Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Le moteur en apparence inarrêtable d'Oliver Kapanen

Publié
Mise à jour

MONCTON – On dit souvent des athlètes professionnels que les meilleurs de leur discipline se différencient par un plein contrôle de leurs émotions.

Comme le suggère l'expression consacrée « Never too high, never too low », rien ne sert de trop s'emporter dans le sport, après un succès comme dans l'échec.

Analysez pendant quelques instants le langage corporel d'Oliver Kapanen dans ses commentaires d'après-match de lundi et mardi; vous verrez qu'il n'y a rien de bien différent.

Pourtant, la première de ses apparitions devant les journalistes est survenue dans les minutes suivant un des revers les plus gênants de la Finlande lors des 15 dernières éditions du Mondial de hockey junior.

L'autre, à peine vingt heures plus tard, s'est déroulée tout juste après qu'il eut été nommé joueur du match dans une prestation bien plus empreinte de mordant de la part de son pays, un gain de 5 à 2 face à la Slovaquie.

Assurément, le joueur de centre de 19 ans n'est pas le joueur le plus bavard ou le plus démonstratif du bassin d'espoirs des Canadiens.

Donc, mis à part son statut de vétéran de la plus récente édition du tournoi, en août, il doit bien y avoir une bonne explication à ce que Tomi Lamsa l'ait désigné pour hériter de la responsabilité de porter le « C » pour la formation scandinave.

« Oliver est un travailleur infatigable. Son moteur n'arrête jamais. Il n'est peut-être pas le leader qui prend le plus la parole, mais ses actions parlent gros », a assuré Lamsa durant un entretien avec RDS.ca, après la première victoire de son club dans la compétition.

« Il est vraiment un bon gars. Il traite tout le monde de la même façon, et donne l'exemple en tout temps. Vous ne pouvez pas demander un meilleur coéquipier à avoir autour de soi », a confirmé le joueur d'avant Brad Lambert, choix de première ronde des Jets de Winnipeg en juillet dernier.

Discret comme plusieurs de ses coéquipiers en lever de rideau, Kapanen a pivoté mardi un trio complété à gauche par Ville Koivunen, et à droite par Joakim Kemell.

Kapanen et Kemell, en particulier, ont conjugué leurs efforts pour étourdir la défense slovaque, surtout à partir d'un deuxième vingt dominé 3 à 0.

De la créativité... mais aussi un peu de tout

La plupart des partisans du Tricolore garderont en mémoire l'habile manœuvre que Kapanen a servie à un défenseur slovaque pour gagner en vitesse derrière le filet et exécuter un classique but de type tourniquet, portant le score 3 à 1.

C'est toutefois près de la cage du gardien finlandais Aku Koskenvuo que le jeu a commencé à se déployer.

Malgré sa présence à proximité de ses défenseurs en soutien au moment de la sortie de zone, le no 27 s'est offert comme option sur l'aile en territoire neutre.

Dès la réception de la rondelle, l'attaquant de 6 pieds 1 pouce a défié son couvreur à la ligne bleue offensive, et c'est grâce à un beau mélange d'équilibre sur patins et de puissance qu'il s'en est moqué, avant de réussir une action qui est loin d'être étrangère à la famille Kapanen.

« C'était improvisé. Mais je crois que c'était peut-être un clin d'œil à mon cousin [Kasperi] », nous a-t-il confié avec un sourire en coin.

En 2016, à ce même Mondial junior, Kasperi Kapanen avait enfilé de la même façon le but en or, permettant à la Finlande de renverser la Russie en prolongation lors de la finale.

Un but d'une telle créativité tend à montrer que le 64e choix au total au repêchage de 2021 prend doucement, mais sûrement confiance en sa capacité à réaliser de beaux jeux offensifs face aux meilleurs de son groupe d'âge.

Lors de la saison 2021-2022, il avait été difficile pour lui d'emmagasiner cette confiance si cruciale, relégué à un rôle secondaire avec KalPa, dans la SM-Liiga.

Il n'avait pas non plus été aidé par le fait d'avoir évolué au sein de quatre effectifs différents, tant en SM-Liiga et qu'en Mestis, le circuit de deuxième division.

À la mi-saison, un an plus tard, on perçoit davantage les qualités identifiées par l'ancien état-major du CH.

« Fondamentalement, Oliver a un excellent sens du jeu. Ça l'aide à connaître du succès. Il gagne ses batailles, fait très bien sur les mises en jeu. Je m'attends à ce que le reste de son tournoi ressemble à ça », a insisté l'instructeur finlandais.

Après 31 rencontres dans cette ligue qui priorise encore et toujours le jeu défensif, Kapanen a marqué sept buts et ajouté six aides pour un total de 13 points.

De quoi rappeler son existence à des gens qui auraient peut-être arrêté de s'enthousiasmer à son sujet, comparativement à d'autres joueurs d'avenir du CH.

Laine était allé au bâton pour lui

Kapanen n'a pas été un choix effectué par l'état-major chapeauté par Jeff Gorton et Kent Hughes.

Cependant, Kapanen admet volontiers que celui qui a insisté pour qu'on le sélectionne, une fois arrivée la fin de la deuxième ronde, est toujours à l'emploi de l'organisation montréalaise.

« Hannu Laine [NDLR : qui épie les espoirs finlandais pour le club, en plus d'avoir vu son mandat s'agrandir à l'ensemble de l'Europe sous Hughes] m'avait parlé quelques fois durant la saison. Je savais qu'il aimait mon style de jeu », s'est-il remémoré.

Le vétéran dépisteur de 22 saisons avec les Canadiens était-il celui qui avait milité pour qu'on le réclame?

« Je crois bien que oui », a-t-il révélé.

Depuis le filet héroïque de Kasperi Kapanen il y a six ans, les Finlandais ont terminé sur la plus haute marche du podium une seule autre fois, en 2019.

À Edmonton, il y a cinq mois, Kapanen et ses compatriotes ont dû se contenter du goût amer que laisse l'argent, baissant pavillon devant Équipe Canada junior.

Après le faux-pas pour le moins inattendu contre la Suisse, la Finlande est-elle de retour sur le droit chemin?

Oliver Kapanen l'espère, et rappelle que le tournoi à la ronde sert, entre autres, à apporter des ajustements.

« Nous avons remis l'accent sur certains détails importants qui nous avaient échappé. Je pense que ç'a porté fruit, mais à la base, nous avions déjà toute la motivation  pour rebondir », a-t-il illustré.

À voir maintenant si les Finlandais, toujours coriaces lorsque les enjeux sont grands, pourront se servir de la contre-performance de lundi comme un exemple du danger qui les guette, s'ils devaient oser s'éloigner une nouvelle fois du plan de match élaboré par Lasma.

On reverra la Finlande (1-1-0) en action jeudi, dans le groupe B, à l'occasion d'un duel face à la Lettonie (0-1-0), au Centre Avenir de Moncton.