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RÉSULTATS

Un succès sur toute la ligne

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COLLABORATION SPÉCIALE

Le parcours des Canadien en séries a été court, mais malgré une victoire en cinq rencontres, il est impossible de qualifier la saison du CH d'autre chose qu'un succès total.

Lors des deux premiers matchs, Montréal était dans le coup jusqu'à la toute fin contre les Capitals de Washington, la meilleure équipe de l'Est, avec une défaite en prolongation et un revers de deux buts, incluant un dans un filet désert à moins d'une seconde de la fin. Ils ont ensuite dominé leur premier match de séries devant un Centre Bell plein depuis 2017. Et lors du match ultime, ils se sont battus jusqu'à la toute fin, mais Logan Thompson et les Capitals étaient simplement trop forts pour la formation qui, ne l'oublions pas, était 29e en victoires lors des 3 saisons précédentes combinées.

La direction voulait voir sa jeune équipe être « dans le mix », un terme qui a été répété ad nauseam toute l'année, un objectif qui a été non seulement atteint, mais surpassé. À mes yeux, par contre, c'est un autre mantra de la direction qui était encore plus important : la collecte d'informations. Kent Hughes voulait avoir une image plus claire des différentes pièces clés de son équipe et espérait avoir des réponses avant de naviguer un été qui s'annonce crucial pour l'organisation. Qui fait partie du plan à long terme, et où sont les lacunes que Hughes doit chercher à colmater?

Le noyau a répondu à l'appel, ce qui était de loin le plus important dans le processus. Nick Suzuki, Cole Caufield, et Lane Hutson ont tous fait des pas de l'avant et se sont établis parmi les meilleurs de la LNH. Juraj Slafkovsky, malgré un début de saison lent, a atteint le plateau des 50 points pour une deuxième saison consécutive et a su élever son jeu sous les feux des projecteurs en séries, offrant certains de ses meilleurs efforts dans l'uniforme du Tricolore. Kaiden Guhle s'est établi comme un des meneurs à la ligne bleue. Et on a finalement eu la chance de voir Ivan Demidov en Bleu-Blanc-Rouge. Il était loin d'être parfait, mais on a vu quelques séquences impressionnantes, surtout lorsqu'il s'est joint au premier avantage numérique, qui nous donnent un aperçu de son futur très prometteur.

Il y a aussi eu quelques réponses négatives dans le reste de la formation, qui sont tout aussi importantes. Kirby Dach n'est pas la solution au poste de 2e centre et devrait être muté à l'aile s'il est encore avec l'équipe l'an prochain. Alex Newhook a réussi à mieux utiliser sa vitesse en fin de saison, mais il n'arrive pas à capitaliser sur ses chances assez régulièrement pour être une pièce du top-6 à long terme.

Et possiblement la réponse la plus importante : Montréal a encore beaucoup de travail à faire avant d'être considérée comme une des meilleures équipes de la ligue. La fondation est solidement en place avec Suzuki, Caufield, Slafkovsky, Demidov, Hutson, et Guhle, mais les Canadiens n'avaient tout simplement pas la profondeur en place pour rivaliser avec Washington. Martin St-Louis jouait essentiellement à deux trios dans cette série.

Le premier trio a fait son travail et s'est mérité les louanges de Spencer Carbury, l'entraîneur-chef des Capitals, après la série.

« Quand je suis arrivé à Toronto comme adjoint avec les Maple Leafs et qu'on préparait des matchs contre le Lightning de Tampa Bay, toutes nos stratégies étaient basées sur les moyens à prendre pour contrer Brayden Point, Nikita Kucherov et peu importe qui complétait leur trio. Les joueurs sur le banc et les entraîneurs derrière le banc les avaient toujours à l'œil. Nous voulions être prêts à réagir dès qu'ils s'apprêtaient à sauter sur la patinoire. Suzuki et son trio nous obligent à appliquer le même genre d'attention à leur endroit et c'est pour moi le plus beau compliment que tu puisses offrir afin d'illustrer leur importance. », a dit Carbery. C'est tout un compliment, mais ça illustre aussi que les Capitals n'avaient pas vraiment besoin de porter beaucoup d'attention aux neuf autres attaquants dans la formation.

