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« Forza! » : Michaël Joly, un artiste à Lugano

Michaël Joly Michaël Joly - Getty
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MONTRÉAL – Michaël Joly n'a « pas à [se] plaindre » de la vie qu'il mène à Lugano.

« C'est sur le bord de l'eau, il fait chaud, et il n'y a presque pas d'hiver. »

Surnommée le « Monte-Carlo de la Suisse » pour son rang de troisième centre financier au pays, son climat méditerranéen et ses paysages envoûtants en bordure du lac Lugano, une étendue d'eau située à l'intersection des alpes suisses et de l'Italie, cette destination est prisée des touristes.

Lugano

En compagnie de sa conjointe Laura et de leur Golden Retriever Kovu, l'attaquant québécois a toutefois choisi de s'établir à l'extérieur du centre-ville lorsqu'il s'est joint cet automne au HC Lugano, un club de première division de la Ligue nationale suisse.

« On est à 10-15 minutes de la ville dans un petit quartier, c'est ben tranquille. Nous, ça fait notre affaire. On a une belle vue et on va tout le temps se promener en arrière où il y a des fermes parce qu'on peut laisser le chien se promener sans laisse.

« Et si on veut aller souper en ville, on peut prendre le char. »

C'est lors de ces soirées dans la plus grande ville italophone du pays que l'ancienne vedette de l'Océanic de Rimouski constate tout l'amour que ses résidents vouent à leur équipe no 1, mais aussi à leurs vedettes locales.

« Je ne suis pas dur à reconnaître – je suis bronzé et j'ai toujours la même moustache –, alors ils me reconnaissent souvent. Ils me disent tout le temps "Forza!". En gros, ça veut dire "Let's go Lugano" », traduit le Gatinois de 28 ans qui dit commencer à se débrouiller en italien.  

Si Joly ne passe pas inaperçu dans les rues de Lugano, ce n'est cependant pas qu'en raison de ses traits physiques singuliers. C'est avant tout par ses prouesses sur la patinoire qu'ils se distinguent aux yeux de ses nouveaux fans, qui le surnomment affectueusement « l'Artiste » pour sa série d'œuvres d'art réalisées au fil de la campagne.

« Tout le monde capote »

À Lugano, Joly a non seulement séduit un nouveau public, il a surtout trouvé le défi qu'il recherchait après deux saisons couronnées de succès en Finlande. Avec le HPK Hämeenlinna, il a notamment été élu joueur par excellence de la Liiga l'an dernier après avoir terminé le calendrier régulier au sommet du classement des meilleurs pointeurs.

« La Suisse, c'est là que je voulais aller dès que je suis arrivé en Europe. Quand j'ai reçu l'offre, je n'ai pas pris grand temps pour l'accepter. Surtout quand j'ai su que c'était Lugano. »

Pariant sur ses habiletés, Joly s'est amené avec un contrat d'une seule saison en poche, confiant de pouvoir faire sa place au sein d'un club qui ne peut faire jouer qu'un maximum de six joueurs étrangers.

« J'ai fait la même chose en Finlande », fait-il remarquer. « Je veux juste jouer au hockey. Je suis capable de vivre et d'être heureux n'importe où. Je vais être capable de m'en sortir, peu importe où je joue. »

La transition dans une nouvelle ligue, la plus compétitive après la KHL de l'autre côté de l'Atlantique, n'a pas été sans écueils pour celui qui a joué 143 matchs dans la Ligue américaine et 148 dans l'ECHL avant de délaisser le système nord-américain.

« Au début de l'année, ça n'allait pas bien. Après 10 games, j'avais récolté deux points. Le directeur général a appelé mon agent pour lui demander : "Qu'est-ce qui se passe?". Mais je n'étais pas stressé, je me disais ça va venir, attends. Je joue bien, je suis intense, ça va débloquer. Et maintenant, tout le monde capote. »

Dans le bon sens du terme, heureusement. Muté à un trio complété par le capitaine Calvin Thürkauf, une sélection des Blue Jackets de Columbus en 2016, et l'ancien du Canadien de Montréal Daniel Carr, Joly a amassé 19 buts et 27 passes en 43 matchs. Cette récolte de 46 points le place au quatrième rang des meilleurs pointeurs du circuit suisse, à un point du troisième échelon et neuf du premier, détenu par Thürkauf.

« À mes deux premiers mois en Finlande, j'ai eu de la misère aussi. Je m'en sortais mieux qu'ici, mais ce n'est pas avant mes deux ou trois premiers mois en Finlande que j'ai vraiment débloqué. À la fin de l'année et la saison suivante, j'ai explosé. »

Rassurée par le rendement de son attaquant étoile, la direction du HC Lugano s'est empressée le 22 décembre dernier de lui offrir une prolongation de contrat de deux saisons assortie d'une troisième année d'option.

« Si tu me fais jouer de la bonne manière et que tu me laisses m'adapter, tu vas réaliser à quel point je peux être productif. C'est ça que Lugano a réalisé. Ils ne voulaient pas me perdre. »

Le jour même de l'annonce de la signature de sa nouvelle entente, les performances de Joly étaient de plus récompensées par une invitation à participer à la Coupe Spengler au sein de la sélection canadienne.

« Ce n'est pas les Olympiques, mais c'est quand même Team Canada. Pour un jeune qui vient du Québec, c'est quand même gros », apprécie celui qui a alors défendu les couleurs de son pays pour la première fois en carrière, aux côtés de plusieurs anciens de la LNH.

« Je n'ai pas besoin qu'on valide mon talent. Mais de voir que quelqu'un le voit, que le monde commence à le voir ici en Europe, [ça fait du bien]. »

« Je suis le genre joueur qui, une fois que tu joues avec moi, tu réalises que, OK je suis fort. C'est vrai, je ne niaise pas. Je parle à des gars qui ont joué dans la LNH qui me disent tout le temps tu es trop fort pour être ici. Je me le suis fait dire par des coachs aussi. »

Joly affirme ne pas avoir fait une croix sur un retour éventuel en Amérique du Nord, mais seulement si un contrat à un volet dans la LNH lui était offert. « C'est mon rêve depuis que je suis petit. Mais je n'ai pas besoin d'y penser en ce moment. Je suis bien. »

Il n'a « jamais eu un aussi bon contrat » en carrière, il évolue dans une ville enchanteresse pour un club et des partisans qui l'apprécient, et il performe. Rien pour se plaindre.