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RÉSULTATS

ÉCJ : les gros canons doivent se mettre en marche

Matthew Poitras Matthew Poitras - Getty
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GÖTEBORG, Suède – Ce n'est pas la fin du monde. Ils l'ont répété après leur défaite contre la Suède et ils ont eu raison de le faire. Il ne se gagne ni ne se perd aucune médaille avant le 1er janvier au Championnat mondial de hockey junior. On ne l'appelle pas la ronde préliminaire pour rien.

Pas plus tard que l'an dernier, à Halifax, les joueurs canadiens avaient été piqués par la Tchéquie d'entrée de jeu. Ils avaient terminé le tournoi avec l'or au cou.

« Ce n'est pas toujours la pire chose de traverser un peu de chaos, de sentir ce que ça fait de ne pas gagner tous les matchs, a suggéré le capitaine Fraser Minten après ce revers de 2-0 encaissé contre l'équipe hôtesse vendredi. Ça nous fera de l'expérience en banque si les choses se corsent de nouveau un peu plus tard. »

« Ça aurait été plutôt naïf de notre part de penser qu'on ne rencontrerait aucun défi, aucune adversité durant notre parcours, a tenté de tempérer l'entraîneur-chef Alan Letang. C'est le genre de chose qui arrive. On n'a qu'à s'occuper de nos affaires contre l'Allemagne, s'assurer que tout le monde pousse dans la même direction et ensuite on passera aux choses sérieuses, les matchs sans lendemain. Rendus là, on obtiendra le meilleur de chacun. »

Bien plus que le résultat d'un match somme toute sans grande signification, voilà ce qui devrait préoccuper Letang à l'approche du nouvel An. On disait déjà de son équipe qu'elle n'avait pas la force de frappe des moutures qui l'ont précédée. Des joueurs admissibles sont restés chez les pros, d'autres sont tombés au combat durant la préparation.

Après trois matchs, certains des gros noms sur qui repose la production offensive ne répondent pas aux attentes.

Matthew Poitras a joué 27 matchs dans la Ligue nationale cet automne. Il y faisait assez belle figure pour que son nom apparaisse dans les discussions précoces pour les candidats au trophée Calder. Le trio qu'il pivote n'en fait pas assez. La recrue des Bruins de Boston n'a qu'une mention d'aide à sa fiche.

« Je trouve que je crée des chances, que j'ai la rondelle. Ça ne rentre juste pas présentement, a marmonné le numéro 15, admettant que l'adaptation au nouveau calibre de jeu est un enjeu bien réel. Il faut continuer de pousser en espérant que ça débloque. »

Ses deux ailiers sont dans le même pétrin. Easton Cowan, qui impressionnait au camp des Maple Leafs de Toronto il y a quelques mois, est invisible. Matthew Savoie, qui a joué un match avec les Sabres de Buffalo cette année, a disparu après son excellente première période dans le premier match contre la Finlande. On l'a revu par moments contre la Suède – il a raté son lancer sur une échappée en deuxième période – mais ce n'est pas suffisant pour un joueur de son statut.

Jordan Dumais est l'un des meilleurs producteurs de points au hockey junior canadien depuis deux ans et demi. Il en récolte plus de deux par match, en moyenne, depuis la saison dernière avec les Mooseheads de Halifax. Il avait bien fait lors des matchs préparatoires, mais à Göteborg, il se tient trop loin des zones payantes et semble manquer de confiance en possession de rondelle.  

« C'est pas le tournoi que je veux, mais à la fin de la journée, je crois que c'est pas si pire, a dit le Montréalais. On n'a pas beaucoup de chances. Le principal problème, c'est qu'on n'a pas de momentum, on n'est pas capable de la mettre dedans. Mais je crois que quand on va commencer à faire ça, on va être plus hot. »

Parmi ceux dont le mandat est de mettre du charbon dans la fournaise, Macklin Celebrini est peut-être le seul à qui on se sentirait mal d'adresser le moindre reproche. Le jeune de 17 ans est le meilleur marqueur de son équipe avec six points.

Conor Geekie est celui qui le suit de plus près. Ses trois points le placent au 22e rang des meilleurs marqueurs du tournoi. Minten, après deux matchs plus difficiles, a le mérite d'avoir répondu présent face à la Suède. Il a cadré cinq tirs, dont plusieurs menaçants.

Dans l'espoir de provoquer la proverbiale étincelle, Letang a pour la première fois de la semaine modifié ses trios. Ça a fonctionné sur le coup, mais les bénéfices furent de courte durée. Il a fallu une autre solide performance du gardien Mathis Rousseau, derrière une défensive surmenée, pour garder le pointage serré.

« C'est sûr que tu veux que les gars débloquent, a commenté Rousseau. On a des gars qui sont capables d'être très offensifs. Ma job, c'est de les garder dans le match jusqu'au moment où ces gars-là, la machine débloque. J'ai confiance dans le groupe d'attaquants qu'on a, confiance que dans des matchs importants, ils vont être capables de prendre le dessus. »

« Je pense qu'il manque un peu de chimie dans notre groupe. Je ne pense pas que c'est l'effort qui manque », a ajouté le portier.

« Oui, on a des gros joueurs qui, en ce moment, ne produisent pas comme ils voulaient, a convenu Maveric Lamoureux. C'est un gros tournoi, peut-être qu'ils sentent de la pression, je ne sais pas. Il faut qu'ils s'adaptent. Mais ce sont tellement des bons joueurs que je n'ai aucun doute qu'ils vont s'adapter et qu'ils vont débloquer, qu'ils vont nous faire des gros buts dans les gros moments. »

L'Allemagne se dresse maintenant comme tremplin pour ces gros canons canadiens en quête de rythme. Un point permettra au Canada de conclure la phase de groupes au deuxième rang du groupe A, une position qui lui vaudrait probablement un rendez-vous contre la Tchéquie ou la Suisse en quarts-de-finale.

À ce point-là, une contre-performance ne pardonne pas.

« On ira avec les gars qui sauront nous mener où on veut aller, a répondu Letang au sujet de la disette de ses cadres. Ce que je pense que de leur rendement, ça importe peu. Ce sont eux qui détiennent les réponses. »