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MONTRÉAL - Quand on est rendu à huit défaites de suite, on ne parle plus d’une simple glissade. On parle d’une débarque. D’une méchante débarque!

 

Témoins impuissants de ces revers en cascade et de la dégringolade au classement qu’ils entraînent, les partisans sont donc déçus. Amèrement déçus. En fait non! Ils sont outrés. Et comme tous les partisans qui n’en peuvent plus de voir leur équipe perdre, ils cherchent des coupables. Des coupables à pointer du doigt, à condamner sans procès et à chasser de Montréal en les couvrant d’abord de goudron et de plumes.

 

Carey Price est passé dans le tordeur depuis deux semaines. C’est normal. Il est le joueur le mieux payé de la LNH, un des meilleurs gardiens de la Ligue et il ne joue pas à la hauteur de son salaire et de sa réputation.

 

Dimanche soir à Boston, il n’est pas à blâmer pour l’un ou l’autre des trois buts des Bruins. Mais il n’a pas su effectuer le gros arrêt, voire le miracle, dont son équipe avait besoin pour gagner.

 

Blâmer le gardien ce très souvent injuste. Ce l’est presque toujours en fait. Mais surtout, ce n’est pas assez.

 

Alors on se tourne tout de suite vers le coach. Et ça aussi c’est normal parce qu’il est bien plus simple de congédier un coach que de remplacer tous les joueurs mis à sa disposition.

 

Je ne sais pas si Marc Bergevin convoquera les journalistes lundi pour annoncer le congédiement de Claude Julien. Mais bon! Après huit revers de suite, peut-être qu’il commence à jongler avec cette idée.

 

Si le Canadien se rend à neuf défaites de suite, voire à dix, alors que les Islanders de New York et l’Avalanche du Colorado se succéderont au Centre Bell, mardi et jeudi, peut-être qu’il sera forcé de passer aux actes.

 

On verra!

 

Mais congédier le coach ne changera rien à la réalité du Canadien. Rien de rien.

 

On n’est pas dans une situation comme celle des Maple Leafs de Toronto qui regorgeaient de joueurs de grand talent qui avaient décidé de tourner le dos à Mike Babcock. On n’est pas dans la situation des Blues de St.Louis qui représentaient une terrible déception jusqu’à ce que Craig Berube n’arrive à changer le cours des choses et surtout jusqu’à ce que Jordan Binnington ne se mette à stopper des rondelles.

 

Le Canadien demeure trop faible en talent brut à l’attaque et trop vulnérable en défensive pour espérer passer de la réalité qui est la sienne, c’est-à-dire un bon petit club qui peut se battre pour une place en série si tous ses joueurs demeurent en santé et donnent 100 % de leur rendement, à un club dont on doit inscrire le nom parmi le groupe d’équipes assurées d’une place en séries.

 

Et ce n’est pas demain ni après-demain que cette réalité changera pour le Canadien.

 

Alors congédier le coach simplement pour congédier le coach, cela donnerait aux amateurs et aux commentateurs qui n’en peuvent plus de parler des mêmes erreurs match après match, un peu de satisfaction et d’autres sujets de discussions.

 

Mais dans les faits, ça ne changerait rien.
 

Il y a trop de joueurs qui minent les chances du Canadien parce qu’au-delà le fait qu’ils soient remplis de bonnes intentions, ils demeurent des joueurs à cheval entre la LNH et la Ligue américaine.

 

Et il a trop de joueurs qui sont de vrais joueurs de la LNH, mais qui sont employés dans des rôles qui dépassent leur niveau de jeu pour espérer que le Tricolore puisse éviter le merdier dans lequel il est en train de s’enfoncer profondément.

 

Bouchard? Ducharme? Muller? Roy?

 

Et qui diable prendrait la relève?

