Le Lightning de Tampa Bay nous a habitués au fil des dernières années à mettre la main sur des joueurs de qualité sortis de nulle part… ou presque.

 

Après les Tyler Johnson et Yanni Gourde qui n’ont jamais été repêchés et les Ondrej Palat (7e ronde en 2011), Cédric Paquette (4e ronde en 2012), Brayden Point et Anthony Cirelli (3e ronde en 2014 et 2015) voilà que le Québécois Mathieu Joseph s’ajoute à la liste des belles trouvailles des recruteurs du Lightning.

 

Choix de 4e ronde – 120e sélection – de la cuvée 2015, l’ailier de 21 ans originaire de Laval est fébrile à l’idée de disputer un premier match à Montréal, contre le Canadien. À moins d’un changement de dernière minute, Joseph réalisera ce rêve samedi alors que le Lightning fera sa première escale de la saison au Centre Bell.

 

« Disons que je réalise plusieurs rêves depuis le début de l’année, mais je dois admettre que le match de samedi sera vraiment spécial. Jouer à Montréal, au Centre Bell, contre le Canadien, le club que j’ai suivi durant toute mon enfance, alors que mes parents, mes amis seront dans les gradins, ce sera vraiment particulier. J’ai déjà eu la chance de jouer au Centre Bell dans le cadre du Championnat du monde de hockey junior. Mais un match du samedi soir, contre le Canadien, ce sera vraiment spécial », lance Joseph au cours d’un entretien avec RDS jeudi.

 

Mathieu Joseph pourrait marquer son premier but dans la LNH samedi. Après 12 rencontres cette saison, il ne revendique qu’une passe.

 

C’est peu pour cet ailier qui a marqué 15 buts et récolté 53 points en 70 matchs l’an dernier – quatrième rang chez les recrues de la Ligue américaine – à Syracuse dès sa première année professionnelle. C’est peu aussi quand on considère qu’il a récolté 73 et 80 points à ses deux dernières années dans les rangs juniors avec les Sea Dogs de Saint John dans la LHJMQ.

 

Mais ce ne sont pas les statistiques offensives qui ont ouvert les portes du vestiaire du Lightning l’automne dernier à Joseph. C’est sa vitesse.

 

« Pour être bien honnête, je ne m’attendais pas du tout à ce Mathieu nous force la main cette année. On avait de bons rapports sur ses performances l’an dernier avec notre club-école. Mais lorsqu’il est arrivé au camp, il nous a vraiment surpris par sa progression. La qualité générale de son jeu est bonne. Mais sa vitesse est son arme de prédilection. Je ne pouvais pas me passer d’un gars aussi rapide. Il peut changer le cours de chacune de ses présences avec cette vitesse. Il est encore en apprentissage. Il devra produire aussi. Mais pour nous assurer de compter sur sa vitesse, nous serons patients et prendrons le temps nécessaire pour bien le développer », expliquait l’entraîneur-chef John Cooper après la victoire de 1-0 du Lightning aux dépens de l’Avalanche du Colorado à Denver le 24 octobre dernier.

 

Jeudi, à Tampa, dans un revers de 4-1 aux mains de Pekka Rinne et des Predators de Nashville, Mathieu Joseph n’a pas récolté de point. Ses compagnons de trio – son centre Anthony Cirelli et le vétéran Alex Killorn – ont obtenu des passes sur le seul but du Lightning : marqué par le défenseur Slater Koekkoek. Mais Joseph a malgré tout été élu deuxième étoile de la rencontre à titre de seul joueur décoré de son équipe.

 

Si Jon Cooper ne s’attendait pas à diriger Mathieu Joseph dès cette année, le principal intéressé a été surpris lui aussi lorsque le directeur général Julien Brisebois l’a convoqué pour lui faire part de la bonne nouvelle.

 

« Comme n’importe quel joueur, je me suis présenté au camp avec l’intention de percer l’alignement. Mais même en donnant tout ce que je pouvais, je ne me disais pas que c’était cette année ou jamais. Je voulais bien faire, mais j’étais prêt à aller apprendre encore cette année à Syracuse avec Ben – Benoit Groulx – comme entraîneur », expliquait Joseph, jeudi.

 

En raison de son statut, Mathieu Joseph pourrait être cédé sans avis et surtout sans avoir à être soumis au ballottage au club-école s’il n’offrait pas au Lightning les performances qui lui ont permis de faire le saut avec l’équipe. Il le sait très bien et c’est pour cette raison qu’il prend les bouchées doubles même si cela ne se traduit pas par des statistiques éloquentes.

 

« Je suis très heureux de l’opportunité que j’obtiens. Mais je sais très bien que je dois travailler, afficher une bonne éthique et respecter la structure imposée pour rester avec le gros club. J’ai la chance de jouer au sein d’un trio régulier. Je m’entends très bien sur la glace – et hors de la patinoire aussi – avec Cirelli et Killorn. On communique bien ensemble. Je sais que je dois d’abord et avant tout me concentrer sur ma défensive et la qualité de mon échec avant », ajoute l'athlète de 21 ans.

 

Parce qu’il a évolué quatre ans dans la LHJMQ, Mathieu Joseph connaissait Benoit Groulx à titre d’entraîneur-chef des Olympiques de Gatineau. Il connaissait aussi sa réputation de coach exigeant. Parfois dur. À Syracuse l’an dernier, il a pu mettre en parallèle la réputation et la réalité.

 

« C’est vrai que Benoit est exigeant. Il l’est beaucoup même. Et il m’a fallu un peu d’adaptation avant de bien le connaître et le comprendre. Pour faire le saut des rangs juniors au hockey professionnel, il faut apprendre à former notre caractère et c’est clair que Benoit est bon pour former le caractère de ses joueurs. Mais Benoit ne se contente pas seulement de demander, il explique aussi. Et au fil de la saison, j’ai compris que lorsqu’il en demandait plus et qu’on répondait à ses demandes, on obtenait aussi comme équipe et comme joueur de meilleurs résultats. »

 

Écoulant la deuxième année de son premier contrat professionnel, Mathieu Joseph n’est pas encore un millionnaire du hockey. Bon! Il pourrait acheter des billets pour tous ses parents et amis qui prendront le Centre Bell d’assaut samedi sans risquer une faillite personnelle. Mais le jeune homme a évité le pire à ce chapitre.

 

« Je ne suis pas le seul à avoir hâte au match de samedi. Quand j’ai fait le club à la fin du camp, la majorité des membres de ma famille et de mes amis ont tout de suite acheté des billets pour mon premier match à Montréal. Ça réduira mes dépenses pour samedi. Mais même si ce sera plaisant de revenir à Montréal et surtout de jouer à Montréal contre le Canadien, je dois surtout me concentrer sur le match et sur mes performances. J’aurai le temps de voir tout mon monde après la partie. »