Vous pourrez voir l'entrevue de Chantal Machabée avec Patrick Roy et Mario Tremblay à l'Antichambre, vendredi soir à 19 h 30 sur RDS et RDS Direct.

 

C’est la période des Fêtes en Floride, Patrick Roy vient de terminer sa ronde de golf. Attablé devant une bière au ‘club house’, il aperçoit Mario Tremblay, membre au même club qui discute avec des amis.

 

« J’avais tellement le goût d’aller le voir et de prendre un verre avec lui, de lui dire : Let's go Mario, on se parle, on règle ça! »  
 

« Ça », c’est le froid qu’il y a entre les deux hommes depuis le 2 décembre1995. Vingt-cinq longues années où les anciens co-chambreurs ont brisé une belle amitié et orgueil oblige, n’ont jamais tenté une réconciliation. 

Roy et Tremblay réconciliés le temps d'une pub

 

La blessure était vive chez le gardien de but. On se rappelle tous de ce match où les Red Wings de Detroit ont bafoué le Canadien 11-1, où Patrick Roy a levé les bras vers le ciel au beau milieu de cette dégelée, en réponse aux applaudissements de dérision des amateurs  présents au Forum. 

 

Roy se sentait humilié non seulement par la foule mais surtout par son propre entraîneur. Le supplice a duré jusqu’au 9e but, au 26e tir. 31minutes et 57 secondes de frustration. Une éternité.

 

On n'oubliera jamais le regard assassin de Tremblay envers son joueur, un regard de défi. Roy qui passe devant lui et revient sur ses pas, pour dire à l'oreille du président Ronald Corey qu'il vient de jouer son dernier match dans l'uniforme du Tricolore. Le divorce était prononcé. Il sera échangé quelques jours plus tard et jamais les deux hommes ne s’adresseront la parole.

 

Jusqu’à il y a quelques semaines à Québec. Une offre du Groupe MVP pour tourner une publicité de UberEats a tout changé. « J’ai été un peu surpris quand on m’a fait part de ce projet » explique Mario Tremblay. Ça me faisait un peu penser au commercial de Michel Bergeron et Jacques Lemaire. Nous, on a dit oui tout de suite. C’est le fun de se retrouver et après 25 ans, de passer à autre chose. On se sent plus léger dans tout ça. Il ne faut pas oublier qu’on a vécu ensemble beaucoup plus de bons moments que de mauvais, à part ce match du 2 décembre »,  précise Mario.

 

« Moi j’étais hyper content », enchaîne Patrick, « surtout que Mario avait la même volonté que moi de se rapprocher. J’avais hâte au tournage et j’était content que Mario voulait renouer. Je n’étais pas nerveux, j’avais hâte de vivre cette journée-là. Tout s’est bien passé. On a eu de nombreux fous rires pendant le tournage. Les souvenirs revenaient en tête, nous étions crampés de rire. Le tout s’est fait dans la bonne humeur. Ça s’est fait dans un contexte agréable. »

Un concept qui a du cran!

 

Trois publicités ont été tournées. La première a du cran. Mario et Patrick jouent sur une table de hockey et Mario marque 9 buts contre Patrick. La réplique du gardien est à la hauteur des réponses savoureuses qu’il a donné au cours de sa carrière de joueur.

 

Un peu surprenant que Patrick Roy ait embarqué dans ce concept de l'agence Mosaic qui revenait en quelque sorte sur les incidents qui ont marqué les deux hommes.


« J’étais bien content que finalement le gardien a été capable de gagner deux championnats. Ça finissait quand même bien » raconte le quadruple gagnant de la Coupe Stanley et triple récipiendaire du trophée Conn Smythe en riant.  Il précise : « Je pense que ça va au delà de ca. Les deux on est tanné de parler du 2 décembre 1995. Je pense que c’est une façon de dire qu’on passe à autre chose, qu’il n’y a plus d’animosité entre nous. On a vécu une situation et on ne veut plus la revivre. Ce qui est le fun, c’est qu’on a aussi un message à passer dans la communauté. Avec ce qu’on vit à travers la pandémie, ça peut avoir des effet positifs. On peut en profiter pour faire des rapprochements avec des personnes, des amis, des membres de la famille à qui on ne parle plus. Aujourd’hui, on peut en quelque sorte devenir un modele de ce type de relation-là pour rapprocher les gens. Si nous on est capable de le faire, d’autres aussi peuvent le faire. » 

 

Le directeur général et entraîneur-chef des Remparts de Québec est souriant, on le sent serein. « Je suis en paix. Un de mes amis me dit toujours que je vieillis bien. Je me considère comme un privilégié de la vie. J’ai eu des enfants en santé, je suis grand-père, j’ai eu une belle carrière de joueur et d’entraîneur.  Le hockey est une grande passion qui m’a permis de vivre de belles choses. Je suis très heureux où je suis aujourd’hui et je me considère chanceux », ajoute-t-il.

 

Mario enchaîne : « De mon côté, c’est la même chose. Je suis grand-père de trois petits-fils. C’est le fun de bien vieillir, d’être heureux, d’être bien dans sa peau, d'avoir de bons amis et une famille en santé. Après ça, il n’y a plus grand-chose qui te dérange. »

 

On tourne donc la page sur les événements passé, Mario insiste. « Le 2 décembre va toujours faire partie de l’histoire du Canadien de Montréal, mais les gens vont voir que la hache de guerre est enterrée. Ça va servir à cicatriser les blessures, et c’est parfait ainsi. Je suis bien content. » 

 

Il y a un proverbe juif qui dit : dans l’amitié ménage une petite place pour la brouille et dans la brouille, une autre pour la réconciliation. En voilà un bel exemple! ​