 

Patrick Roy? Son nom refera toujours surface en raison de ses liens avec le Canadien et des succès qu’il a obtenus au Colorado. Mais a-t-on déjà oublié qu’il a quitté l’Avalanche avec fracas parce que les choses n’allaient pas à son goût?

 

Qui d’autre?

 

Je ne crois pas que Joël Bouchard soit prêt à prendre la relève à Montréal. Il faudrait d’abord qu’il gagne sur une base régulière dans la Ligue américaine pour faire ses preuves. Et personnellement, je considère bien plus Joël Bouchard comme un directeur général qu’un coach.

 

Le temps nous le dira.

 

Je ne crois pas non plus que Dominique Ducharme soit prêt à assumer le rôle d’entraîneur-chef dans la Ligue nationale. Encore moins derrière le banc du Canadien, avec tout ce que cela entraîne comme pression additionnelle. Un jour peut-être. Un jour sûrement même. Mais maintenant? Je ne crois pas.

 

Si Marc Bergevin décidait que Claude Julien n’est plus en mesure de sortir le plein rendement de son équipe, je considère que Kirk Muller, sur une base intérimaire d’abord, devrait obtenir le job.

 

Malgré la langue? Oui!

 

Mais Muller serait aussitôt confronté aux mêmes réalités, ou problèmes, que l’est Claude Julien en ce moment: il devrait tenter de broyer une roche pour y faire sortir de l’eau. Il aurait beau forcer autant qu’il le voudrait, ça n’arriverait pas.

 

Oh! Ça arriverait peut-être un soir de temps en temps, par magie, comme c’est arrivé en début de saison quand le Canadien s’est mis à surprendre des adversaires et à mousser des attentes qui sont vite devenues démesurées de chez les partisans.

 

Mais il s’agirait d’un trucage. D’un mirage.

 

Et la réalité reviendrait vite rattraper le Canadien dirigé par Muller. Comme elle a rattrapé le Canadien dirigé par Julien. Et qu’elle est en train de l’enfouir en ce moment.

 

Parce que c’est ça le Canadien. Un bon petit club qui peut surprendre de temps en temps et décevoir plus souvent encore. Un club qui n’a pas osé prendre les vrais moyens pour reconstruire, parce qu’il a préféré rénover au fil du temps.

 

Cette stratégie ne fait que reporter l’échéance. Parce que oui, un jour, le Canadien devra reconstruire. Et lorsqu’il décidera qu’il a assez gaspillé de temps, d’argent et surtout de patience de la part de ses partisans – une patience qui commence à sérieusement s’étioler si on compte les bancs vides et non vendus tout comme les loges corporatives fermées les soirs de match – le Canadien réaliser qu’il a perdu deux, trois, cinq ans à se conter des histoires et à la croire : à se dire qu’à Montréal il est impossible de reconstruire parce que les partisans n’accepteront pas de rater les séries trop souvent.

 

J’ai des petites nouvelles pour vous : il les ratera probablement pour une quatrième saison de suite cette année. Pour une cinquième fois en six ans. Tant qu’à les rater cinq fois en six ans, aussi bien les rater parce que tu rebâtis à neuf ou lieu de tenter de faire du neuf avec du vieux…

 

Congédier Claude Julien ne changerait rien à la réalité du Canadien. De fait, un tel congédiement ne ferait qu’accentuer les erreurs d’évaluations des dernières années. Des erreurs qui sont directement imputables à Marc Bergevin et à l’ensemble des membres de son équipe dépisteurs professionnels et de recruteurs amateurs.

 

Les Bruins ont battu le CH, pas les arbitres

 

Je ne sais pas si Marc Bergevin congédiera Claude Julien aujourd’hui, demain, la semaine prochaine, le mois prochain, ou l’année prochaine.

 

Mais je sais une chose toutefois : ce ne sont pas les arbitres qui ont battu le Canadien dimanche soir à Boston. Pas plus que ce ne sont les arbitres qui sont responsables de la séquence de huit revers consécutifs encaissés par le Tricolore.

