« Honnêtement, je ne vois pas comment je pourrais jouer à nouveau dans la Ligue nationale. C’est impossible, lance Jason Pominville sans hésiter. Il n’y a pas une équipe qui va signer un gars qui n’a pas joué depuis avril 2019. »

Le 6 avril 2019, sans tambour ni trompette, Jason Pominville a donc vraisemblablement disputé le dernier match d’une très belle carrière dans la LNH. Deux jours plus tôt, il avait marqué pour la dernière fois devant ses partisans, à Buffalo.

« J’aurais aimé ça jouer l’an passé, mais je n’étais pas prêt à aller n’importe où. Le bassin d’équipes où j’étais disposé à aller n’était pas super grand. À mes yeux, ça ne valait pas la peine de déménager ma famille à l’autre bout des États-Unis pour un contrat d’un an avec le risque de me faire échanger quelques mois plus tard. Le côté familial était plus important », explique le Québécois.

Sans dire qu’il a attendu un coup de fil tout au long de la saison, le vétéran de 37 ans admet qu’il a quand même gardé la forme tout l’hiver.

« Je serais assez en assez bonne condition pour pouvoir jouer, mais je suis réaliste. À l’âge que j’ai et avec une ligue qui rajeunit, je retomberais dans la même situation que l’an passé », raconte celui qui a été capitaine des Sabres pendant deux saisons. Et en plus, l’attaquant québécois ne cache pas qu’il a beaucoup apprécié sa vie au cours des derniers mois.

« Dans le passé, ma femme filmait les parties de hockey de notre fils Jayden avec son téléphone. Elle faisait la même chose avec notre fille Kaylee-Rose à la gymnastique. Cette année, j’ai pu voir toutes les compétitions de ma fille et j’ai coaché mon garçon au hockey. J’étais sur la glace pour chaque entraînement et derrière le banc à chaque partie. C’était vraiment le fun d’être plus présent avec mes enfants .»

Rien ne presse pour une annonce officielle

Lundi, deux ans après ses derniers coups de patin dans le circuit Bettman, Joel Ward a annoncé sa retraite. Il a choisi de le faire dans un texte très intéressant publié sur le site The Players Tribune.

Pominville ne semble pas ressentir le besoin de parler de retraite de façon officielle. « Je ne suis pas obligé de le faire. Les joueurs annoncent leur retraite si ça leur tente. Tu peux arrêter de jouer pis c’est tout! Quand le temps viendra d’expliquer tout ça et de faire une déclaration, j’en ferai une si je me sens à l’aise avec ça », explique-t-il tout simplement. Cette façon de penser et de voir la vie, ça cadre parfaitement avec l’homme qu’il est. Suffit de connaître un peu Jason pour savoir qu’il n’a pas besoin des feux de la rampe pour être heureux.

N’empêche que lorsqu’il prendra le temps de poser un regard sur sa carrière, il sera fier de son long parcours de 14 saisons. Repêché au 55e rang en 2001, le « p'tit gars de Repentigny » a amassé 727 points dans la LNH. Seuls Jason Spezza et Ilya Kovalchuk choisis respectivement deuxième et premier de l’encan ont fait mieux que lui. Et en ce qui concerne les parties disputées, seulement cinq joueurs issus de cette cuvée ont atteint le plateau des 1,000 parties. Dan Hamhuis vient au premier rang avec 1 148 devant Spezza à 1 123 et Pominville suit, pas très loin derrière, à 1 060.

« Je n’ai pas pris le temps de penser à ça, mais je suis fier de ce que j’ai fait. J’ai toujours pris ça à cœur, je me suis toujours préparé de la bonne façon et j’ai toujours tout donné pour m’améliorer et prolonger ma carrière. Je suis content, surtout quand je regarde d’où je suis parti, car j’ai eu à travailler fort pour me rendre à la Ligue nationale. Un coup rendu là, j’ai démontré que j’étais prêt à travailler fort, à prendre un rôle de leadership et faire partie de bonnes équipes. J’ai joué avec de bons joueurs, j’ai été chanceux et je suis vraiment reconnaissant. »

Jamais de discussions avec Montréal

En septembre dernier une rumeur concernant Pominville a vite fait le tour de la métropole. Selon ce qui se racontait à gauche et à droite, son agent Normand Dupont était en discussion avec Marc Bergevin. Après tout, le directeur général du Canadien s’était empressé de faire une offre à Nate Thompson quelques mois plus tôt, un joueur honnête, mais qui n’avait marqué cinq buts dans chacune des deux dernières saisons. Il était réaliste de croire que le patron du Tricolore aurait été intéressé par un gars de chez nous, un spécialiste de la défense qui venait d’en mettre 16 dedans lors de chacune des deux dernières années?

« C’est certain que j’aurais aimé ça jouer pour le Canadien, ne cache pas Pominville. Je n’ai jamais été joueur autonome, car j’ai toujours signé des prolongations de contrats avant la fin de toutes mes ententes. L’été passé, c’est la seule fois où j’aurais pu signer avec Montréal, mais il n’y a jamais eu de pourparlers. J’ai reçu un paquet de messages textes en septembre dernier, car il y a eu beaucoup de rumeurs, mais on ne s’est jamais parlé. »

Heureux à Buffalo

Toujours en excellente relation avec toute l’organisation des Sabres, Pominville file le parfait bonheur à Buffalo avec son épouse Kim et leurs deux enfants. Comme bien des gens, ils se retrouvent actuellement en confinement, et comme plusieurs parents, ils accompagnent du mieux qu’ils peuvent leur fils et leur fille en faisant l’école à la maison.

« C’est certain que c’est inquiétant, mais on fait tout notre possible pour ne pas sortir de la maison. Nos enfants sont jeunes, mais ils comprennent ce qui se passe. Normalement ils jouent toujours dehors avec les petits voisins, mais là ils ne sortent pas de la cour. Ils ne demandent même pas pour aller les voir alors qu’habituellement c’est la première affaire qu’ils nous demandent! »

Les Pominville n’écartent pas la possibilité de rentrer au Québec et reprendre leur vie ici puisqu’ils possèdent toujours une maison à Repentigny. Mais il y a un peu de sable dans l’engrenage. Même si les deux parents et les deux enfants possèdent la citoyenneté canadienne et américaine, il serait impossible pour Jayden et Kaylee-Rose d’intégrer une école anglaise. « Notre fils parle très bien français et notre fille a un petit accent. Le problème c’est au niveau de la lecture et de l’écriture puisqu’ils ont toujours étudié en anglais. Ça complique un peu notre décision. »