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Même blessée, Ambrose est une présence rassurante

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UTICA, New York – Pendant que ses coéquipières se concentrent, s'activent et s'échauffent en vue du prochain match, Erin Ambrose patine en périphérie avec un entraîneur-adjoint. Pendant que son équipe dispute les premiers matchs de son histoire sur la glace du Nexus Center de l'Université d'Utica, la défenseuse de 29 ans observe des gradins.

« Ça me ronge de l'intérieur de ne pas pouvoir être en uniforme », rageait-elle calmement mardi après un entraînement matinal.

Ambrose est contrainte de vivre à distance les balbutiements de l'équipe montréalaise dans la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin. En novembre, elle s'est blessée en participant au premier volet de la Série de la rivalité qui oppose les équipes nationales canadienne et américaine. Elle vient tout juste de recommencer à chausser les patins et se dit optimiste d'être remise sur pieds à temps pour le début de la saison le 2 janvier à Ottawa.

En attendant, son rôle au sein de l'équipe construite par Danièle Sauvageau n'en est pas moins primordial.

Ambrose est la doyenne d'une brigade défensive relativement jeune. Après une défaite contre New York en match préparatoire cette semaine, plusieurs ont prôné la patience en citant notamment la présence dans la formation de trois défenseuses sans expérience au hockey professionnel. En effet, Madison Bizal, Maude Poulin-Labelle et Mariah Keopple évoluaient toutes dans les rangs universitaires américains la saison dernière.

Ambrose, le choix de première ronde de Montréal au repêchage de la LPHF, a plus de 80 matchs d'expérience en club. Avec l'équipe nationale canadienne, elle a participé quatre fois au Championnat du monde et une fois aux Jeux olympiques. Elle a même dirigé une de ses coéquipières, Brigitte Laganière, pendant trois saisons à l'Université Concordia. Ça donne une idée du statut qui est le sien dans son nouveau vestiaire.

Au fil de son parcours déjà bien rempli, la vétérane a rencontré des embûches, des déceptions, des épisodes d'anxiété, de découragement et de grands questionnements. Ce n'était pas le résultat d'un match hors-concours qui allait la déstabiliser. C'est exactement là où elle peut être utile à son équipe en attendant de pouvoir mettre l'épaule à la roue sur la patinoire.

« Dans la LNH, personne ne va tuer la Une parce qu'une équipe conclut son calendrier présaison invaincue, relativise-t-elle. Le plus important présentement, c'est qu'on soutire un enseignement de tout ce qu'on rencontre sur notre parcours. Ce qui est bon, ce qui est mauvais, ce qui est plus laid encore, tout ce qu'on traverse fait partie de la réalité d'un athlète professionnel. Même au début de la saison, l'objectif sera bien sûr de commencer sur les chapeaux de roue, mais ça n'arrivera peut-être pas. Le plus important sera de progresser selon les barèmes qu'on aura établis à l'interne. »

En apparence réservée, Ambrose se décrit comme une coéquipière qui n'a pas la langue dans sa poche. Elle aime attaquer les problèmes de front, mais elle veut aussi que les recrues qu'elle a prises sous son aile sentent qu'elles peuvent se tourner vers elles dès qu'elles rencontreront un problème qui aurait échappé à son écran radar.

« Le plus dur pour moi présentement, c'est de ne pas pouvoir prendre pleinement le pouls de l'équipe. Je n'ai pas encore ressenti la dynamique sur le banc pendant un match, par exemple. Mais je sais aussi qu'il y a plein d'autres filles dans le vestiaire qui sont capables de trouver les bons mots et de montrer l'exemple. »

L'apport de Desbiens

L'une d'elles est Ann-Renée Desbiens, qui a elle aussi vécu la première portion du camp au ralenti en raison d'une blessure. La gardienne vedette était officiellement de retour devant son filet mardi contre Boston. Ce n'est probablement pas une coïncidence si son équipe a livré une performance beaucoup plus aboutie que la veille.

Après une victoire de 3-1, l'entraîneuse Kori Cheverie a notamment souligné le don que possède sa portière pour faciliter la vie de ses défenseuses grâce à son agilité en maniement de rondelle.

« Ça fait plusieurs années que je joue avec les mêmes filles, donc il va falloir communiquer, apprendre à se connaître, des petites choses comme ça, a reconnu Desbiens. C'est certain qu'en début de saison, on va peut-être faire des erreurs, mais on va apprendre et on va s'améliorer. C'est toujours le fun de voir les prochaines joueuses qui vont avoir un impact à long terme sur le hockey féminin. »

Desbiens affirme qu'il n'est pas dans sa nature d'être une leader volubile, mais qu'elle tente présentement d'ajouter cette corde à son arc.

« C'est ce que [nos jeunes défenseuses] me demandent. Si je peux les aider à gagner en confiance ou leur faire savoir qu'elles sont à la bonne place, si c'est ce dont elles ont besoin, je vais le faire. Oui, mon travail est d'arrêter les rondelles, mais c'est aussi de mettre tout le monde autour de moi en confiance. Mon but, c'est de les rendre assez à l'aise pour qu'elles puissent être libres de jouer comme elles le désirent. »