On savait que la saison n’allait pas être facile du côté des Alouettes. Malgré la victoire peu conventionnelle et, disons-le, qui n’était pas la plus convaincante, signée en Saskatchewan, on avait hâte de voir comment les hommes de Mike Sherman allaient réagir contre le Rouge et Noir d’Ottawa avant de profiter d’une semaine de congé.

Finalement, ils quitteront avec une défaite de plus au compteur, mais ce que j’ai retenu de ce match, c’est la tenue de l’unité défensive. On soupçonnait que l’attaque n’allait pas être redoutable cette année, mais on avait peu de questions concernant la défense. On l’entrevoyait même comme l’une des unités élites du circuit. À la suite des premiers matchs de la campagne, on est en droit de se demander si ce sera le cas. Malgré tout le talent au sein du groupe de joueurs et la présence d’un coordonnateur défensif d’expérience en Rich Stubler, ça fait deux fois en trois semaines qu’elle accorde plus de 500 verges d’attaque. Les joueurs sont incapables de forcer l’attaque adverse à quitter le terrain soit en l’arrêtant ou en provoquant des revirements. Le résultat cette fois aura été une défaite de 28 à 18.

L’un des éléments qui m’a sauté aux yeux dans cette défaite, et la responsabilité revient ici aux joueurs, c’est le nombre de plaqués ratés. Les entraîneurs les positionnent à certains endroits avant que le ballon ne lève pour lancer le jeu, mais ensuite c’est aux joueurs d’exécuter. On voit trop de plaqués ratés et on l’a particulièrement noté lors des revers à la maison contre les Bombers et le Rouge et Noir.

L’autre point concerne davantage les entraîneurs. Les Alouettes se tournent beaucoup vers une couverture de zone surnommée « Match », où les joueurs font la transition entre de la zone pour ensuite tomber avec une couverture homme à homme. Rich Stubler applique se système depuis plusieurs saisons, mais il n’en demeure pas moins quelque peu complexe. Présentement, ça ne semble pas très bien fonctionner, alors qu’il y a de la confusion sur le terrain. On l’a bien remarqué sur le premier touché du match du Rouge et Noir, alors que Jean-Christophe Beaulieu s’est retrouvé fin seul derrière les demi-défensifs. Ce système paraît difficile à assimiler, si bien que les joueurs ne peuvent jouer agressivement et ils se retrouvent à sur les talons. Avec tout le talent qu’il y a sur le terrain, il serait peut-être avantageux de se tourner davantage vers un système plus simple et laisser les joueurs effectuer les jeux.

Il y a de l’ajustement tant du côté des joueurs que des entraîneurs, mais nul doute que si les Alouettes veulent connaître du succès d’ici la fin de l’année, la défense aura son mot à dire. Elle doit donc se ressaisir au plus vite.

Les Alouettes goûtent à la médecine de Sinopoli

Dans cette défaite des Alouettes, et l’une des raisons de ce résultat, c’est le travail du receveur du Rouge et Noir Brad Sinopoli qui a d’ailleurs été nommé au sein des joueurs de la semaine et avec raison. Lorsqu’on le regarde jouer, notre premier réflexe est de penser qu’il ne s’agit pas d’une athlète extraordinaire. Ce n’est pas lui qui va ressortir dans les bandes vidéos pour ses qualités athlétiques comme un Greg Ellingson ou Diontae Spencer et il n’est pas non plus une immense cible comme certains receveurs format géant qu’on retrouve en Saskatchewan.

Par contre, Sinopoli doit être considéré comme l’un des meilleurs Canadiens dans cette ligue en raison de son efficacité. En tant qu’ancien quart-arrière, il est en mesure de décortiquer les systèmes défensifs devant lui et ainsi de toujours se positionner à la bonne place sur le terrain lors de ses tracés.

Même s’il ne " semble " pas le meilleur sur le plan athlétique, il parvient toujours à faire rater le premier plaqué et c’est impressionnant. Il pivote toujours du bon côté et sait où aller pour se détacher de sa couverture. Ce n’est pas pour rien qu’il a franchi le plateau des 1000 verges au cours des trois dernières campagnes et qu’il a donné des maux de tête à la défense des Alouettes avec  une récolte de 148 verges et un touché lors du match entre les deux équipes.

Ainsi, même si à première vue il ne paraît pas le plus rapide, il est efficace dans ses angles de course et ses trajectoires, si bien qu’il peut prendre ses couvreurs de vitesse. Il fait rater beaucoup de plaqués pour cette raison et c’est ce qui explique qu’il est au cœur des succès du Rouge et Noir au cours des dernières années.

Début de l'ère Franklin

On a eu droit la fin de semaine dernière au début de l’ère James Franklin avec les Argonauts de Toronto. Il obtenait les rênes de l’attaque à la suite de la blessure du quart Ricky Ray.

