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RÉSULTATS

Le cœur de lion de Vinzenz Rohrer

Vinzenz Rohrer - PC
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HALIFAX – Au Scotiabank Centre, lundi matin, se mettait en branle la ronde de relégation au Mondial de junior hockey, une série au meilleur des trois matchs entre l'Autriche et la Lettonie.

De se retrouver à batailler ferme pour conserver sa place dans le groupe principal n'a rien d'étonnant pour l'Autriche, un effectif qui a alloué 31 buts et n'en a marqué aucun à ses trois premiers matchs du tournoi à la ronde, la semaine dernière.

Mais parole du capitaine autrichien Vinzenz Rohrer, attaquant de 18 ans sélectionné au 75e rang par les Canadiens de Montréal en juillet dernier : son groupe est prêt à jeter aux oubliettes les traumatismes liés aux humiliations subies contre la Suède, la Tchéquie et le Canada.

Ce n'est pour autant de nier que l'expérience s'est avérée éprouvante pour une équipe qui attend toujours de signer la première victoire de son histoire, au sein de la division A.

« Je pense qu'un bon résultat, pour notre formation dans ce contexte précis, n'est pas nécessairement lié au score », avait affirmé plus tôt dans le tournoi Rohrer, un athlète articulé et réfléchi, avant de se mesurer à Équipe Canada junior.

« Avec nos entraîneurs, nous savons quand nous sommes fidèles à notre système de jeu, et quand nous nous en éloignons. Ça peut être difficile de rester concentrés sur notre plan de match lorsque nous concédons plusieurs buts dans un court laps de temps. Mais c'est pourtant ce qu'il faut qu'on fasse, a-t-il ajouté.

Confiné à sa chambre d'hôtel le 26 décembre en raison d'un virus tandis que l'Autriche encaissait son premier revers sans appel du tournoi, 11 à 0 contre les Suédois, le jeune capitaine s'est amené pour le second duel, face à la Tchéquie.

Le résultat n'a été guère mieux, et cette fois, Rohrer a été animé de la conviction, en plein match, qu'il n'y avait pas que le brio de leurs adversaires qui posait problème.

L'intensité n'était simplement pas au rendez-vous, et il a choisi d'intervenir. 

Dans une envolée que l'entraîneur-chef Kirk Furey a ensuite qualifiée de « discours inspirant qu'on n'entend à peu près jamais venant d'un athlète de 18 ans », Rohrer n'a pas ménagé ses compatriotes.

« Ce discours, il venait d'une frustration à la base. Je ne croyais vraiment pas que nous étions en train de jouer un bon match. Comme je l'ai dit, pour nous, ça ne sert à rien de garder sans cesse ce qui est au tableau indicateur. 

« Nous étions des passagers, juste là à encaisser ce que l'équipe adverse nous faisait subir. Même si le niveau de talent n'est pas à la hauteur de l'autre club, il faut quand même appliquer de la pression, et je ne voyais plus ça de notre part », a-t-il élaboré.

Le changement ne s'est pas opéré sur-le-champ, mais lors de la troisième période, « notre groupe était bien plus combatif », a-t-il noté.

« Il a le coeur d'un lion, a vanté un Furey très admiratif des qualités de meneur de Rohrer.

Les 67's ne regrettent pas d'avoir pris une chance

S'il y a un individu présent au Scotiabank Centre ces jours-ci qui s'avère particulièrement apte à discuter de Vinzenz Rohrer, c'est bien le directeur général d'ÉCJ, James Boyd, qui occupe les mêmes fonctions avec les 67's d'Ottawa, l'équipe pour laquelle évolue le jeune centre dans l'OHL.

En juin 2021, suivant la recommandation de son adjoint Jan Egert, Boyd et les 67's sélectionnaient Rohrer lors du repêchage international de la LCH, au 27e échelon.

« Vinzenz jouait à ce moment pour l'équipe des moins de 20 ans, à Zurich, en Suisse. Jan, qui supervise largement nos repêchages européens et a toujours eu de bons contacts en Suisse puisqu'il est né là-bas, nous a dressé un portrait très élogieux de lui », s'est remémoré Boyd. 

