Draisaitl a finalement tenu parole
FORT LAUDERDALE – Leon Draisaitl avait promis une meilleure performance des Oilers.
« Nous formons un groupe soudé qui sait rebondir après une mauvaise performance. On s'est fait poivrer l'autre soir – revers de 6-1 encaissé lundi – alors qu'on a joué un mauvais match et qu'ils en ont disputé un très bon. L'occasion est belle de niveler les chances. On a juste à prendre les moyens pour y arriver », que Draisaitl avait lancé aux journalistes après l'entraînement matinal de son équipe.
Le même message qu'il avait lancé à ses coéquipiers pour briser le lourd silence qui régnait dans le vestiaire après le cuisant revers des Oilers lors du match numéro trois. Ou la victoire convaincante des Panthers selon votre allégeance.
Après une période, Draisaitl était loin de tenir promesse. Ses coéquipiers? Ils étaient plus loin encore.
Car après 20 minutes de jeu, Draisaitl et ses Oilers perdaient 3-0. Ils jouaient mollement. Ils jouaient mal. Pis encore, ils venaient d'aider la cause des Panthers qui étaient loin d'avoir besoin d'aide en leur offrant trois attaques massives de suite.
Ça faisait dur. Non! Ça faisait pitié.
Cette finale grandiose amorcée avec un échange de victoires acquises en prolongation ne semblait malheureusement plus qu'une formalité.
Non seulement les Oilers semblaient prêts à perdre le match pivot qui devait pourtant les aider à revenir dans la finale, ils ne semblaient pas même intéressés à le gagner. Ils semblaient même résignés à remettre la coupe Stanley dans les mains de leurs adversaires pour une deuxième année de suite.
L'arrêt de Pickard a tout changé
Lorsque Ryan Nugent-Hopkins a marqué en début de deuxième, lorsqu'il a déjoué Sergeï Bobrovsky d'un tir aussi puissant que précis, personne dans le Amarent Bank Arena n'y a accordé une grande importance.
De fait, les partisans étaient plus intéressés à trouver dans quelles loges étaient assis Taylor Swift et Travis Kelce ou Jaromir Jagr qu'à se demander si leurs favoris pourraient vraiment gaspiller leur avance de 3-0.
Et puis Boum!
Parti en échappée en direction du filet, l'excellent Anton Lundell a été frustré par Calvin Pickard venu en relève à Stuart Skinner.
Car oui! Skinner a été gardé au banc après 20 minutes de jeu. Il avait été le meilleur joueur des Oilers au premier tiers. Le seul actif en fait comme le confirmaient les 14 arrêts effectués sur les 17 tirs cadrés par les Panthers. Des Panthers qui en avaient décoché 33 au total. Soit plus du double – 15 dont sept de cadrés – que les Oilers.
On ne le savait pas encore, les joueurs des Panthers et leurs partisans non plus, mais cet arrêt allait tout changer. Comme quelques autres que Pickard allait plus tard réaliser.
Au lieu de se retrouver avec un recul de trois buts pour la deuxième fois du match et d'avoir toutes les raisons au monde d'abandonner, les Oilers ont pris leur rythme.
Darnell Nurse a marqué. Il n'était pas encore temps de croire à une remontée miraculeuse, mais… quand Vasily Podkolskin a nivelé les chances, tout est soudainement devenu possible tant les rôles étaient maintenant inversés.
Troisième prolongation en quatre matchs
Quand les Oilers ont pris les devants en troisième – puissant tir frappé de Jake Walman – il était difficile de croire que les Oilers avaient trouvé une façon de marquer quatre buts de suite.
Il était plus difficile encore de comprendre comment les Panthers avaient trouvé une façon d'encaisser quatre buts de suite.
Je cherchais toujours à comprendre lorsque, avec 20 secondes à faire, Sam Reinhart a créé l'égalité et envoyé le match en prolongation.
Comment diable les Oilers ont pu encaisser ce coup? Comment ont-ils pu revenir sur la glace et amorcer avec un brin de confiance une troisième prolongation en quatre matchs depuis le début de la grande finale?
« C'était décevant, mais on était dans une bien pire situation après la première période. On se disait que si on avait effacé un recul de trois buts, on était bien capable d'aller en marquer un en prolongation », qu'a expliqué Darnell Nurse après la victoire des Oilers.
Car oui! Les Oilers ont gagné.
Et c'est finalement Leon Draisaitl qui a fait la différence pour la deuxième fois de suite en prolongation. Pour la quatrième fois depuis le début de séries. C'est effectivement un nouveau record de la LNH.
Leon Draisaitl a donc finalement tenu promesse.
« Cette équipe ne lâche jamais. On l'a prouvé encore ce soir. Nous n'avons pas disputé la première période qu'on anticipait. Corey [Perry] a pris la parole pendant l'entracte. Quand il parle, on écoute et on suit ses directives », que Draisaitl a assuré.