 

Les responsables de ces défaites sont les joueurs du Canadien : de Carey Price à Brendan Gallagher en passant par Shea Weber et Keith Kinkaid. Sans oublier les spécialistes de l’attaque massive, ceux du désavantage numérique et les coachs qui tentent de bien les guider.

 

Les arbitres et leurs décisions ne sont qu’une porte de sortie empruntée par ceux et celles qui ne veulent pas voir la réalité en face.

 

Revenons sur « LA » pénalité qui a coulé le Canadien dimanche soir à Boston.

 

Nick Cousins est au fond du territoire ennemi, les Bruins ne sont donc pas une menace pour le Canadien. Du moins pas encore. Et en fait, ils ne l’avaient pas encore été depuis le début du match. Les Bruins dormaient. Ils semblaient même prêts à encaisser un premier revers en temps réglementaire à domicile (10-0-4) tant ils ne donnaient pas de deuxième effort pour percer la défensive étanche que le Canadien dressait jusque-là.

 

Car oui, jusque-là, le Canadien jouait bien. Il jouait le genre de hockey qu’il doit jouer pour s’offrir des chances de gagner. Bon! Il n’avait rien cassé à l’attaque. Il avait même gaspillé quelques occasions de doubler la mince avance de 1-0 qu’il s’était offerte dès le début de la rencontre.

 

Mais dans l’ensemble, il jouait bien. Il contenait les Bruins qui sommeillaient.

 

Cousins les a réveillés.

 

Vrai qu’il y a deux joueurs des Bruins impliqués dans la séquence. Vrai aussi que deux bâtons sont assez haut. Mais regardez le jeu : Cousins est battu par Torey Krug. Il est derrière son adversaire. Il n’a aucune raison de l’agripper avec sa main gauche comme il le fait. Il oblige pratiquement les arbitres à sévir.

 

Les arbitres avaient décerné deux pénalités aux deux équipes jusque-là. Ils venaient de donner toute une chance au Canadien en fermant les yeux sur une mise en échec par-derrière assénée par Joel Armia à David Pastrnak. Armia aurait pu être chassé pour rudesse autant que pour obstruction.

 

Mais les arbitres ont fermé les yeux sur cette infraction.

 

Ils ne l’ont pas fait sur celle de Cousins qui était plus difficile à passer sous silence en raison de l’endroit où elle s’est produite et justement parce que Cousins bataillait contre deux adversaires.

 

Le Canadien, son coach et leurs partisans peuvent prétendre qu’il n’y avait pas faute. C’est leur droit. Mais objectivement, c’était bel et bien une pénalité.

 

Et cette pénalité a tout changé.

 

Simple concours de circonstances ou réactions rapides des coachs des Bruins, David Pastrnak est sauté sur la patinoire dès que le Canadien y a envoyé Gustav Olofsson qui n’avait effectué que deux courtes présences en troisième période. Dix seulement depuis le début du match.

 

Pastrnak a contourné Olofsson facilement et a démontré pourquoi il est actuellement le meilleur franc-tireur de la LNH en déjouant Carey Price à l’aide d’un tir frappé aussi puissant que précis dans la lucarne. C’était son 25e but de la saison. Son cinquième en trois matchs aux dépens de Price et du Canadien cette saison.

 

De club qui jouait sur la pointe des pieds jusque-là, le Canadien s’est retrouvé sur les talons.

 

Inversement, d’endormis qu’ils étaient, les Bruins se sont réveillés marquant trois buts en 7 min 11 secondes.

 

Et le Canadien ne s’en est pas remis.

 

Comment s’en remettra-t-il?

 

« En gagnant des matchs », que le capitaine Shea Weber a répondu après la rencontre.

 

Je veux bien. Mais il est permis de se demander combien de temps Weber, ses coéquipiers et leurs partisans devront attendre cette victoire ô combien nécessaire...

 

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