MONTRÉAL – Le montage des buts d’Emil Heineman a déjà circulé abondamment sur les réseaux sociaux, et c’est normal, mais il ne faudrait surtout pas s’attendre à un énorme potentiel offensif de sa part selon un recruteur suédois consulté par le RDS.ca.

 

À défaut de pouvoir s'approprier les services de Jakob Pelletier, Heineman est devenu la quatrième pièce acquise par le Canadien dans la transaction de Tyler Toffoli. Il a récolté 11 buts et 5 aides en 36 parties dans ce qui constitue sa deuxième saison dans la Ligue élite suédoise.

 

Les images qui circulent prouvent que l’ailier de six pieds un pouce et 185 livres possède un excellent lancer et une dégaine rapide. À ce propos, le dépisteur suédois acquiesce.

 

« Sa plus grande force est son lancer et son patin ensuite. Il n’est pas vraiment un fabricant de jeux, son style consiste plus à foncer nord-sud tel un attaquant de puissance », a confié au RDS.ca cette source qui travaille pour un club de l’Association Est de la LNH.  

 

Par contre, il prévient de ne pas trop s’emballer à son sujet.

 

« Il avait connu une excellente saison à son année de repêchage, il a marqué pratiquement un but par rencontre (26 buts en 29 matchs). Ce n’est vraiment pas un juste reflet de son potentiel. Je dirais qu’il est plutôt un ailier de troisième ou quatrième trio. Il doit être alimenté pour marquer des buts », a précisé ce recruteur d’expérience.

 

Heineman a été sélectionné au 43e rang par les Panthers de la Floride et un deuxième recruteur sondé en avait été légèrement étonné. « C’est un joueur qu’on aimait, mais disons qu’il est sorti un peu plus tôt qu’on le prévoyait », a indiqué cet employé d’un club de l’Association Ouest.

 

De manière intéressante, le Canadien a repêché deux joueurs quelques minutes plus tard aux 47e (Luke Tuch) et 48e échelons (Jan Mysak). D’après les informations obtenues par le collègue Pierre LeBrun, le Tricolore tenait grandement à Heineman dans ce pacte.

 

« Ça ne me surprend pas. Je le vois comme un bon ajout dans cette transaction pour le Canadien après le choix de première ronde. Selon moi, il a de très bonnes chances de jouer dans la LNH, mais comme je le disais, je ne vois pas davantage de potentiel qu’un troisième ou quatrième trio. Si le Canadien lui trouve un bon partenaire avec lequel il aura une chimie offensive, il pourrait, au mieux, s’établir comme un ailier de troisième trio qui compte sa part de buts. Il peut devenir un buteur complémentaire », a détaillé le recruteur suédois.

 

Advenant que sa production offensive s’amenuise dans la LNH, ce dépisteur ajoute qu’il parvient à être utile autrement.

 

« Je l’ai vu jouer, il y a deux semaines, et il n’avait pas eu un grand match sur le quatrième trio. Mais même quand il ne marque pas, il remplit un rôle pour son équipe avec son patin et son échec-avant en complétant des mises en échec », a-t-il noté.

 

Toutefois, Heineman ne semble pas avoir convaincu qu'il veuille accepter ce profil. Ce recruteur considère qu’il s’agit, outre sa constance, de la facette sur laquelle il doit travailler.

 

« Ce serait l’acceptation de son rôle pour bien se démarquer dans la LNH. Il accomplit ce mandat présentement, mais il doit développer encore plus de fierté à le remplir », a évoqué le Suédois de manière intrigante.

 

Cette saison, le temps de jeu fort varié de Heineman (entre 6:14 et 18:59) démontre qu’il s’est promené du deuxième jusqu’au quatrième trio du club de Leksands tout en évoluant sur la deuxième unité du jeu de puissance.  

 

On en arrive à la question inévitable. À 20 ans, est-ce que le gaucher devrait poursuivre son développement, pour au moins une autre année, en Suède?

 

« Ça dépend de comment il sera utilisé. C’est important pour le Canadien de déterminer quel rôle il aura la saison prochaine. Il joue surtout sur le quatrième trio présentement et j’aimerais le voir grimper sur le troisième afin d’obtenir plus de temps de glace. De plus, son centre sur le quatrième trio ne le rend pas vraiment meilleur. Si Leksands veut lui confier un rôle accru la saison prochaine, je le laisserais en Suède en 2022-2023. Si ce n’est pas le cas, il serait probablement mieux de se joindre au club-école du Canadien dans la Ligue américaine », a proposé ce recruteur.

 

Car même s’il tempère les attentes à son sujet, le dépisteur suédois considère que Heineman a été très convaincant cette saison. À titre d’exemple, il a déjà marqué quatre buts de plus que la saison dernière en sept matchs de moins.

 

« Sa production est passablement bonne dans le rôle qui lui est confié, j’ai l’impression qu’il a tout accompli ce qu’il pouvait faire cette année », a-t-il jugé.

 

Ce qui semble indiscutable, c’est que le cadet d’une famille de quatre garçons ne manque pas de caractère et il n’a jamais été intimidé d’affronter des athlètes plus vieux.  

 

« Ça fait partie de ses qualités, il est grand et fort. Peu importe la ligue, il joue de la même manière », a vanté le recruteur.