BOCA RATON - Après une croisade personnelle de plus de cinq ans, Ken Holland a finalement obtenu gain de cause. Le directeur général des Red Wings de Detroit a convaincu ses 29 homologues de la LNH d’accepter à l’unanimité le principe de jouer à trois contre trois en prolongation afin de réduire le nombre de parties qui se décident en tirs de barrage.

Le commissaire explique les recommandations

« Tu peux qualifier ça de victoire personnelle, mais c’est surtout une victoire pour le hockey », a indiqué Ken Holland après la deuxième journée de la réunion printanière des directeurs généraux en Floride.

Si le principe du trois contre trois est accepté, il n’est pas encore établi de quelle façon il sera appliqué. « Nous saisirons l’Association des joueurs de la volonté de la Ligue et des directeurs généraux d’aller de l’avant avec le principe. L’Association des joueurs nous fera ensuite des propositions qui seront débattues au comité de compétition l’été prochain », a expliqué le commissaire Gary Bettman.

La proposition finale sera finalement entérinée par les gouverneurs qui endossent lors de leur réunion se déroulant au cours de la finale de la coupe Stanley les changements de règlements en vue de la prochaine saison.

Les 30 équipes de la LNH pourraient donc évoluer à trois contre trois en prolongation dès l’an prochain.

« J'aime ce que la LAH fait en ce moment »

« Je suis d’accord avec le principe du trois contre trois, mais j’aimerais que la prolongation débute encore à quatre contre quatre », a indiqué le directeur général du Canadien Marc Bergevin.

Plusieurs scénarios différents ont été proposés : ils vont d’un principe de jouer les cinq minutes actuelles de la prolongation à trois contre trois plutôt qu’à quatre contre quatre, jusqu’au scénario à l’essai cette année dans la Ligue américaine.

Après que trois minutes soient écoulées en prolongation, les deux équipes évoluent ensuite à trois contre trois dès le prochain arrêt de jeu. Quand il y a arrêt de jeu.

« Je ne sais pas si on devrait prolonger à sept minutes et simplement faire sonner la sirène pour stopper le jeu après trois minutes, trois minutes et demie ou quatre minutes afin de changer à trois contre trois. La décision finale viendra plus tard. L’important, c’est que le principe soit passé », a convenu Doug Armstrong le directeur général des Blues de St Louis.

Essai concluant dans la Ligue américaine

Armstrong est l’un des DG qui se sont finalement ralliés à la cause de Ken Holland cette année.

« J’ai voté contre l’an dernier et je considère encore que les tirs de barrage ont leur place dans la LNH. Après tout, il y a encore bien plus de tirs de pénalités accordés en saison et de buts marqués sur des échappées que de temps passé à trois contre trois. Mais la volonté de réduire le nombre de séances de tirs de barrage était évidente autour de la table. En plus, j’ai vu beaucoup de matchs de la Ligue américaine et je dois admettre que le principe qu’ils appliquent en bas m’a convaincu du bien-fondé de voter en faveur cette année », a ajouté Armstrong.

La fusillade demeure

Bien qu’il ait remporté sa croisade, Ken Holland maintient que les tirs de barrage ont leur place et qu’ils la garderont.

« C’est spectaculaire, les partisans adorent ça et je ne veux pas les abolir. Je trouvais juste qu’il y en avait trop. On a adopté des mesures l’an dernier pour mousser les buts marqués en prolongation. Le principe de gratter la glace avant les prolongations avec les zambonis a échoué. Ça prenait beaucoup de trop de temps et ça freinait l’élan des matchs. Les changements de côté ont rendu les changements de joueurs plus difficiles à compléter, mais les résultats ne sont pas venus. Nous avons encore seulement 43 % de nos matchs qui se décident en prolongation. Il fallait changer. Le fait que le trois contre trois ait eu autant d’impact dans la Ligue américaine – le taux de matchs décidés en prolongation est passé de 35,3 % à 76,3 % – m’a aidé à convaincre tout le monde. Le fait que des Ligues européennes aient aussi adopté ce principe a milité en faveur du changement », a poursuivi Ken Holland.

Jeu ouvert et échappées

Le jeu à trois contre trois favorisera les équipes rapides, les joueurs de talent. Tout mauvais changement effectué au banc, ou couverture défensive ratée offrira des occasions de marquer à deux contre un et des échappées. Un principe qui devrait sourire au Canadien.

« Je n’analyse pas ce changement en fonction de mon équipe ou de mes joueurs, mais en fonction du bien de la Ligue au complet. Je ne sais pas quel genre de club j’aurai dans cinq ans. Et nous ne sommes pas éternels alors que le principe lui restera », a ajouté Marc Bergevin.

Il sera maintenant intéressant de voir comment les entraîneurs-chefs géreront le jeu à trois contre trois. Miseront-ils sur trois attaquants? Deux défenseurs?

« Ça ouvre la porte à plein de stratégies et c’est ce que j’aime. Est-ce que les entraîneurs pourront concocter des plans défensifs capables de freiner les élans malgré l’espace disponible sur la patinoire? Ils vont certainement essayer. Mais ce que je sais, c’est qu’une erreur mènera automatiquement à une occasion de marquer et plus souvent à des buts », a continué Ken Holland.

Le directeur général des Red Wings a ensuite esquissé un large sourire lorsque je lui ai fait remarquer qu’il serait ironique que plusieurs buts décisifs en prolongation soient dorénavant marqués lors d’échappées. « Ça va arriver, c’est certain. Mais quand cela arrivera, il y aura un joueur en poursuite de celui en échappée. Ça ressemblera plus au vrai hockey », a répliqué Ken Holland.

Matchs plus longs, contrats plus lucratifs

Des représentants de l’Association des joueurs débarqueront mercredi matin dans la salle où sont réunis, depuis lundi, les directeurs généraux et l’état-major de la LNH.

Il sera intéressant de voir si l’Association des joueurs s’opposera à un ajout de quelques minutes au cadran pour la durée de la prolongation afin de protéger ses membres. Particulièrement les joueurs d’élite qui seront les plus sollicités.

« Ce thème sera certainement abordé. Cela dit, les buts étant plus faciles à marquer à trois contre trois et également portés aux fiches individuelles des joueurs, je crois que plusieurs joueurs seront intéressés par ce nouveau système. Car ces buts potentiels en prolongation pourraient faire passer leur fiche personnelle de 27, 28 ou 29 buts en une saison à 35 et plus. Avec les conséquences monétaires que cela pourrait avoir sur les futurs contrats. Disons que cet argument servira la cause du changement », a plaidé Doug Armstrong.