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RÉSULTATS

Derrière son sourire, le calme rassurant de Jacob Fowler

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GÖTEBORG, Suède – L'entraînement venait de se terminer et Jacob Fowler avait le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Venait-il d'apprendre qu'il serait devant le filet des Américains le lendemain contre la Suisse? Un coéquipier lui avait-il montré la dernière vidéo virale sur TikTok? Se moquait-il subtilement de l'anglais un peu fatigué des deux journalistes devant lui?

On ne le saura jamais, mais il y a de fortes chances qu'on soit dans le champ avec toutes ces hypothèses. Fowler, a-t-on appris de sources sûres, n'a pas besoin d'une raison en particulier pour montrer ses belles dents blanches.

« Je dirais qu'il a souvent un sourire dans la face », constate David Carle, l'entraîneur-chef de l'équipe nationale des États-Unis.

« Il sourit tout le temps », confirme son coéquipier Lane Hutson en ne pouvant s'empêcher de lui-même placer ses lèvres en demi-lune.

Ceux qui ont suivi les actualités du plus récent repêchage de la LNH avaient eu l'occasion de découvrir la personnalité guillerette du rouquin floridien. On peut aujourd'hui confirmer que ce n'était pas une façade. Et pourquoi en érigerait-il une? Fowler vit sa meilleure vie depuis un an.

Repêché en troisième ronde par le Canadien après avoir remporté les titres de joueur par excellence des séries de la USHL et gardien de l'année chez USA Hockey, il est débarqué sur le campus de Boston College pour y défendre le filet d'une équipe jeune, mais bourrée de talent. À la mi-saison, aucun gardien de première année n'a passé plus de temps devant son filet. À l'échelle nationale, il est classé deuxième pour les victoire (13), sixième pour le taux d'efficacité (,925) et douzième pour la moyenne de buts alloués (2,16).

Et le voilà au Mondial junior, pour la première fois de sa vie en visite sur le Vieux Continent. Il s'amuse comme un petit fou.

« Les lits sont un peu petits, les prises électriques sont différentes, les œufs brouillés sont différents, partageait le sympathique portier en début de tournoi. Je ne sais pas si je dirais que j'aime ça, mais ce n'est pas négatif non plus. Je prends ce qui vient et je profite du moment! »

À en croire son entourage, le dépaysement n'a affecté ni son humeur, ni son tempérament. Ceux qui le côtoient dans les coulisses le décrivent comme un jeune homme bavard et extraverti. « S'il y a de l'activité dans le vestiaire, il est probablement au milieu de tout ça », révèle son entraîneur de position David Lassonde.

Mais le clown a aussi un côté sérieux qu'il garde pour les moments qui comptent. Ses coéquipiers et ses entraîneurs vantent tous son grand calme et sa présence rassurante.

« Je crois qu'il comprend bien l'équilibre qu'il y a à atteindre entre la nécessité d'être concentré sur la tâche à accomplir et l'importance de profiter du moment. Il est capable de passer de l'un à l'autre en un claquement de doigt », a remarqué Lassonde.

Sur la glace, Hutson qualifie la voix de Fowler de « rassurante » et s'émerveille devant sa capacité à rester droit sous pression.

« Je suis extrêmement confiant quand il est dans l'action. La position de gardien est particulièrement difficile. C'est facile pour eux de se sentir responsable pour un but qu'ils viennent d'accorder. Jacob a cette force mentale qui lui permet de remettre les compteurs à zéro. »

« Comme joueur ou comme entraîneur, quand vous êtes sur le banc et que vous le regarder jouer, il dégage une confiance qui est contagieuse, ressent Lassonde. On ne le sent jamais paniquer, ce qui fait en sorte que personne ne panique en sa présence. »

Carte de visite

Fowler a été d'office pour deux des quatre matchs des États-Unis en ronde préliminaire. On peut présumer qu'il n'aurait pas été aussi sollicité si Trey Augustine n'était pas tombé malade avant le match contre la Tchéquie. Ce dernier, un espoir des Red Wings de Detroit, s'est montré généralement plus convaincant dans ses sorties contre la Norvège et la Slovaquie et devrait être l'homme de la situation pour le reste du parcours américain.

La carte de visite que Fowler a laissée en Suède, s'il a en effet grafigné son demi-cercle pour la dernière fois, aura permis à son professeur d'identifier les points sur lesquels il devra travailler. D'un, Lassonde estime que son élève de passage devra apprendre à défier davantage les tireurs qui se présentent devant lui. « Il joue profondément devant son but présentement. Il est capable d'avoir du succès à ce niveau, mais quand il commencera à affronter des hommes qui peuvent vraiment dégainer, il devra les défier de façon un peu plus agressive. »

De deux, l'apprenti devra améliorer sa prise de décision dans ce que Lassonde appelle son jeu près de ses poteaux. Il cite en exemple le deuxième but qu'il a accordé aux Tchèques, alors qu'il s'est fait surprendre par un tir haut alors qu'il était en position accroupie (reverse VH, pour les initiés).

Mais l'entraîneur d'expérience, qui a travaillé cinq fois aux championnats du monde junior ainsi qu'aux JO de Pékin, a aussi vu briller le potentiel du projet tricolore dans ce bref échantillon. L'énumération de ses qualités inclut sa capacité à suivre le disque dans la circulation lourde, son habileté à limiter les rebonds et son aisance en maniement de rondelle.

Plus que tout, Lassonde est encouragé par la facilité qu'à Fowler à assimiler les nouvelles informations qui lui sont transmises.

« Dans nos séances vidéos, j'utilise l'acronyme WDYS pour "What Do You See?". Je gèle l'image et je lui demande ce qu'il voit. Plus souvent qu'autrement, il met le doigt exactement sur ce que je veux entendre. Et ce qui est encore mieux, c'est qu'il nous montre le même niveau de compréhension en temps réel, quand le match bat son plein. »

Et il le fait probablement avec un sourire en prime.