MONTRÉAL – Nicolas Roy n’oubliera pas de sitôt la saison 2019-2020. Pas seulement car il s’agit de sa première avec l’organisation des Golden Knights de Vegas et qu’il a eu la chance de compléter un trio avec Max Pacioretty et William Karlsson, mais aussi parce qu’il a été impliqué dans plus de 30 renvois et rappels avec le club-école.

 

Pourtant, Roy est bien le dernier à s’en plaindre. Après tout, il a déjà disputé 29 matchs dans la LNH cette saison avec Vegas tandis qu’il avait dû se limiter à sept petites auditions avec les Hurricanes de la Caroline en deux saisons préalablement.

 

Il conserve d’autant plus le sourire puisqu’il a récolté cinq buts et cinq mentions alors que son temps d’utilisation a grimpé en flèche. En effet, le nouvel entraîneur des Golden Knights, Peter DeBoer, s’est tourné vers lui pour remplacer Mark Stone sur l’unité complétée par Karlsson et Pacioretty.

 

Franc comme il est capable de l’être, Pacioretty a même déclaré aux médias affectés à la couverture du club que Roy possède « bien plus de potentiel offensif que je pouvais le croire et que personne s’imaginait dans notre vestiaire ».

 

Nicolas Roy, William Karlsson et Max Pacioretty« C’est sûr que c’est vraiment agréable d’entendre ça de la part d’un joueur de sa trempe. Disons que c’est assez spécial de jouer avec lui et Karlsson dernièrement. Mais ils m’aident vraiment beaucoup, ils me font confiance sur la glace et je l’apprécie pleinement », a commenté Roy, au RDS.ca, qui s’assure de récupérer les rondelles pour eux tout en pouvant compléter leur créativité offensive.

 

Disons que cette occasion en or compense pour les interminables déplacements qui ont ponctué le quotidien de Roy. À force de voir passer son nom sur la liste des joueurs cédés et rappelés, on s’imagine que les Knights ont procédé de manière « administrative » quelques fois. Et bien non, Roy a véritablement effectué le voyagement chaque fois. À un point que personne ne pourrait le blâmer d’oublier dans quel fuseau horaire ou quelle ville il est rendu.

 

Prenons le dernier exemple sur sa liste. Après un autre fort match avec les Knights lundi soir à Edmonton, il a été cédé une énième fois le 10 mars. Il est allé s’entraîner avec les Wolves à Chicago comme c’est devenu son habitude et il a été rappelé le 11 mars. Ce n’était donc pas étonnant de procéder à l’entrevue alors qu’il s’apprêtait à partir rejoindre les Golden Knights à Minneapolis via un autre vol d’avion.

 

Évidemment, personne ne s’amuse à faire voyager Roy que pour le plaisir. On assiste plutôt à une gestion extrêmement serrée du plafond salarial par l’équipe du Nevada. Vous pouvez trouver ici plusieurs détails à ce sujet, mais notons que l’organisation économise près de 4000 $ par jour qu’il passe dans la Ligue américaine au lieu de la LNH. Ainsi, une somme de plus de 300 000 $ a été épargnée dans son dossier. Cette approche a d’ailleurs permis aux Knights de pouvoir absorber les coûts du renfort déniché (Robin Lehner, Alec Martinez et Nick Cousins) à la date limite des transactions.

 

« C’est beaucoup de voyagement, c’est sûr, mais je suis capable de très bien dormir dans l’avion donc ça m’aide beaucoup », a d’emblée rigolé Roy, qui n’a pas hérité d’un surnom particulier pour le taquiner à ce sujet.

 

« Oui, c’est un peu difficile surtout mentalement, mais ma saison va super bien malgré tout et je crois que l’organisation est contente de moi. Ça fait partie de la game et, si c’est ce que ça prend pour jouer dans la LNH cette année, je n’ai aucun problème avec ça », a poursuivi le Québécois de 23 ans qui n’est pas le premier joueur du circuit Bettman à se faire imposer ce manège.

 

Il était tout de même logique que les dirigeants des Knights discutent de la situation avec l’ancien pilier des Saguenéens de Chicoutimi.

 

« Ils me l’ont expliqué un peu au début, voici les raisons. Ils n’ont pas à me l’expliquer davantage. Au final, je veux aider l’équipe le plus que je peux et si je peux aussi le faire de cette façon, ce n’est pas la fin du monde », a jugé le colosse de six pieds quatre pouces et 200 livres qui a été acquis des Hurricanes en juin dernier en retour d’Erik Haula.

 

Inspiré par Mark Scheifele

 

Fort d’un bagage de deux saisons complètes dans la Ligue américaine, Roy a développé ses atouts et ça se confirme cette année. À ses yeux, le progrès se situe avant tout dans son efficacité quand il patine avec la rondelle.

« Ça fait une grosse différence, ça va super bien à ce niveau dans la LNH. Je suis plus fort et plus rapide quand j’ai la rondelle. C’est  bon pour mon jeu », a constaté le droitier qui a bénéficié des conseils d’une vraie petite équipe pour afficher cet aplomb. Il s’agit de Josianne Domingue, une kinésiologue, Roger Boutin du Centre athlétique de Val-d’Or, Ryan DuPraw consultant en power skating des Hurricanes de la Caroline,  Pascal Daoust de Profil Hockey à Val-d’Or et Alexandre Chénier. ​

 

Nicolas RoyPlus mature physiquement, il se sent prêt à exprimer davantage son talent offensif dans la LNH, un volet qui demeure méconnu sauf au Québec où il a exposé cette facette dans la LHJMQ.

 

« Oui, je pense que je suis rendu à cette étape. Je commence à le démontrer de plus en plus dernièrement. Ça vient avec le fait que l’équipe me fait confiance. J’ai même obtenu du temps en avantage numérique et je joue dans le top-6. J’ai eu des occasions et c’est juste à moi de continuer de démontrer ce que je peux faire », a confié le patineur originaire d’Amos.

 

Les prochaines saisons lui permettront de raffiner son arsenal et c’est en regardant un excellent modèle qu’il s’inspire.

 

« J’ai joué dernièrement contre Mark Scheifele des Jets et c’est vraiment un joueur que j’aime regarder. On parle d’un joueur offensif et complet aussi, il a vraiment de belles habiletés », a évoqué Roy qui a été souvent opposé au trio de Scheifele pendant ce duel.

 

S’il poursuit sa courbe de progression cet été, il ne retournera pas dans la Ligue américaine de sitôt. Dire qu’il aurait pu épargner tant de précieux temps si le club-école des Knights s’était installé à Las Vegas cette année au lieu de l’an prochain.