Trophée Calder en poche, à quel contrat Lane Hutson peut-il s'attendre?
Devenu mardi le troisième défenseur récipiendaire du trophée Calder au cours de la dernière décennie (Moritz Seider en 2022 et Cale Makar en 2020 sont les deux seuls autres gagnants à cette position depuis 2016), la recrue des Canadiens de Montréal Lane Hutson voudra certainement prendre du temps pour célébrer cette belle réussite individuelle avec ses proches.
Mais avant longtemps, l'Américain de 21 ans précisera avec son agent Sean Coffey, de l'agence Quartexx Management, le plan de match quant à son avenir contractuel, alors qu'il amorce la dernière année de son pacte d'entrée dans la LNH. Dans le contexte d'une croissance annoncée d'environ 25 M$ sur trois ans du plafond salarial de la LNH, Hutson peut s'attendre à toucher une jolie somme, et ce, qu'il opte pour le contrat-pont ou pour un engagement à long terme.
Au bilan de la saison de son club le 5 mai, Hughes ne cachait pas son intention d'être en étroite communication avec Coffey afin d'évaluer si une entente peut survenir rapidement, son jeune client étant admissible dès le 1er juillet 2025 à parapher son deuxième contrat.
Cette possibilité sera sans doute explorée, mais advenant que l'état-major montréalais choisisse pour une raison ou une autre de négocier avec son défenseur étoile seulement à l'échéance de son contrat d'entrée, les partisans du CH seront rassurés de savoir que Hutson ne sera pas admissible à l'été 2026 à apposer son nom au bas d'une offre hostile.
Rappelons que le Tricolore a procédé avec ses trois joueurs les mieux payés durant cette phase de reconstruction, une logique hiérarchique s'est installée quant à la gestion de la masse salariale.
Au sommet de la pyramide, on retrouve le capitaine et joueur le plus important du CH, Nick Suzuki, à 7,875 M$ annuellement pour cinq autres saisons. Suivent ses compagnons de trio Cole Caufield (7,85 M$ pour six autres années, jusqu'en 2031) et Juraj Slafkovsky (7,6 M$ pour huit ans, jusqu'en 2033).
À moins que le DG montréalais sorte son meilleur acte d'hypnose, il semble illusoire de penser que cette hiérarchie tiendra la route auprès de Hutson et son agent, compte tenu de cette hausse graduelle du plafond salarial, de 88 à 95,5 M$ en 2025-2026, puis de 95,5 à 104 M$ en 2026-2027.
Une majorité écrasante
Avec ses 165 votes de première place au scrutin sur une possibilité de 191 – soit 150 de plus que son plus proche poursuivant, Dustin Wolf, des Flames de Calgary –, Hutson a convaincu la vaste majorité des observateurs qu'il s'est réellement détaché des autres candidats.
Si on se prête au jeu des comparaisons, il s'agit d'une marge encore plus écrasante que celle dont avait bénéficié Cale Makar (116 votes de première place) lorsqu'il s'est adjugé le Calder devant Quinn Hughes et Dominik Kubalik (!) à l'issue du calendrier 2019-2020.
On imagine aisément que le second contrat de Huston sera très lucratif, mais à quoi pourraient ressembler les chiffres présentés à la table quant au salaire annuel moyen?
À cet égard, un survol des ententes signées par d'anciennes étoiles montantes du circuit Bettman à la position de défenseur peut aider à cerner un peu mieux la situation.
Évidemment, de comparer des chiffres bruts datant de quelques années nous serait bien peu utile. Ainsi, la règle de trois s'avère précieuse afin de déterminer quel pourcentage de la masse salariale ont occupé les patineurs servant de comparatifs valables dans les négociations entre le CH et Hutson.
Quinn Hughes – Canucks de Vancouver
Durée de l'entente : 6 ans (2021 à 2027)
Valeur de l'entente : 47,1 M$ (7,85 M$ annuellement)
Âge à la fin de l'entente : 27 ans
Espace utilisé vis-à-vis le plafond salarial au moment de l'entrée en vigueur : 9,6 %
Négocié en octobre 2021 par Pat Brisson, le deuxième contrat du cadet des frères Hughes aura été une fabuleuse aubaine pour les Canucks, du début à la fin. En partie parce qu'il ne négociait pas avec un trophée Calder ou Norris en poche contrairement à Makar ou Fox, Vancouver a obtenu une valeur exceptionnelle pour l'entente octroyée à son défenseur no 1.
