Chaque début de saison présente son lot de défis pour une équipe de hockey. Pour la direction, non seulement faut-il compléter l’évaluation du personnel des joueurs au terme du camp d’entraînement pour identifier ceux qui formeront le groupe, il faut aussi placer et gérer les attentes. Pour le personnel d’entraîneurs les premières semaines commandent une quête d’équilibre entre les résultats et le processus. Je m’explique. Si la victoire permet de ne pas se sortir de la course aux séries dès le mois d’octobre, dans la LNH, elle n’est soutenable qu’en assurant une façon de faire constante et efficace. Or, avant de devenir efficace, cette manière de faire les choses risque de rencontrer des embûches. Beaucoup d’entraîneurs chevronnés nous diront qu’ils ont besoin de quatre à six semaines pour « mettre leur équipe à leur main ».

C’est avec cette idée en tête que j’affirme, après cinq petites rencontres, que le début de saison des Canadiens est convaincant. Bien sûr, le fait de récolter sept points sur une possibilité de dix a de quoi réjouir tout le monde, mais c’est vraiment dans la façon d’obtenir ces résultats que se trouve la solution à long terme.

Si l’échantillon de parties en saison régulière est encore trop petit pour parler d’un club de séries, il devient plus intéressant et plus probant quand on regarde au-delà des sommaires. C’est depuis le jour un du camp d’entraînement qu’on s’affaire adéquatement chez le tricolore. En fait, c’est depuis le fameux post mortem d’une saison désastreuse que les bottines suivent les babines. Et je ne parle pas ici de l’expérience client. Et puis, au fond, j’en parle aussi parce que l’expérience pour la grande majorité des clients commence avec le sentiment da fierté que ceux-ci sont en mesure de ressentir envers leurs favoris.

Tout d’abord il y a cette humilité, qui certes s’impose suite à la saison passée, mais qui est ressentie et qui a permis une réelle introspection au sein de la haute direction, du personnel d’entraîneurs et du groupe de leaders de la formation. Le résultat nous montre un directeur général qui ne tente pas de cacher ses erreurs du passé mais bien de les corriger; un entraîneur qui a modifié sa philosophie vers une transition plus rapide qu’il n’a jamais employée avec des joueurs en mouvement qui ne respectent pas forcément les traditions du hockey conservateur des gloires du passé; et des joueurs qui adhèrent à une pensée collective sans égards aux succès individuels au sein d’un groupe uni. Pas si mal comme première quinzaine de jours!!!

Ensuite, il y a tout ce qui entoure une organisation de la LNH. Récit d’un épisode anodin à première vue mais qui en dit long sur des habitudes perdues à Montréal. À bord du vol nolisé vers Toronto pour le premier match de la saison, surprise, tous les joueurs y sont, même les blessés. Au premier soir à l’étranger, un souper de groupe. Tout le monde y est inclus. Y compris le nouveau capitaine, même si sa date de retour au jeu est dans deux mois. Et pas de cachettes par l’organisation, on le dit avec fierté. Parce que, considérez-moi naïf si vous voulez, c’est avec des actions comme celle-là qu’on ne fait pas juste parler d’attitude mais qu’on la façonne. Par ses actions quotidiennes depuis quelques mois, autant sur la glace qu’à l’extérieur, le Canadien développe donc sa propre personnalité.

Maintenant, il y aura nombre d’obstacles sur la route pour l’édition 2018-2019. Le principal défi sera probablement de rester uni comme groupe et de garder l’accélérateur au plancher lorsque l’adversité se pointera, parce qu’elle se pointera, c’est une garantie. Tout ceci se produit normalement lorsqu’un groupe est prêt à passer à un niveau d’excellence jamais atteint ensemble. Et pour que les astres soient ainsi alignés on ne parle plus d’attitude ou de personnalité mais bien d’identité propre, d’ADN et de culture. Et pour forger une culture, seul le temps.