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RÉSULTATS

Cooley, Slafkovsky et les inévitables comparaisons

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MONTRÉAL – On se doutait de ce qui s'en venait en voyant passer des bribes de ses prouesses dans les rangs universitaires. Le but renversant qu'il a marqué à son premier match préparatoire avec les Coyotes de l'Arizona, en Australie, aurait pu servir de confirmation. Mais en même temps, ce n'était que ça, un match préparatoire.

Puis il y a eu cette fois où il a sorti John Gibson de ses culottes sur un tir de pénalité et cette passe à l'aveuglette directement sur la palette de Nick Schmaltz contre les Devils. Après neuf matchs, l'échantillon est maintenant assez grand pour qu'on se sente à l'aise de l'affirmer : Logan Cooley est une recrue d'exception dans la Ligue nationale.

À quelques heures de son premier match contre le Canadien, les comparaisons entre le joueur de centre des Coyotes et Juraj Slafkovsky sont, qu'on le veuille ou non, inévitables. On ne dresse pas le bilan d'un repêchage après 16 mois. Néanmoins, il est difficile d'imaginer que Cooley ait pu être à ce point écarté des débats au moment où les noms de Shane Wright et de Slafkovsky dominaient la plupart des simulations avant l'encan amateur de 2022.

Joint par RDS dans sa chambre d'hôtel d'Anaheim, où les Coyotes affrontaient les Ducks mercredi avant de revenir accueillir le CH à la maison, Cooley était plus ou moins intéressé par ces théories révisionnistes. Les prédictions qui précèdent un repêchage, a-t-il noté, sont avant tout une fabrication des médias. Son souhait à lui, à l'époque, était simplement d'être sélectionné dans le top-5.

Ceci dit, il finit quand même par avouer que son premier match contre le Canadien aura une signification particulière. Que sa fibre compétitive le poussera sans doute à vouloir faire de l'ombre à celui qui lui a été préféré un soir de juillet sur l'estrade du Centre Bell. 

« Ce n'est pas quelque chose qui m'obsède. Mon but en sautant sur la glace ce soir-là ne sera pas de leur montrer qu'ils ont fait une erreur. Je vais simplement pratiquer le sport que j'aime et le faire pour les Coyotes de l'Arizona, l'équipe qui a cru en moi. J'essaie juste d'aider cette équipe à gagner. »

« C'est sûr qu'une petite partie de moi [voudra montrer au Canadien qu'il a fait une erreur]. Ça va me passer par la tête, mais rien de trop fou. »  

Comparaisons

Les données compilées par Sportlogiq (celles-ci n'incluent pas le match d'hier soir entre les Coyotes et les Ducks) soutiennent ce qu'il est possible d'observer en syntonisant simplement un match. Si Cooley trouve le moyen de coller la rondelle sur la lame de son bâton, une longue liste de possibilités risque de s'ouvrir dans les secondes qui suivent à ses compagnons de trio.

« En seulement huit matchs, il se place déjà parmi les meilleurs fabricants de jeu de la LNH, concluaient nos partenaires spécialistes des statistiques avancées. L'échantillon réduit est évidemment à prendre avec un grain de sel, mais Cooley excelle avec la rondelle sur son bâton en zone offensive. »

Pour chaque tranche de 20 minutes passées sur la patinoire, à forces égales comme sur les unités spéciales, Cooley est parvenu à compléter environ trois passes à un coéquipier dans l'enclave. Cette moyenne le place aux portes du top-10 parmi tous les joueurs de la LNH ayant été utilisés pendant au moins 50 minutes. Sur la même échelle de temps, le jeune joueur de centre passe 56 secondes en possession de la rondelle en zone offensive, bon pour le 18e rang dans la LNH.

Sans surprise, ces chiffres le placent au-dessus de Slafkovsky dans presque toutes les catégories répertoriées. L'espoir du Canadien, toutefois, affiche une amélioration claire dans le secteur offensif comparativement à sa saison recrue.

  Logan Cooley Juraj Slafkovsky
Temps possession en zone offensive 0:56* (18e)** 0:38 (107e)
Passes complétées vers l'enclave 3,1 (11e) 0,93 (258e)
Passes complétées en zone offensive 16,9 (32e) 9,7 (226e)
Tirs de l'enclave 0,74 (324e) 0,62 (346e)
Buts attendus 0,10 (412e) 0,13 (361e)
Entrées de zone 7,2 (12e) 5,9 (36e)

* moyenne par tranche de 20 minutes, toutes situations confondues, avant les matchs de mercredi
** rang parmi les joueurs ayant un minimum de 50 minutes jouées (585 joueurs qualifiés)

Imperfections

On attendra quand même avant de décrire Cooley comme étant la réincarnation d'Adam Oates. La perfection n'étant pas de ce monde, il ne serait pas responsable de prétendre que l'ancienne vedette de l'Université du Minnesota fait même s'en approcher.

Parmi ses points à travailler, on remarque que le petit gars de Pittsburgh a la gâchette hésitante près des gardiens adverses. Pour ses six passes décisives, il n'a jusqu'ici décoché que neuf tirs. L'ajout de cette corde à son arc lui permettrait sans doute d'être encore plus imprévisible dans son expression créative.

Hier, justement, une superbe percée vers le filet des Ducks lui a permis d'enfiler son premier but en carrière.

Comme plusieurs jeunes surdoués, son jeu défensif peut aussi laisser à désirer. Cooley a goûté au ras-le-bol de son entraîneur André Tourigny vendredi dernier. Dans une défaite amère contre les Kings de Los Angeles, il n'a quitté le banc que deux fois en troisième période. Dans les explications de l'entraîneur, on a compris que ses efforts n'étaient pas aussi sentis lorsque son équipe tentaient de regagner la possession de la rondelle.

« Personne ne veut rester assis sur le banc, surtout quand ton équipe tire de l'arrière et a besoin d'un but pour revenir dans le match. Mais ce sont des choses qui arrivent quand on ne livre pas le meilleur de soi-même, on ne mérite pas d'être envoyé dans la mêlée. C'est un peu ça qui m'est arrivé. »

Cooley a joué comme un jeune qui avait compris le message quand les Coyotes ont reçu la visite des Blackhawks de Chicago quelques jours plus tard. Il a fourni une aide, affiché un différentiel de +3 et joué pendant près de 18 minutes dans une dégelée de 8-1.

« Il faut mériter ce qu'on vise obtenir dans cette ligue, rien ne nous est offert sans effort. C'est la leçon que je suis en train d'apprendre. [André et moi] avons eu une bonne discussion. Si je fais les choses correctement, je vais jouer. »

Au-delà de la présence de Slafkovsky dans le camp adverse, un affrontement contre le Canadien est potentiellement alléchant pour Cooley. Même si elle se maintient en milieu de peloton au niveau des buts encaissés depuis le début de la saison, la troupe de Martin St-Louis est parmi les pires de la LNH pour protéger le bas de sa zone défensive. Seul le travail de ses gardiens lui permet jusqu'ici de limiter les dégâts.

Voyons si, dans ce contexte, l'étincelante recrue saura tirer son épingle du jeu jeudi soir.