MONTRÉAL – « C’est un peu difficile de terminer notre association de cette manière. » Tomas Tatar ne souhaitait pas conclure son passage avec le Canadien de cette façon et il considère que les entraîneurs ont commis une erreur en le tenant à l’écart de la formation durant la plupart du parcours éliminatoire. 

L’attaquant slovaque a commenté, vendredi, sa nouvelle entente (deux ans pour neuf millions) avec les Devils du New Jersey et il a accepté de donner son avis sur sa fin amère, au niveau personnel, avec le Tricolore. 

« Je trouvais vraiment que j’aurais pu aider en finale. Mais les entraîneurs font des erreurs et les joueurs aussi. Je voulais juste prouver à quel point c’était une grosse erreur. Mais j’ai adoré mon passage à Montréal, ces trois années ont été spéciales pour moi », a commenté Tatar qui ne parvenait pas à expliquer le sort qui lui a été réservé. 

« Je n’ai pas vraiment d’explication à fournir. [...] J’étais déçu, mais je devais respecter la décision de l’entraîneur. Je faisais tout en mon possible pour être prêt à aider et je croyais vraiment que j’aurais pu le faire », a ajouté l’athlète qui était tout de même très fier du boulot accompli par ses anciens coéquipiers. 

Au final, Tatar n’a joué que les cinq premières parties des séries. Il considère surtout que c’est en finale qu’il aurait mérité une chance de revenir dans la formation. 

« On a éliminé Winnipeg sans trop d’embûches et c’était plus partagé contre Vegas. Je ne trouvais pas que c’était nécessaire de procéder à des changements. Contre Tampa, je trouvais vraiment que j’aurais pu aider alors que la série n’allait pas en notre faveur. J’espère que je jouerai quand la prochaine occasion se présentera », a réagi Tatar.

Ça faisait longtemps que des spéculations jaillissaient à propos de son avenir à Montréal. Il se posait lui-même des questions depuis un certain temps.  

« Je n’étais pas vraiment certain quand la COVID-19 est arrivée. On a eu de petites discussions, mais quand j’ai vu que (Tyler) Toffoli et (Josh) Anderson avaient signé un contrat, je ne pensais pas tant qu’il resterait de la place pour moi. Je le comprends, c’est une business. Tu ne peux pas garder tous les joueurs. J’ai discuté avec Phil (Danault) de ce qui pourrait arriver. Ça s’est confirmé avec moi et j’étais bien déçu », a dit Tatar qui a précisé plus d’une fois que son passage de trois ans a été très spécial pour lui et qu’il est même devenu ami avec Marc Bergevin. 

Son départ survient donc durant la même saison morte que Danault, son complice. Il ne restera que Brendan Gallagher de ce trio qui a souvent sorti le Canadien du pétrin. 

« Gally avait une idée que ça arriverait. Quand des signatures surviennent avant, ça te démontre qu’il ne reste pas beaucoup de marge de manœuvre. J’espère que Gally n’est pas trop fâché, mais je le sens un peu déçu. On était très proches, il était comme un frère pour moi dans l’équipe. On a dû se séparer, mais ça fait partie du métier. Je leur souhaite bonne chance et c’est une belle occasion pour moi de venir jouer dans ce groupe prometteur », a noté le gaucher. 

Bien sûr, ça provoque aussi le démantèlement du trio qui avait la responsabilité de contrer les meilleures ressources adverses. Tatar ne veut pas se lamenter à ce sujet et il admet d’ailleurs qu’il doit encore peaufiner son jeu défensif. 

« Je ne me plaindrai jamais de ça. Bien des gens regardent notre production, mais notre travail était d’affronter les meilleurs trios adverses et on relevait le défi. Dans ce sens, ma production ne me dérange pas du tout, c’est un sport d’équipe. Même contre Toronto, on était contre le trio de (Auston) Matthews et (Mitch) Marner et ce n’est pas évident. On a réussi notre mission. Ça ne me dérange pas de jouer du hockey défensif. J’aime compter des buts, mais il y a un temps pour ça et un autre pour exceller défensivement. Je veux être bon des deux côtés, c’est le défi pour moi », a statué Tatar.  

Hughes et Hischier, des arguments de taille

Celui qui conservera le numéro 90 avec les Devils – grâce à la gentillesse de Jesper Boqvist qui lui cède – a dû patienter quelques jours avant de trouver sa nouvelle destination. Inutile d’avoir remporté son pool cette année pour comprendre que son utilisation en séries n’a pas aidé sa cause. 

« Difficile de terminer notre association de cette manière »

« Ce n’est pas facile quand quelque chose comme ça arrive en séries. Je suis certain que des équipes commencent à poser des questions pour savoir ce qui cloche, pourquoi je ne jouais pas. Ce n’est pas facile à expliquer », a convenu Tatar, un athlète très sympathique. 

Si les journées d’autonomie ont été plutôt folles, surtout la première, Tatar a fini par obtenir un contrat intéressant. D’un autre côté, il ne se joint pas à une puissance actuelle de la LNH. Le talent de jeunes partenaires comme Nico Hischier et Jack Hughes peut cependant vous convaincre plus facilement.  

« C’est l’une des raisons principales dans ma décision. Joué plus souvent contre Nico. J’ai vraiment hâte de jouer avec eux même si j’ai joué avec des centres comme Pavel Datsyuk, Henrik Zetterberg et aussi Phil », a témoigné Tatar. 

N’empêche que Tatar se sentira peut-être un peu vieux dans ce vestiaire.  

« C’est un peu épeurant quand on le regarde de cette façon, mais leur talent est immense et c’est excitant pour moi », a rigolé l’ailier qui est demeuré calme durant les tractations. 

Tatar a expliqué qu’il avait discuté avec plusieurs formations et qu’il avait particulièrement aimé le contact, plus personnel, avec le directeur général Tom Fitzgerald qui le voit comme un partenaire idéal pour ses jeunes centres. 

En 2020-2021, le Slovaque a amassé 10 buts et 20 mentions d’aide en 50 rencontres. Son chapitre professionnel à Montréal s’arrête avec une récolte de 57 buts et 92 aides (149 points) en 198 parties.