Le 19 janvier 2017, les Raiders, basés à Oakland en Californie, ont signifié à la NFL une demande officielle de relocalisation vers Las Vegas. De toute l’histoire de la NFL, les Raiders recensent le plus grand nombre de déménagements.

Les Raiders sont apparus en 1960, étant domiciliés au Stade Kezar à San Francisco. En 1961, ils ont déménagé au Candlestick Park à San Francisco et en 1962, ils ont été relocalisés au Frank Youell Field à Oakland. Puis, les Raiders ont migré vers le stade d'Oakland-Alameda et y ont resté jusqu’en 1980.

1980 : Raiders relocalisés à Los Angeles malgré le refus de la NFL

En 1980, le propriétaire des Raiders Al Davis souhaitait relocaliser son équipe à Los Angeles, un marché considérablement plus attrayant pour les médias et les télédiffuseurs.  À cette époque, le bail des Raiders avec le stade d'Oakland-Alameda était expiré et le Memorial Coliseum de Los Angeles était à la recherche d’un nouveau locataire, car les Rams venaient de déménager au stade d'Anaheim. La relocalisation devait être approuvée par les ¾ des autres équipes de la ligue, et ce, conformément à l'article 4.2 de la constitution de la NFL. Dans ce cas-ci, la NFL s’était montrée réticente, car le stade d’Anaheim était proche du Memorial Coliseum et que 2 équipes de la NFL situées sur une même localisation économique pouvaient difficilement survivre financièrement. C’est pourquoi aucune des équipes n'avait voté en faveur de la relocalisation des Raiders en 1980.

Malgré ce refus, Davis a quand même déplacé son équipe à Los Angeles, déclenchant ainsi de nombreuses procédures judiciaires fondées sur les lois de la concurrence. Toutefois, Davis et le Memorial Coliseum ont  obtenu gain de cause, car les tribunaux ont estimé que la NFL avait agi de façon anticoncurrentielle. Les Raiders ont donc joué à Los Angeles de 1982 à 1994.  Ils ont redéménagés à Oakland en 1995 et n’ont pas quitté depuis cette date.

2017 : Plan de stade et demande officielle de relocalisation par Mark Davis

Voilà qu’en 2017, le propriétaire des Raiders et fils d’Al Davis, Mark Davis, présente une demande officielle de relocalisation en plus d’exprimer son intention d’investir 500 millions $ US dans un projet de construction de stade au Nevada. Plusieurs considèrent Las Vegas comme un marché prospère et économiquement viable. De plus, la relocalisation au Nevada est intéressante pour les membres des Raiders en raison du faible taux d’imposition sur les revenus. Effectivement, les Raiders passeraient de la Californie, où le taux d’imposition est le plus élevé aux États-Unis au Nevada où le taux d’imposition est l’un des plus faibles.

Ici, la difficulté est que la construction d’un nouveau stade peut prendre des années. Les rapports suggèrent que le stade ne serait pas prêt avant 2020. Il est donc possible que la délocalisation des Raiders soit approuvée au printemps 2017, mais que l'équipe reste à Oakland pour plusieurs saisons encore.  Dans l’intervalle, les Raiders pourraient jouer au Stade Sam Boyd, une installation à Vegas qui ne peut accueillir que 35 000 personnes alors que le stade Alameda à Oakland peut accueillir jusqu'à 63 000 personnes. Les cadres de Raiders et les leaders politiques d'Oakland pourraient également convenir d'un nouveau projet de stade. Un tel accord garderait les Raiders à Oakland pour les années à venir. La possibilité de délocalisation offre aux équipes un puissant levier de négociation pour obtenir des subventions ou la construction d’un nouveau stade ou encore le réaménagement de l'ancien. En effet, la peur d’une ville de perdre son club sportif au profit d’un marché potentiel vacant la pousse à faire des compromis et à subventionner leurs projets.

La relocalisation doit être approuvée par la NFL dans une majorité ¾

La relocalisation exige le soutien des ¾ des équipes de la NFL. Cela signifie qu'au moins 24 des 32 clubs doivent soutenir ce projet. Comme la relocalisation peut perturber la ligue, les fans, les joueurs, les entraîneurs et les partenaires de diffusion, la NFL n’aime pas que ses franchises se déplacent trop fréquemment. Non seulement le club devra transférer ses opérations dans un nouveau local, mais il devra au surplus relocaliser son territoire et son marché en s'assurant de conserver un droit exclusif opérationnel.

L'approbation de la ligue doit s'assurer que la nouvelle localisation possède les caractéristiques démographiques requises pour maintenir la stabilité de la ligue. La NFL doit aussi s'assurer que la relocalisation n'exacerbe pas les horaires déjà en place et que les voyages de l'équipe ne se voient pas affectés par ce changement.  Qui plus est, la nouvelle localisation ne doit pas empiéter sur des droits déjà existants alors que l'approbation ne doit pas dénigrer la diversité géographique requise par les stratégies marketing de la ligue, ni les responsabilités morales et contractuelles de la nouvelle ville hôte.

Il s'agit d'un mécanisme complexe, car la ligue doit considérer tous les coûts qui entrent en jeu dans le cadre de cette relocalisation. Ces coûts doivent inclure la loyauté des fans à la localisation déjà existante, la stabilité des relations communautaires, les intérêts de la ligue dans la protection des rivalités, l'existence d'une diversité géographique, la présence médiatique et  publicitaire ainsi que l'argent des commanditaires disponible. Les Raiders devraient connaître leur sort sous peu puisque les équipes de la ligue sont sensées se réunir en mars 2017 pour trancher cette question.