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RÉSULTATS

Mondial junior : la nouvelle règle d'or de Filip Mešár

Filip Mešár Filip Mešár - IIHF
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GÖTEBORG, Suède – Filip Mešár avait le cœur léger à son arrivée dans le petit gymnase adjacent au Frölundaborg, l'amphithéâtre qui accueille les matchs du groupe B au Mondial junior. Et pourquoi en aurait-il été autrement?

La veille, sa sublime passe sur un but de son ami Servac Petrovsky avait fait de lui la saveur du jour sur les réseaux sociaux. Une victoire décisive contre les grands rivaux tchèques lui avait permis de fermer le clapet de ses amis Jan Myšák et Jakub Dobeš à Laval. Et quelques minutes plutôt, il venait de récolter son troisième point du tournoi dans un blanchissage de 3-0 contre la Suisse.

C'est joliment bien parti pour la Slovaquie et on commence à se demander si cette petite équipe ne pourrait pas réaliser de grandes choses durant la prochaine quinzaine.

« Nous sommes une équipe très talentueuse, constate Mešár, l'un des trois membres du groupe à avoir été repêchés en première ronde dans la Ligue nationale. Mais il faut jouer comme une équipe, pas comme un paquet de bons joueurs. Il faut être en symbiose à tous les matchs, se battre l'un pour l'autre. C'est la chose la plus importante dans ce tournoi. Tu peux être bourré de talent, mais sans le travail acharné, ça ne suffit pas. »

Cette mentalité, une règle d'or universelle, s'applique justement au travail qu'a fait Mešár en amont de ce troisième tour de piste avec la sélection nationale.

L'espoir du Canadien n'avait pas nécessairement mal fait l'an dernier à sa première saison au niveau junior canadien. Une fois surmontée la déception d'avoir été libéré par le Rocket, il avait roulé à un rythme d'un point par match avec les Rangers de Kitchener dans la Ligue junior de l'Ontario. Mais malgré les apparences, il dit ne s'être jamais vraiment senti lui-même dans ce nouvel environnement où il avait tant à apprendre.

Cette saison, le même manège qui l'avait tant rebuté l'année précédente s'est répété : retranché à Montréal, puis renvoyé dans le junior. À distance, on l'a senti contrarié, une intuition qu'il a validée mercredi. Mais il affirme que ses conversations avec Jeff Gorton et Kent Hughes, qui lui ont fait miroiter un rôle offensif dans un futur qui lui sourirait, l'ont aidé à considérer son sort d'une perspective plus constructive.

« J'ai été déçu d'être renvoyé en bas, mais en même temps j'étais motivé de montrer que je pouvais être un bon joueur dans l'OHL. Je crois que je le fais bien présentement, et je ne parle pas seulement de mes points, précise l'auteur de 32 points en 20 parties. C'est dans ma manière de jouer. Je veux jouer de la bonne façon et c'est ce que Montréal veut voir aussi. »  

À Kitchener, Mešár sent qu'il compte sur un allié de taille pour atteindre ses objectifs. Le Finlandais Jussi Ahokas a été embauché l'été dernier pour prendre les rênes de l'équipe. Cette improbable union avec un entraîneur européen a joué en sa faveur, croit-il.

« Quand il a été engagé, j'ai posé des questions à Juraj [Slafkovský] parce qu'il a joué pour lui en Finlande. Il m'avait prévenu qu'il était un entraîneur très strict défensivement. Ça a été ma première question quand je l'ai rencontré, mais il m'a dit qu'il ne voulait pas nous diriger comme il le faisait en Liiga. Il voulait qu'on soit plus axé sur l'offensive avec un style rapide et physique. Ça m'a plu tout de suite. »

« On a bâti une très bonne relation. Il n'arrête pas de me dire qu'il n'y a pas que les points qui comptent, que si je ne me replie pas, je peux être certain qu'il va me pointer du doigt dans le meeting vidéo le lendemain matin. Il ne veut pas de dentelle, il veut que je bûche. Sinon ce n'est pas assez bon pour la LNH. »

La confiance de Slaf

Le nom de Slafkovský revient inévitablement dans la conversation lorsqu'on s'entretient avec Mešár. Les deux sont des amis d'enfance que seule leur différence de talent a réussi à séparer. Ils sont toujours en contact sur une base quotidienne.

« Quand on ne joue pas, je descends généralement dans le sous-sol pour regarder ses matchs », dit Mešár, qui est hébergé par la même famille de pension que Carson Rehkopf, qui porte les couleurs du Canada au Mondial junior.

Comme tout le monde, Mešár a remarqué les ailes qui ont poussé dans le dos de son copain depuis quelques semaines.

« Je crois que la grosse différence, c'est sa confiance. Un jour, ils l'ont placé sur le premier trio et la première vague de l'avantage numérique. J'étais crinqué quand j'ai vu ça. Il est en train de prouver qu'il est un bon joueur, qu'il méritait d'être le premier choix. Je suis content pour lui. »

« Il avait trop de pression avant le repêchage et même après, mais je crois qu'il a ce qu'il faut pour bien gérer ça. C'est un bon gars, il n'est pas du genre à se faire du mauvais sang. J'aime sa personnalité et je suis convaincu qu'il va continuer de s'améliorer. »

Mešár admet qu'il s'est surpris à rêvasser d'un scénario où Slafkovský et leur compatriote Šimon Nemec, qui sont toujours d'âge junior, l'auraient rejoint à Göteborg. La Slovaquie, cette petite équipe, aurait alors vraiment eu les moyens de ses ambitions.

« C'est dommage qu'ils ne soient pas là, mais c'est bon pour eux qu'ils soient dans la LNH. C'est la chose la plus importante. »

Son souhait est d'aller les y rejoindre le plus tôt possible. Il travaille chaque jour en ce sens, un repli défensif à la fois.