L'état-major du CH pourrait être tenté de faire valoir ce contrat comme étant un comparatif valable pour Hutson. En s'appuyant sur ce même pourcentage de la masse salariale (9,6 %) pour déterminer un montant « plancher », les 10 M$ représentaient un point de départ approprié pour les négociations.
Moritz Seider – Red Wings de Detroit
Durée de l'entente : 7 ans (2024 à 2031)
Valeur de l'entente : 59,85 M$ (8,55 M$ annuellement)
Âge à la fin de l'entente : 30 ans
Espace utilisé vis-à-vis le plafond salarial au moment de l'entrée en vigueur : 9,6 %
Tout comme Hughes chez les Canucks trois ans plus tard, le salaire consenti à Seider occupait à peu près 9,6 % de la masse salariale de son équipe.
D'un point de vue stylistique, la comparaison entre Seider et Hutson est plus boiteuse. Plutôt qu'aux habiletés pures et au sens du jeu hors pair du jeune no 48 du CH, on a affaire à un colosse de 6 pieds 4 et 205 lbs qui frappe tout ce qui bouge et bloque des lancers à la pelletée.
N'empêche, l'Allemand format géant était jusqu'à cette semaine le plus récent défenseur à avoir remporté le Calder, et ses contributions ont été joliment récompensées avec un pacte à long terme en septembre 2024.
Cale Makar – Avalanche du Colorado
Durée de l'entente : 6 ans (2021 à 2027)
Valeur de l'entente : 54 M$ (9 M$ annuellement)
Âge à la fin de l'entente : 28 ans
Espace utilisé vis-à-vis le plafond salarial au moment de l'entrée en vigueur : 11 %
Le contexte des négociations de Makar il y a quatre ans et celles qui se pointent à l'horizon pour Hutson ont des similitudes, mais aussi quelques différences.
Au moment de s'entendre pour six ans avec l'Avalanche, le désormais double récipiendaire du trophée Norris avait remporté le Calder, puis avait poursuivi dans la même voie en chauffant Fox pour l'obtention du titre de défenseur par excellence un an plus tard.
Au moment de la négociation, le Colorado s'était déjà implanté comme une équipe compétitive. Toutefois, la hiérarchie salariale de l'Avalanche lui laissait une marge de manoeuvre assez admirable, Joe Sakic ayant réussi au préalable quelques petits bijoux de signatures, à commencer par celle de Nathan MacKinnon, sous contrat à ce moment pour deux autres saisons à un salaire risible de 6,3 M$. Le capitaine Gabriel Landeskog touchait pour sa part seulement 5,57 M$ en 2021-2022.
Si Hutson maintient sa trajectoire actuelle, il pourrait éventuellement justifier un pourcentage similaire de la masse salariale de son club à celui qu'occupait Makar (11 %) au moment de la signature de son deuxième contrat, en juillet 2021. Cela se traduirait par un salaire tournant autour de de 11,4 M$ en 2026-2027. Certainement un brin gourmand, mais pas irréaliste.
Adam Fox – Rangers de New York
Durée de l'entente : 7 ans (2022 à 2029)
Valeur de l'entente : 66,5 M$ (9,5 M$ annuellement)
Âge à la fin de l'entente : 31 ans
Espace utilisé vis-à-vis le plafond salarial au moment de l'entrée en vigueur : 11,5 %
Un mois après la signature de Hughes à Vancouver, les Rangers emboîtaient le pas et offraient le 1er novembre 2021 un pont d'argent à leur défenseur étoile Fox, décoré quelques mois plus tôt du trophée Norris à sa deuxième campagne seulement chez les professionnels.
Les plus pointilleux rappelleront que le calendrier 2020-2021 était condensé et on retrouvait un système de divisions revampé en raison de la COVID-19. Néanmoins, il s'agissait là pour Fox d'un accomplissement que seul le grand Bobby Orr avait accompli avant lui.
Justement, la « prime Norris » semble avoir fait partie du calcul. De remporter un trophée individuel majeur aura été un levier de négociation majeur pour le clan de Fox.
Au prorata, en transposant 11,5 % d'espace utilisé au plafond salarial projeté à 104 M$ pour 2026-2027, on obtient un salaire annuel vertigineux avoisinant les 12 M$. Aussi historique la saison recrue de Hutson fut-elle, cela semble très ambitieux.