LAVAL – Toutes les conditions semblaient rassemblées pour que Benoît Groulx offre un premier départ à Nicola Riopel mercredi soir contre le Rocket de Laval.

 

Le vétéran de 28 ans ronge son frein depuis qu’il a été rappelé par le Crunch de Syracuse le 30 décembre. Il n’a foulé la patinoire que pendant une petite période, samedi dernier, dans une cause presque perdue d’avance contre les Comets d’Utica.  

 

Parce que le petit passage à vide de celui qu’il seconde coïncidait avec la visite de son équipe dans la région montréalaise, et aussi parce que le Rocket n’est pas nécessairement considéré comme une puissance de la Ligue américaine, le moment semblait propice pour récompenser Riopel avec une première titularisation. Mais Groulx a décidé d’ignorer les signes et a plutôt réitéré sa confiance envers le jeune Connor Ingram même si celui-ci traversait une série de trois défaites. 

 

« C’est mon numéro 1, avait tranché l’entraîneur lorsque questionné au sujet de sa décision avant la rencontre. Nos trois prochains adversaires sont des rivaux de division. Ce sont des matchs importants pour nous et c’est Connor qui va les jouer. »

 

L’intuition du coach ne l’a pas trompé. En soirée, son jeune homme masqué a repoussé 25 lancers pour ramener son équipe sur le sentier de la victoire.

 

Mais Ingram n’a pas toujours eu la confiance inconditionnelle de Groulx. En novembre, ses performances, tout comme celles du vétéran Michael Leighton, étaient si décevantes que l’organisation du Lightning a jugé bon faire l’acquisition de Louis Domingue. La recrue de 20 ans avait alors subi cinq défaites à ses six premières décisions.

 

« Je ne comprenais pas trop ce qui se passait, c’était la première fois qu’une telle chose m’arrivait, racontait le sympathique gardien avant d’affronter le Rocket. Avec le recul, ça a été une bonne expérience. C’était un pas de recul nécessaire dans mon apprentissage. »

 

Domingue a eu un impact positif presque instantané avec le Crunch, gagnant sept matchs de suite après avoir échappé la victoire à ses deux premières sorties. Aux yeux de Groulx, la présence du cerbère québécois a eu un effet stabilisateur sur son jeune adjoint.

 

« Il a pris beaucoup de maturité en peu de temps. Quand tu commences dans la Ligue américaine et que ton équipe ne gagne pas, et que toi non plus tu ne gagnes pas, ce n’est pas évident. Mais les victoires qu’on a accumulées avec Louis dans les filets lui ont enlevé de la pression. En regardant Louis Domingue jouer, il a eu un modèle positif devant lui. »

 

Groulx a vu les premiers signes de cette métamorphose à la fin novembre dans un match contre le club-école des Penguins de Pittsburgh pour lequel, il l’avoue lui-même en riant, il ne donnait pas cher de la peau de son équipe. Ingram avait réalisé 30 arrêts dans un gain de 4-3, la troisième de ce qui allait être une série de dix victoires pilotée principalement par Domingue.

 

« On finissait une séquence difficile et Connor avait été extraordinaire, se remémore Groulx. Cette victoire-là, un dimanche après-midi à Wilkes-Barre, nous a donné beaucoup de confiance et l’équipe a pris son envol par la suite. »

 

Un mois après cette victoire marquante, Domingue a été rappelé par le Lightning, laissant à son dauphin un siège du conducteur tout chaud. Ingram a répondu en orchestrant sa propre séquence victorieuse, alignant six gains en l’espace de deux semaines.

 

« Il s’est retrouvé tout seul, mais il était prêt à prendre le flambeau, constate fièrement Groulx. On a gagné neuf matchs de suite et ça n’aurait jamais été possible sans lui. Il a vraiment démontré qu’il était passé à un autre niveau. »

 

À l’approche de la pause du match des étoiles, le représentant du Canada au Championnat du monde junior de 2017 se classe avantageusement parmi les gardiens recrues de la Ligue américaine. Sa moyenne de buts alloués de 2,63 le place au quatrième rang parmi les cerbères de première année et son pourcentage d’arrêts de ,902 au septième rang.

 

« Sa vitesse, aujourd’hui, n’est plus un défaut, évalue Groulx. Quand il est arrivé dans cette ligue, je pense qu’il avait de la difficulté avec la vitesse du jeu en général. Il avait besoin de temps. Là, on voit que dans les parties où il est à son meilleur il fait les bonnes choses facilement. »