ans! Ce n’est pas de la frime et je lui lève mon chapeau. Il a la même passion qu’un enfant de 6 ou 7 ans qui commence à jouer. Ça force les autres à égaler ce niveau », a plaidé Levels.

Murray expose la réussite de la défense

Najee Murray constitue un bel exemple de l’évolution de cette unité. Il a entamé la saison comme secondeur durant l’absence de Levels et il a perdu son poste de partant par la suite. Il a regagné un tel rôle comme demi de coin et il s’impose désormais comme demi défensif du côté large. Mine de rien, il mène les Alouettes au chapitre des interceptions avec trois.

« Il n’a pas les meilleures mains dans l’équipe, a taquiné Levels. Mais c’est l’un des joueurs les plus dédiés et intelligents avec lesquels j’ai pu jouer. On s’obstine parfois sur certaines situations, mais c’est bien agréable de jouer près de lui. Il comprend mon style et je le laisse jouer à sa façon. »

« Avant de le rencontrer, tout ce que j’entendais à son sujet, c’était qu’il était très intelligent. Les joueurs plus petits ont tendance à mieux comprendre le jeu et ils se placent dans de meilleures situations », a vanté Miles.

Murray est heureux de sa réussite, mais il avoue que ça n’a pas été facile.

« Ma saison ressemble à des montagnes russes. À travers mes trois années dans la LCF, j’ai acquis de l’expérience et je comprends mieux le jeu canadien. Barron est aussi un bon mentor qui m’aide à jouer plus vite », a raconté Murray qui avait quitté le programme d’Ohio State après une erreur de jeunesse.

Adams fils sait que de grandes décisions approchent

Blessé le 11 octobre lors du match contre le Rouge et Noir d’Ottawa, le quart-arrière Vernon Adams fils aurait pu reprendre l’entraînement cette semaine. Le bras gauche de l’athlète de 28 ans demeure toutefois immobilisé et il doit se contenter d’un rôle de soutien.

« C’est difficile. En tant que compétiteur, je voudrais jouer. Mais juste d’être sur le terrain, ça me réchauffe le cœur et ça fait du bien à mon moral d’être entouré de mes coéquipiers », a confié celui qui remplit différentes petites tâches pour aider les entraîneurs.

Alors pour ceux qui espéraient le revoir sous peu, la patience sera de mise. Peut-être pourra-t-il appuyer Trevor Harris si les Alouettes effectuent un long parcours éliminatoire. En attendant, il s’assure d’apprendre à ses côtés.

« Nos approches sont similaires, mais quelques trucs diffèrent et il me les apprend en me donnant des explications pour justifier ce qu’il fait. Ça m’incite à vouloir faire des choses autrement dans les prochaines années », a convenu Adams fils.

Quant à son avenir avec l’organisation, il comprend que des décisions importantes s’imposeront à propos de lui et Harris, deux hauts salariés. Mais on s’y attardera après la saison comme il le dit si bien.