Le Rouge et Or, c'est beaucoup plus que des coupes Vanier… c'est une école de vie. Sans rien enlever aux autres, l'Université Laval est une « coche » au-dessus de tout le monde!

Évidemment, j'ai un parti pris, et je ne le nierai jamais. J'ai joué quatre années avec le Rouge et Or (2001 à 2004), durant lesquelles j'ai savouré la Coupe Vanier à deux reprises (en 2003 et 2004). Mais ce que j'affirme est sans aucune prétention, car j'y crois dur comme fer : le Rouge et Or est un programme extraordinaire!

Bien sûr, le succès amène le succès. C'est une grosse roue qui tourne à l'Université Laval. La meilleure carte de visite, ce sont des victoires et des championnats. Les jeunes veulent jouer pour un club gagnant. Il n'y a rien d'attirant chez une équipe qui a perdu tous ses matchs depuis 3 ans. Mais il n'y a pas seulement la gloire sur le terrain. Québec est une ville superbe, la vie universitaire est le « fun » et le taux de réussite académique est très élevé. Pour être franc, je suis devenu un homme avec le Rouge et Or. On nous forme à devenir des professionnels de la vie. On est traité comme un professionnel. En revanche, on nous demande d'agir comme un professionnel.

C'est donc plus que des victoires qui caractérisent le Rouge et Or, c'est tout ce qui entoure le programme. C'est un symbole d'élite. Lorsqu'on visite le campus, on comprend pourquoi. Les gens sont sympathiques et tous les petits nouveaux, qu'ils proviennent de n'importe où, sont bien accueillis dans la famille du Rouge et Or. La structure est parfaite pour accueillir les étudiants. C'est un avantage sur plusieurs autres universités, notamment sur le plan de la guerre du recrutement. Le Rouge et Or possède la recette gagnante pour séduire les jeunes : vanter ce qu'elle peut offrir comme éducation.

Cette philosophie se reflète évidemment sur le terrain. Le Rouge et Or gagne en moyenne une Coupe Vanier chaque deux ans. On parle de 7 coupes Vanier en 16 ans d'existence! C'est phénoménal! Si le Rouge et Or n'est pas un synonyme de dynastie, je ne sais plus c'est quoi une dynastie…

Négligé? Pas de problème!

Après la rencontre face aux Axemen d'Acadia, à la Coupe Uteck, l'ailier défensif du Rouge et Or, Arnaud Gascon-Nadon, m'a clairement indiqué qu'il voulait affronter de nouveau les Marauders de McMaster en grande finale. Laval voulait se prouver contre cette formation, qui avait eu le meilleur en deuxième prolongation, l'an dernier.

En 2011, Laval était invaincu à la Coupe Vanier (6-0). Le Rouge et Or avait la chance de devenir l'université la plus titrée de l'histoire. L'équipe classée numéro un au pays était d'ailleurs peut-être un peu trop confiante. Et elle s'est fait jouer un tour.

Cette année, c'était l'inverse. Tout le monde parlait de McMaster, avec en tête le quart Kyle Quinlan. Le titre de négligé a finalement eu un impact positif sur le Rouge et Or. La troupe de Glen Constantin a remporté ce duel de façon convaincante, et ce, devant une équipe qui avait pourtant établi un record avec 21 victoires de suite.

Pour freiner McMaster, le Rouge et Or a pu compter sur une prestation du tonnerre de Maxime Boutin. Le porteur de ballon doit remercier sa ligne à l'attaque, mais reste qu'il a été sensationnel avec 253 verges de gains au sol. Sa rapidité, ses mains, ses changements de direction, sa vision du jeu, bref, il a « pilé dans la face » des Marauders! Un véritable rouleau compresseur.

Scénario rêvé à Toronto

L'équipe la plus titrée de l'histoire de la Ligue canadienne a conclu une saison ordinaire avec un dénouement extraordinaire. Quoi de mieux pour le circuit d'assister au couronnement des Argonauts à l'occasion de la 100e Coupe Grey?

Toronto est devenu seulement la cinquième équipe à gagner le Saint-Graal du football canadien devant ses partisans, lors des 40 dernières années. Ironiquement, ça fait deux fois en deux ans qu'un tel scénario se produit (les Lions étant champions au BC Place, en 2011).

Cette conquête de la Coupe Grey arrive à point dans la métropole ontarienne. Le marché de Toronto était difficile dernièrement pour les Argos. Cependant, le fait d'avoir créé un tel engouement pour la 100e Coupe Grey, ponctuée de la victoire des favoris locaux, est non seulement bon pour l'organisation, mais bon pour la Ligue canadienne également. En réalité, c'était le meilleur dénouement envisageable. Toronto compte maintenant 16 victoires en 22 apparitions à la Coupe Grey, un pourcentage de réussite de loin supérieur aux autres formations.

Plusieurs acquisitions auront eu un impact majeur chez les Argos. Les entraîneurs Scott Milanovich et Chris Jones, ainsi que le quart Ricky Ray, ont été les trois gros morceaux du puzzle pour mener l'équipe au sommet. Une nouvelle attitude s'est pointée à Toronto. Un nouveau système mis en place a complètement changé la donne. Le système de Milanovich, essentiellement le même que celui de Marc Trestman, était bien adapté à Ricky Ray. Oui, la saison a été difficile, mais les Argos ont finalement pris leur envol au bon moment.

La ligne à l'attaque torontoise a fait du bon boulot lors du match ultime. Ricky Ray n'a pas été dérangé outre mesure et Chad Kackert, éventuel joueur par excellence de la Coupe Grey, a profité des nombreuses brèches, en plus de briser plusieurs plaqués. En fait, il a été spectaculaire! Côté offensif, c'est lui qui a fait la différence dans la rencontre.

Les Argos doivent cependant leur victoire en grande partie à leur défense, qui a complètement anéanti les Stampeders. Jon Cornish, pourtant sacré le joueur le plus utile dans l'Ouest, a été limité à 57 verges au sol, sans compter son échappé. Pour gagner des championnats au football, il faut un bon quart-arrière et une bonne défense. C'est finalement celle des Argos qui a eu le dernier mot de la saison 2012.

Propos recueillis par Thierry Bourdeau