Qu'est-ce que Perry a dit au juste?
« Je n'entrerai pas dans les détails, mais ce gars-là a gagné tout ce qu'il y a à gagner. Il a vécu toutes les situations possibles dans le hockey. Il sait ce qui doit être fait pour gagner. Ce n'est pas le genre de gars à se lever et à crier tout le temps. Mais quand un gars comme lui prend la parole, ça t'interpelle. C'est un grand leader. »
Encore Pickard!
Si les mots de Perry ont guidé les Oilers vers une autre remontée victorieuse en séries – la huitième depuis le début des séries, la deuxième en grande finale – et que le troisième but de Leon Draisaitl en prolongation depuis le début des séries lui a permis de tenir promesse, Calvin Pickard les a grandement aidés.
Car en plus de son arrêt aux dépens de Lundell en début de deuxième, Pickard a sauvé le match en prolongation en faisant dévier un tir de Sam Bennett sur la barre horizontale.
« Je croyais avoir la rondelle dans ma mitaine, mais quand j'ai entendu la réaction de la foule j'ai réalisé que je l'avais manquée », a raconté le gardien avec un petit sourire de satisfaction au visage.
Plus tôt en prolongation, les Oilers ont eux aussi frappé un poteau au terme d'une mêlée devant la cage de Sergeï Bobrovsky. Gustav Forsling a ensuite dégagé la rondelle en la bottant avec son patin gardant les Panthers en vie... jusqu'au but de Draisaitl.
Avec les 22 arrêts qu'il a réalisés sur les 23 tirs affrontés, Calvin Pickard n'a pas seulement sauvé la cause des Oilers. Il a sans doute repris possession du filet. Comme il l'avait fait après être venu en relève à Stuart après son catastrophique début de séries en première ronde face aux Kings de Los Angeles.
Pickard est parfait (7-0) depuis le début des séries. Les Oilers n'ont d'autre choix que de maintenant tout miser sur lui. Du moins, il me semble.
Maurice détourne l'attention
Les Panthers affichent une confiance désarmante depuis le début de la finale. Elle était toujours très palpable dans leur vestiaire après la défaite.
« Personne n'aime gaspiller une avance de trois buts, mais on va tirer les leçons nécessaires du match de ce soir et revenir plus fort lors du prochain qui heureusement arrivera plus vite », a indiqué le défenseur Aaron Ekblad.
Oilers et Panthers se croiseront effectivement dès samedi, au Rogers Place, à Edmonton, au lieu d'avoir une pause de deux jours entre les matchs quatre et cinq.
Si les joueurs des Panthers semblaient bien calmes, leur entraîneur-chef Paul Maurice semblait l'être tout autant.
Il a détourné l'attention du gaspillage de trois buts dont ses joueurs se sont rendus coupables, en soulignant le très grand niveau de hockey offert par les deux équipes.
« Le spectacle est sensationnel. C'est merveilleux pour le hockey et pour les amateurs. Le jeu est ultrarapide. Très serré », que Maurice a insisté.
Pas sûr qu'il se disait la même chose en analysant la remontée des Oilers avec ses adjoints dans son bureau, mais bon!
Quant à Kris Knoblauch, il a reconnu que les hauts et les bas qui se sont succédé au cours du quatrième match avaient de quoi étourdir. « Je suis épuisé », a admis l'entraîneur-chef.
Entre les lignes
- Les Oilers sont devenus la septième équipe seulement dans l'histoire à avoir gagné un match en finale de la coupe Stanley après avoir tiré de l'arrière par trois buts ou plus dans cette rencontre. Les Hurricanes (2006), les Penguins (1992), les Flyers (1987) le Canadien (1944), les Maple Leafs (1936) et le Canadien (1919) sont les autres. La Caroline, Pittsburgh et Montréal (en 1944) ont aussi finalement soulevé la coupe Stanley…
- C'est la huitième fois dans l'histoire de la LNH qu'au moins trois matchs se décident en prolongation lors de la grande finale…
- C'est la quatrième fois seulement dans l'histoire de la LNH que trois des quatre premiers matchs d'une grande finale se décident en prolongation : les Hawks et les Bruins l'ont fait en 2013, le Canadien et les Kings en 1993, le Canadien et les Leafs en 1951 et le Canadien et les Bruins en 1946…
- La troisième prolongation opposant les Oilers et les Panthers depuis le début de la série était la centième de l'histoire de la LNH en finale de la coupe Stanley...
- Leon Draisaitl est devenu le cinquième joueur de l'histoire de la LNH à marquer au moins deux fois en prolongation en finale de la coupe Stanley. Il suit Maurice Richard (3 fois), Don Raleigh (2) Jacques Lemaire (2) et John LeClair (2). Raleigh, LeClair et Draisaitl sont les seuls à avoir marqué ces buts au cours d'une même finale...