Alors que s’amorce une pause que tous souhaitent salutaire, les Canadiens se retrouvent dans une position avantageuse quelque peu inattendue alors qu’on entamait pourtant une phase de « reset ».
 

Si le plan initial commandait fort probablement une mise en valeur de certains vétérans pour qui les contrats approchaient de leur échéance, dans le but avoué de les laisser aller en retour de choix au repêchage ou encore de joueurs plus jeunes, la haute direction doit peut-être aujourd’hui changer son fusil d’épaule.

 

Je ne parle pas ici de devenir un acheteur compulsif sur le marché des transactions, mais bien de reconsidérer le plan initial dans la mesure où les vétérans près de l’autonomie ont désormais une utilité plus grande à l’intérieur même de l’organisation montréalaise, alors que s’amorce la véritable course aux séries.

 

Le principal concerné ici est Jordie Benn. Le défenseur à caractère défensif était certes pressenti pour changer d’adresse à la date limite alors qu’il deviendra joueur autonome sans compensation à la fin de la saison. Il devenait un bon candidat pour amener de la profondeur chez une équipe qui aspire aux grands honneurs. Et Marc Bergevin aurait été bien mal avisé de ne pas considérer recevoir un choix au repêchage en retour, aussi loin soit-il, dans la mesure où il y avait un surplus à la ligne bleue du tricolore et que les pièces du casse-tête semblaient facilement interchangeables.
 

C’est là que tout a changé.

 

Quelques mois plus tard, plusieurs arrières ont vu leur noms soumis au ballotage sans être réclamés. D’autres, comme Victor Mete et Brett Kulak, ont pris du gallon après un passage avec le Rocket de Laval. Et, évidemment, le retour en santé du grand leader, Shea Weber, est venu stabiliser un groupe de défenseurs plus efficace que flamboyant.

 

De tous ces mouvements de personnel, un constat : la stabilité acquise est payante.
 

Avec Weber et Jeff Petry qui donnent à chaque match une cinquantaine de minutes de qualité du coté droit dans toutes les situations, Jordie Benn est devenu pour moi indispensable pour les dix minutes restantes et les missions défensives spécifiques peu importe le côté où il évolue pour s’en acquitter. Il porte renfort à gauche en infériorité numérique et en situations corsées telles les fins de périodes et les avances à protéger.

 

Bref, son rôle lui va à merveille et ce ne sont pas les David Schlemko, Karl Alzner et autres Noah Juulsen qui sont prêt à le remplir. Le vétéran de 31 ans donne du temps aux jeunes défenseurs comme Juulsen, Cale Fleury ou Josh Brook de se developper, et permet à son DG d’être patient sans tout chambouler. C’est pareil comme le luxe que procure Antti Niemi devant le filet, puisque force est d’admettre que Charlie Lindgren n’est pas encore à la hauteur de la LNH.

 

Un choix de quatrième tour, c’est bien pour le futur d’une organisation. Une présence en séries de fin de saison c’est encore mieux pour élever un jeune groupe au sein d’une équipe qui valorise une culture de gagnants.

 

Ceci dit, Marc Bergevin doit demeurer à l’affût, comme il le fait, pour améliorer le côté gauche de la défensive. Une transaction dans la même veine que celle qui avait amené Jeff Petry à Montréal avant de lui faire signer une entente à long terme serait la bienvenue.

 

Et alors, sans se dégarnir de jeunes espoirs ou de choix au repêchage de qualité, la Sainte-Flanelle pourra se frotter les mains en participant au tournoi printanier sans avoir dérogé d’un plan pour lequel bien peu d’observateurs étaient enthousiastes il y a peu de temps.