Même si je ne débuterai pas la saison en tant que partant au poste de maraudeur, je vais débuter l'année en me disant que le camp d'entraînement n'est pas encore terminé.

La saison régulière débute vendredi, mais les entraîneurs vont continuer d'évaluer les joueurs pour encore quelques semaines. C'est ce qui explique pourquoi il y a tant de changements au cours d'une campagne dans la Ligue canadienne. Les joueurs sont constamment surveillés et évalués. Les équipes veulent également s'assurer de progresser de façon constante avant d'arriver aux éliminatoires.

Puisque je n'ai pas été mesure de faire mes preuves en raison de ma blessure, Jim Popp n'a pas vraiment eu à trancher lorsqu'il a choisi de faire confiance à Étienne Boulay au poste de maraudeur. Dans les faits, je suis pas mal convaincu que la décision de faire confiance à Étienne était déjà prise depuis longtemps. Depuis le début du camp, il était utilisé sur la première unité en défensive. Étienne est un joueur rapide, intelligent et extrêmement talentueux. C'est exactement le genre d'athlète qu'un entraîneur souhaite utiliser au poste de maraudeur.

J'ai l'habitude de me fixer des objectifs avant le début de la saison et cette année, ce sera de demeurer en santé et d'avoir du plaisir. L'an dernier, j'ai vécu ma pire saison à vie. C'est plutôt difficile de faire partie d'un groupe lorsque tu ne contribues pas aux victoires et que tu n'es pas sur le terrain avec tes coéquipiers. J'espère vraiment atteindre mes deux objectifs. Il me reste encore 19 semaines, 18 matchs et les éliminatoires pour y arriver.

Ce que j'ai vécu l'an dernier, mon ancien coéquipier chez le Rouge et Or de l'Université Laval, Pascal Masson, le vit présentement. Il s'est joint aux Alouettes cette année, et déjà il est ralenti par les blessures. Ce n'est pas facile, car lorsque tu te rapportes à une nouvelle équipe tu cherches à obtenir le respect de tes nouveaux coéquipiers. Et ce respect, il se mérite d'abord sur le terrain et ensuite à l'extérieur. Pascal a beau être un gars extrêmement sympathique, mais il doit faire ses preuves. C'est plutôt difficile de prouver sa valeur en étant pris pour demeurer sur le banc.

De mon côté, je vais d'abord être utilisé sur les unités spéciales et j'entends bien forcer la main de mon entraîneur. Je vais commencer au bas de l'échelle avant de gravir les échelons un à un.

Les recrues n'ont pas donné le choix à Jim Popp

Il est difficile pour moi de commenter les décisions que Popp a prises lors de la dernière journée du camp d'entraînement. J'ai vivement l'impression que cela va au-delà du simple football. Il y a vraiment une foule de facteurs qui entrent en ligne de compte.

Oui, Keith Stokes a accompli de grandes choses dans le passé, mais il faut savoir qu'il y avait de très bons jeunes spécialistes des retours de bottés au camp. Ce qui a probablement joué contre Stokes, c'est que ces recrues sont en plus capables d'accomplir d'autres choses avec brio sur le terrain. Si Stokes a déçu lorsqu'il était utilisé comme receveur de passes et qu'une recrue a plutôt bien fait, Popp a pris la décision qui s'imposait.

Pour ce qui est de mon bon ami Clint Kent, je crois que ce sont les blessures qui ont causé sa perte car il l'était l'un de nos bons demis défensifs. Je peux vous confier qu'il n'a jamais été en mesure de se faire justice, car il n'a jamais été à 100 %. Comme dans le cas de Stokes, ce sont les nouveaux venus qui ont obligé la direction à faire un choix.

C'est difficile de voir des amis quitter, mais c'est la réalité du sport professionnel. Il y a tellement de roulement dans la Ligue canadienne à chaque année qu'il faut s'y attendre. De plus, contrairement aux autres années, c'est un tout autre groupe d'entraîneurs qui est en place. Les joueurs doivent donc à nouveau faire leurs preuves.

Qui dit nouveaux entraîneurs dit nouveaux cahiers de jeux. Les coordonnateurs ont leur propre livre de jeux et l'amènent avec eux partout où ils vont. Les équipes qui vont se préparer à nous affronter vont devoir regarder les films des matchs des Roughriders de la Saskatchewan d'il y a deux ans parce que Marcel Bellefeuille y dirigeait l'attaque à ce moment.

Ce sera également Bellefeuille qui va appeler les jeux plutôt qu'Anthony Calvillo. C'est donc dire que les habitudes prises aux cours des dernières années vont complètement disparaître. Calvillo va vraiment avoir beaucoup moins de pression sur les épaules. Cela va également lui donner l'occasion de jouer plutôt que de continuellement penser. Si l'équipe lui donne la chance de gagner des matchs, il va y parvenir.

Mon coéquipier Dave Stala m'a avoué que les stratégies en attaque ont été complètement modifiées. Mais cela fait partie du sport professionnel. Si tu veux réussir à ce niveau, tu dois être capable de t'ajuster rapidement. Jouer au football ce n'est pas qu'une question de courir vite et d'attraper le ballon. Il faut regarder ce qui se passe et étudier le comportement des autres joueurs sur le terrain.

Le visage de la ligue ne devrait pas changer

Comme l'an dernier, je crois que les Lions de la Colombie-Britannique seront l'équipe à battre en 2007. Les Lions n'ont pas effectué beaucoup de changements, eux qui avaient tellement dominé en 2006. Plusieurs joueurs ont refusé des offres alléchantes afin de demeurer en Colombie-Britannique. L'atmosphère au sein de l'équipe doit être des plus saines.

Je pense aussi que les Argonauts de Toronto seront de nouveau nos plus grands rivaux au sein de notre division. Ils vont miser sur la même unité défensive que par les années passées. La recette pour les vaincre ne changera donc pas! Pour battre les Argonauts il faut porter, porter et porter le ballon.

Ce n'est pas parce que les Tiger-Cats de Hamilton formaient l'équipe la plus faible de la ligue l'an dernier qu'il faut pour autant les prendre à la légère cette année. Comme je l'ai mentionné précédemment, il y a beaucoup de changements dans la LCF à chaque saison. Hamilton était une proie facile, mais il ne faut pas tomber dans le piège. Nous porterons un jugement lorsque la saison sera terminée.

*Propos recueillis par Francis Paquin