Les réunions à huis clos au sein des équipes traversant un passage difficile ont souvent tendance à déboucher sur des résultats immédiats. On en a obtenu une nouvelle preuve hier au Centre Bell, gracieuseté du Canadien.

Le problème avec ces réunions, aussi efficaces soient-elles, c’est qu’elles se produisent souvent lorsqu’il est trop tard pour sauver la mise. Et j’ai bien peur que ce soit le cas pour la formation montréalaise.

À court terme cependant, je crois qu’il ne serait pas étonnant de voir le Tricolore connaître un soubresaut, de jouer du hockey plus inspiré et d’engranger quelques points au classement. Il y a eu un éveil du leadership, à commencer par Max Pacioretty et Carey Price, les deux principaux acteurs de la victoire face au Lightning de Tampa Bay. Jeudi, ils ont mené par l’exemple, et le reste du groupe a suivi.

J’ai bien aimé le dynamisme que j’ai vu face aux meneurs au classement général. On a probablement la distribution la mieux équilibrée des habiletés de chacun sur les trios actuels. L’acharnement de Charles Hudon en récupération de rondelle n’est pas passée inaperçue, et celle d’Artturi Lehkonen non plus. C’est pourquoi j’ai l’impression que Claude Julien donnera une chance à ces unités de concrétiser leurs occasions de marquer en buts.

Parce qu’il ne faut pas se leurrer; malgré la victoire et tous les points positifs qu’on peut en retirer, il s’agit d’une autre partie au cours de laquelle l’équipe n’a  généré qu’un but durant les 60 premières minutes de jeu.

N’eut été des prouesses de Price, qui a réalisé des arrêts dignes d’un acrobate de cirque, les beaux efforts déployés par le CH aurait pu se traduire par une autre défaite.

Mais concentrons-nous néanmoins sur ce qu’on peut dénoter de positif.

Cette rencontre a fait ressortir un acharnement qu’on n’avait pas vu récemment, et surtout pas 48 heures plus tôt, dans la gênante défaite subie aux mains des Sharks de San Jose. Maintenant, c’est de trouver de la constance dans l’effort qui sera impératif, même si le fait de grimper au classement s’annonce une tâche colossale.

Pour le capitaine du Canadien, qui cherchait des solutions offensives depuis plus d’un mois, on souhaitait tous voir une implication plus soutenue. Le message est finalement passé, et ça s’est ressenti dès la première présence de Pacioretty sur la patinoire. On a vu un no 67 affamé et déterminé à faire une différence. J’ai été surpris de le voir réussir des jeux en espaces restreints que nous ne sommes pas habitués de le voir effectuer, lui qui préfère généralement profiter des espaces libres pour faire du dommage.

Heureusement pour lui, ses efforts ont été récompensés. Malgré son manque de production, on sentait que les buts allaient venir. Sauf que le manque d’opportunisme, combiné à sa frustration, faisaient en sorte qu’il était incapable de capitaliser. Il est permis d’espérer maintenant que ce sera suffisant pour lui permettre de trouver son erre d’aller, alors que s’amorce dimanche contre Vancouver la deuxième moitié du calendrier.

En même temps, pourra-t-on vraiment lui imposer la totalité du blâme lorsqu’il terminera l’année avec une production offensive moins importante que par les saisons passées?

Une partie de ses insuccès lui était certainement attribuable, mais le fait demeure qu’il n’est pas dans une position idéale.

Autant j’aime la vision du jeu que possède Jonathan Drouin, il ne s’agit pas d’un centre naturel, et la chimie ne s’est jamais installée entre Pacioretty et lui. Je suis aussi d’avis que la relance ne se fait pas aussi aisément que par les années passées chez le Canadien, ce qui empêche les attaquants de profiter de leur rapidité autant qu’ils le souhaiteraient. Le capitaine n’est certainement pas le seul à ressentir les contrecoups de cette relance moins efficace. On n’a qu’à regarder le tableau des pointeurs de l’équipe, qu’Alex Galchenyuk mène avec une maigre récolte de 22 points, pour en avoir la certitude. Tous les joueurs d’avant ont vu leurs statistiques en prendre pour leur rhume en raison des difficultés de la brigade défensive en jeu de transition.

Et tant que Marc Bergevin n’aura pas réparé son erreur en obtenant du renfort afin de renforcer cet aspect du jeu, il y aura des matchs où ce sera très ardu pour les attaquants du CH, même les plus talentueux, de générer des occasions de marquer en contre-attaque.

* propos recueillis par Maxime Desroches