« Nous avons commencé donc à le surveiller sur vidéo, et ses performances en éliminatoires nous ont épaté. Il a fait la différence dans le championnat remporté par Zurich. Nous étions bien heureux de sa décision de venir jouer en Amérique du Nord », a-t-il reconnu.

Ironiquement, Rohrer s'est retrouvé devant la possibilité d'aller jouer pour la même formation qu'un ami proche, l'espoir du Wild du Minnesota Marco Rossi, ancien joueur par excellence du circuit ontarien.

Originaires de la même ville en Autriche, les familles Rohrer et Rossi sont très proches, en dépit des trois années qui séparent leurs fils.

« Il y avait là un élément de familiarité qui a facilité le recrutement de Vinzenz, c'est certain. Marco a été très apprécié durant son passage à Ottawa, et il avait eu de bons mots envers l'organisation. »

Un joueur « ultra compétitif »

Très impliqué dans toutes les phases du jeu, Rohrer est aisément identifiable sur la glace, mais ne se distingue par une habileté spécifique.

Selon Boyd, c'est le côté « ultra compétitif » du centre de 5 pieds 11 pouces qui est son trait le plus marquant.

« Il donne sa pleine mesure à toutes ses présences, et il est beaucoup plus impliqué physiquement que plusieurs patineurs de son gabarit. Cette ténacité dans son jeu, c'est non seulement efficace, mais aussi inspirant, ce qui fait de lui un excellent leader pour notre club », a-t-il évalué.

Tandis qu'il vise à continuer l'ajout de quelques livres de muscle à sa modeste charpente [il est recensé à 168 lbs sur la page des 67's], Rohrer surprend bon nombre de ses rivaux par sa solidité sur patins.

« Il a vraiment beaucoup de puissance qu'il n'y paraît, et souvent, les autres équipes ne s'attendent pas à ça. Je crois que ça fait partie des raisons de son succès, qu'il soit aussi fort sur patins malgré qu'il soit plutôt mince », a poursuivi Boyd.

Le rythme de production offensive de Rohrer a connu une nette amélioration par rapport aux 48 points qu'il a fournis en 64 matchs à sa saison recrue dans les rangs juniors.

Avant de quitter pour le CMJ, il avait réussi à amasser 32 points, dont 11 buts, en 26 rencontres.

« Vinzenz est un an plus vieux, et notre équipe marque plus que la saison dernière. Donc c'est certain qu'il en bénéficie. Mais ce que je retiens, c'est qu'il ne triche pas pour obtenir ses points. Il reste toujours conscient de ses responsabilités défensives. Il contribue plus à l'attaque, mais sans sacrifier quoi que ce soit dans les deux autres zones », a louangé Boyd.

L'un des plus jeunes joueurs à avoir été réclamés au repêchage de 2022 en raison de son anniversaire au début septembre, Rohrer convient que plus que jamais, il est éveillé à l'importance capitale de savoir bien se comporter sur l'ensemble des 200 pieds de la patinoire.

« Je pense bien avoir progressé par rapport à l'an dernier. C'est une réponse assez commune, mais j'imagine que je fais mieux dans tous les aspects du jeu, a-t-il modestement précisé. 

« C'est ce à quoi j'aspire, en tout cas. Lorsque tu participes à un camp professionnel comme celui de Montréal [à l'été 2022], tu t'aperçois à quel point le hockey, c'est bien plus que de marquer des buts. »

Avant de mettre le cap vers les Maritimes, Rohrer a pu compter sur quelques conseils prodigués par son entraîneur-chef des 67's Dave Cameron, un autre nom bien connu à Hockey Canada étant donné qu'il a mené le club à une conquête de la médaille d'or, l'été dernier, à Edmonton.

« Dave m'a suggéré de savourer le moment, de m'imprégner de cette culture, par exemple cette tradition des matchs du 26 décembre. Du côté plus technique, il m'a conseillé de rester près de ce qui fait ma force avec Ottawa. C'est plus facile lorsqu'on n'essaie pas de devenir un joueur que l'on n'est pas », a-t-il sagement conclu.