Outre le trio de Christian Dvorak, dont le style de jeu chaotique a créé de belles chances, le reste de la formation des Canadien était absolument anémique lors du premier tour. Pour vous mettre en contexte, parmi les 228 lignes qui ont joué au moins 100 minutes à forces égales en saison régulière, le pire trio de la LNH était celui de Nick Paul, Michael Eyssimont, et Mitchell Chaffee, avec 0,39 but attendu par 20 minutes, et aucun autre trio n'était en dessous de 0,49. En d'autres mots, Montréal a passé une bonne partie de la série avec plus ou moins l'équivalent du pire trio de la LNH sur la glace, du moins offensivement. Et ça a rendu l'entraîneur du Canadien plus dépendant que jamais de son premier trio, et plus particulièrement de Suzuki.

Oui, c'est un petit échantillon contre l'une des meilleures équipes de la LNH, mais ce manque de profondeur est quelque chose d'évident chez le CH depuis plusieurs années déjà, et rien ne l'illustre mieux que le temps de glace de Suzuki. Le capitaine des Canadiens est un véritable guerrier, prêt à prendre autant de chaises que St-Louis le demande. Besoin d'une 2e vague plus dynamique en avantage numérique? Plus de Suzuki devrait faire l'affaire. Un joueur clé en désavantage numérique se retrouve au banc des pénalités? Plus de Suzuki devrait faire l'affaire. Tire de l'arrière avec une dizaine de minutes à jouer? Plus de Suzuki... Vous comprenez l'idée. Cette saison, il est le seul attaquant à avoir disputé au moins 1300 minutes à forces égales, 250 minutes en avantage numérique, et 50 minutes en infériorité numérique, un fait qu'il a accompli lors de chacune des quatre dernières saisons. En fait, depuis 2021-2022, il est 2e chez les attaquants en temps de jeu total.

Suzuki est aussi le seul joueur parmi ce top 5 qui a joué plus de 200 minutes en infériorité numérique (390:26). Il était essentiellement une béquille pour St-Louis, sa solution à tous les problèmes de l'équipe. Et bien qu'il a le talent pour se mériter tout ce temps de jeu, ce n'est simplement pas une stratégie durable à long terme d'en demander autant à un seul joueur, ou un seul trio, soir après soir.

Besoin de renforts

Après la saison qu'a connue le CH et les performances exemplaires de son jeune noyau, il est clair que les attentes l'an prochain seront les plus élevées de l'ère Hughes. Ce sera la première fois de son mandat que rater les séries sera considéré un échec. J'ai confiance en ce jeune noyau, qui a montré qu'il peut élever son jeu quand ça compte, et une saison complète de Demidov pourrait avoir un impact massif sur l'équipe. Malgré tout, les Canadiens ne peuvent pas s'asseoir sur les modestes lauriers d'une présence in extremis aux séries et doivent absolument arriver plus fort l'an prochain.

La priorité est absolument de trouver un centre de 2e trio qui peut enlever un peu de pression des épaules de Suzuki et permettre à Demidov de briller. Il y a quelques vétérans intéressants sur le marché des joueurs autonomes, comme John Tavares ou Matt Duchene, si Montréal cherche une solution à court terme en attendant l'arrivée de Michael Hage. Sinon, Montréal a les 16e et 17e choix au repêchage (à moins que les Flames de Calgary ne remportent la loterie, ce qui donnerait au CH le choix des Panthers de la Floride plutôt que celui des Flames) et une tonne de jeunes joueurs qui pourrait intéresser une autre équipe.

Peut-être qu'une organisation comme le Kraken de Seattle ou les Islanders de New York, qui ont de nouveaux directeurs généraux, pourraient chercher à remodeler leur équipe en échangeant un joueur comme Matty Beniers ou Mat Barzal. Un défenseur droitier pourrait aussi être une option, surtout si l'organisation croit que David Reinbacher serait mieux servi par une saison à Laval. Les Islanders ont encore une fois une pièce intéressante en Noah Dobson, qui a connu une saison difficile et est joueur autonome avec compensation cet été et n'a toujours que 25 ans.

Tout ça n'est que spéculation pour le moment, mais je n'ai aucun doute que Kent Hughes va utiliser son forfait cellulaire à son maximum pour explorer le marché cet été. On le sait, il n'a pas peur de faire une transaction choc et tout semble pointer vers un autre coup d'éclat cet été. Il a les munitions, à lui de trouver la meilleure façon de les utiliser d'ici à octobre prochain pour aider le CH à s'approcher de l'élite de la LNH.