Il faut se rappeler que les Argos ont fait son acquisition tout juste avant l’ouverture du marché des joueurs autonomes afin de s’assurer d’être la seule équipe à pouvoir négocier avec lui avant qu’il devienne libre comme l’air. Franklin n’était pas obligé de s’entendre avec les Argos et il aurait été dans son droit de tester le marché, mais il a préféré demeurer avec l’équipe torontoise afin d’apprendre avec Ray, Marc Trestman et notamment l’entraîneur des quarts Anthony Calvillo.

Il a finalement été lancé plus rapidement que prévu dans la mêlée avec la blessure au vétéran quart et contre toute attente, il a réussi à signer la victoire contre son ancienne équipe, les Eskimos d’Edmonton. Alors que les Argos peinaient à trouver leurs repères en ce début de saison, on s’attendait à un match difficile contre une formation considérée comme l’une des meilleures du circuit, mais Franklin a trouvé un moyen d’aller chercher la victoire. Il y a eu du bon et du moins bon de la part du jeune quart de 26 ans qui a conclu le match avec une passe de touché, une interception et 217 verges de gain par la voie des airs.

Mis à part ses statistiques, je considère qu’il a tous les outils dans son coffre pour connaître du succès dans cette ligue. Il court bien, possède un bras puissant tout en étant capable de faire preuve de doigté sur ses passes. On ne voit pas toujours cette combinaison, alors que pour certains quarts, une passe de cinq verges ou de 20 verges sera lancée avec la même vélocité. On n’a qu’à penser à Brandon Bridge avec les Roughriders ou à Colin Kaepernick il y a quelques années avec les 49ers de San Francisco dans la NFL.

Selon ce qui est dit au sujet de Franklin, ce dernier semble calme sur le terrain. On l’a bien vu contre les Eskimos, alors qu’il a su donner les devants à son équipe avec trois minutes à faire au match et lorsqu’il a retrouvé le ballon, il a su écouler les deux dernières minutes au tableau.

J’ai donc hâte de voir la semaine prochaine la reprise de ce duel alors que cette fois, les Argonauts se dirigeront du côté d’Edmonton pour tenter de refaire le coup aux Eskimos.

Bighill fait mal à son ancienne équipe

Si j’attendais de voir ce que ferait James Franklin avec les Argos, j’avais aussi hâte d’assister au retour au jeu du quart des Bombers Matt Nichols contre les Lions de la Colombie-Britannique.

Même si ce dernier a bien fait, le retour le plus marquant dans ce match a cependant été celui de son coéquipier Adam Bighill contre son ancienne équipe. Celui qui se retrouve aussi parmi les étoiles de la semaine est véritablement l’histoire de ce match. Il a réalisé deux interceptions, dont l’une a été ramenée sur 55 verges pour un touché. Il a réussi six plaqués pour être le meneur de son équipe à ce chapitre.

Bighill a disputé 99 matchs dans l’uniforme des Lions avant de passer la dernière saison avec les Saints de la Nouvelle-Orléans. Même si à première vue, c’est drôle de le voir cette année dans un autre uniforme que celui des Lions, depuis qu’il est avec les Bombers, il a un impact à chacun des matchs. Évidemment, rien d’aussi percutant que lors du dernier avec son touché. Il occupe maintenant le deuxième rang de la ligue avec 27 plaqués et il est à égalité avec Rico Murray pour le plus d’interceptions cette saison avec deux.

C’est un joueur redoutable qui permet à l’unité défensive des Bombers de s’imposer.

Le tableau n'indique pas l'allure du match

Nous avons eu droit à des surprises depuis le début de la saison. Les Argos qui ont vaincu les Eskimos, les Alouettes qui l’ont emporté en Saskatchewan et c’est ça selon moi la beauté du football : ça demeure imprévisible.

Il était difficile à ce propos de prédire une victoire des Riders contre les Tiger-Cats de Hamilton. Eux qui venaient de s’incliner contre les Alouettes, on prévoyait une autre rencontre difficile, même " laide " pour la Saskatchewan. Finalement, les Roughriders ont eu le meilleur 18 à 13. Au football, tu as beau dominer dans toutes les facettes du jeu, tout ce qui importe à la fin, c’est le pointage au tableau indicateur, et il ne reflète pas toujours l’allure d’un match. C’est ce qui s’est produit dans cette rencontre alors qu’Hamilton a tout fait sauf gagner le match.

L’attaque des Ti-Cats a dominé avec une récolte de 418 verges contre 275, et elle a eu le ballon 33 minutes contre 27 pour les Riders. Tout a été fait, sauf inscrire plus de points. Le match s’est joué sur quelques jeux explosifs, notamment une longue course pour le touché de Marcus Thigpen, un touché défensif et des revirements qui ont coûté le match aux Tiger-Cats.

C’est ce que j’aime de ce sport. Tout peut se produire lors d’un match. Aucune victoire n’est garantie et n’importe qui peut battre n’importe qui un jour donné.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant