MONTRÉAL – Mavrik Bourque ne raffole pas du pelletage. Le métier de fermier n’est peut-être plus pour lui, mais il ne se défilera pas des corvées de nettoyage.

 

Son dernier travail scolaire maintenant remis, l’attaquant des Cataractes de Shawinigan est à la disposition de son père, qui incarne avec son frère la septième génération à exploiter la ferme laitière familiale.

 

« Quand j’étais jeune, j’avais l’intention de reprendre ça plus tard, mais j’ai développé le goût de juste jouer au hockey. [...] À partir du Midget AAA, j’ai été en pension et je ne pouvais plus trop aller à la ferme. C’est là que le goût [de diriger un jour la ferme] a disparu un peu. »

 

Le désir s’est peut-être dissipé, mais pas le bagage agricole, la fondation sur laquelle reposent les succès du jeune joueur de centre originaire de Plessisville.

 

« Ça exige beaucoup de discipline. Il faut se lever tôt le matin, tu es obligé d’y aller puisque tes vaches doivent se faire traire. C’est un peu comme le hockey et les entraînements. Ne pas aller au gym le matin serait comme un échec pour moi. »

 

La Ferme J.B. Bourk, les Cataractes et le club qui le sélectionnera au prochain repêchage de la LNH pourront donc toujours compter sur Bourque, et ce sans qu’on lui fasse un dessin.

 

« Il est droit et il est respectueux de tout le monde. Les deux ans que je l’ai eu, à 16 et 17 ans, c’était le meilleur joueur de l’équipe. Mais quand tu le regardais, est-ce qu’il avait la tête enflée? Zéro pis une barre », dépeint Daniel Renaud, qui a dirigé Bourque à ses deux premières saisons dans la LHJMQ avant d’être remercié en février dernier.

 

« Mavrik, c’est le genre de gars que tu veux comme meilleur ami. Un gars fidèle », résume-t-il.

 

Comme pilier offensif, il n’est pas mal non plus. Dès ses débuts dans le circuit Courteau, après avoir été la troisième sélection au total du repêchage de 2018, Bourque a vite prouvé qu’il pouvait devenir la ressource offensive vers qui les Cataractes allaient se tourner au fil des saisons à venir.

 

« Il jouait sur le premier trio et il a fini meilleur buteur de l’équipe avec 25 buts à 16 ans seulement. Faut le faire », souligne Renaud, qui dirige dorénavant les Foreurs de Val-d’Or.

 

Jouer moins, jouer mieux

 

À sa deuxième campagne, Bourque a renoué avec le rôle qu’on lui avait confié un an plus tôt. Au sein d’une formation relativement jeune qui avait conclu la saison précédente au 16e rang du classement général, il a pris l’attaque sur ses épaules, amassant 29 buts et 42 passes en 49 rencontres avant de se blesser à un bras.

 

« Il avait un mandat clairement offensif. Il fallait qu’il fasse la différence offensivement », relate Renaud, qui n’hésitait pas à employer son jeune protégé dans toutes les situations. « Mavrik, il te force la main à toujours lui en donner plus. »

 

« C’est un kid qui prend vraiment honneur à réussir dans toutes les missions, développe-t-il. À moment donné, j’ai moi-même dû me contrôler et limiter son temps de jeu parce que je le mettais sur tout; le jeu de puissance, le désavantage numérique, à 5 contre 5, sur une mise en jeu en zone défensive... »

 

Si bien qu’en début de saison, Bourque pouvait parfois jouer jusqu’à 25 minutes par match.

 

« À 17 ans et contre les meilleurs défenseurs et les meilleures lignes adverses, c’était réellement trop [...] », reconnaît Renaud, qui a n’a pas tardé à retrancher de 3 à 4 minutes au temps de jeu de son joueur étoile à son retour de la Série Canada-Russie.

 

« Je me souviens, quand je suis parti à la [Série Canada-Russie], je me sentais très fatigué au moment de mon départ. Pendant ce temps-là, c’était une semaine sans match pour mon équipe, alors que moi j’étais dans les Maritimes. Quand je suis revenu, je me sentais vraiment épuisé. J’avais joué à Victoriaville le samedi et le dimanche j’étais supposé jouer à Chicoutimi, mais j’avais des maux de tête et des maux de ventre. J’ai juste pris le temps de me reposer et après ça les minutes ont diminué. Je jouais davantage des minutes de qualité. »

 

À son retour au jeu le mardi suivant à domicile contre les Sea Dogs de Saint John, Bourque récoltait 1 but et 4 passes dans le huitième de 16 matchs consécutifs avec au moins un point.

 

« Le trois minutes de moins que je jouais, ça paraissait, note l’athlète de 5 pi 11 po et 171 lb. J’avais une plus grande constance durant mes matchs. Ça m’a aidé à connaître un bon mois de novembre. »

 

Dans les trois mois qui ont suivi, avant que la COVID-19 ne lui fauche son retour au jeu, Bourque n’a connu qu’une seule séquence de deux matchs sans amasser de points, épatant son entraîneur et les dépisteurs de la LNH par son habileté à élever le jeu de tous ceux qui l’entourent.

 

« Il voit la glace un peu comme s’il était accroché au toit de l’aréna, illustre Renaud. Il voit des jeux que personne dans l’aréna n’est capable de voir; non seulement les joueurs au niveau de la glace, mais aussi le monde au balcon. [...] Sa vision périphérique est juste incroyable. »

 

« Sa créativité, sa vision, son sens du hockey, ses mains... C’est un gars qui est à la base un fabricant de jeu, mais quand il décide de shooter, il a le compas dans l’œil. C’est une combinaison intéressante », évalue un éclaireur de la LNH sondé par le RDS.ca.

 

« Le problème avec Mavrik, c’est qu’il n’est pas fort physiquement, ajoute ce même recruteur. Je pense que c’est un gars qui va prendre un peu plus de temps [à se développer], mais avec plus de force, il a le potentiel d’être un joueur de centre no 2. »

 

C’est le temps de pelleter.

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