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RÉSULTATS

Le Rocket réussit à utiliser les statistiques avancées pour développer et performer

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À une certaine époque, les équipes sortaient leurs cassettes VHS pour décortiquer un match de hockey. Plusieurs analyses passent désormais par des bases de données et des formules mathématiques plus complexes les unes que les autres.

Le hockey se joue toujours sur la glace, comme le veut l'expression, mais l'évolution du sport et de la technologie ont amené les évaluations à un autre niveau. On ne peut plus uniquement regarder le nombre de points d'un joueur pour se forger une idée sur sa performance ou ses aptitudes. Il faut maintenant utiliser tout ce qui est à la disposition, dont les statistiques avancées.

Le Canadien de Montréal, comme partout ailleurs dans le hockey professionnel, s'est doté d'un personnel analytique complet qui cherche à aller plus loin que les « X » et les « O ». Son club-école dans la Ligue américaine, le Rocket de Laval, en bénéficie par la bande.

Le concept de statistiques avancées semble assez récent dans le jargon du hockey, mais après plus de 30 ans comme entraîneur, dans le M18 AAA, la LHJMQ, la Ligue américaine et la LNH, Pascal Vincent reconnaît que ça ne date pas d'hier.

Avant l'évolution technologique, les équipes avaient d'autres façons de recueillir des données importantes à leurs yeux. Vincent a même des souvenirs de ses premiers pas comme entraîneur-chef dans la LHJMQ, à la fin des années 1990 et au début des années 2000.

« Ça fait longtemps que nous utilisons ça, mais ce n'était pas nécessairement public et aussi avancé. Je me rappelle mes premières années au Cap-Breton, nous comptabilisions les occasions de marquer. Nous produisions des chiffres par rapport à ça, a-t-il indiqué. D'apprendre à gérer tout ça, ç'a été le gros défi. Nous sommes maintenant rendus là et je me sens à l'aise avec ce que nous faisons ici et avec les gens qui s'occupent des différentes sphères de l'analytique. »

Sur la glace comme à l'extérieur

À quelques reprises cette saison, l'entraîneur-chef du Rocket a mentionné après les matchs que l'équipe utilisait ses propres données pour peindre le tableau de ce qui avait été vu sur la glace. Un peu comme ce qu'il avait vécu par le passé.

Quand on regarde le nombre de statistiques avancées disponibles au commun des mortels, on peut comprendre pourquoi le club-école du Tricolore refuse d'aller se perdre dans les analyses qui fusent de toutes parts. Il préfère utiliser des données bien précises qui vont en quelque sorte lui permettre de développer les joueurs et de les faire progresser.

« Nos analytiques sont très importantes parce que nous les utilisons pour faire notre après-match, a expliqué Vincent. Ça aide les joueurs à comprendre nos attentes par rapport à quelques sphères que nous trouvons intéressantes. Nous n'allons pas chercher ces données-là sur internet. Nous faisons nos propres recherches. En les faisant nous-mêmes, nos chiffres sont axés sur ce qui est important pour nous. Peut-être qu'il y a une marge d'erreur, mais c'est toujours la même personne qui s'en occupe, alors c'est constant. ».

Le hockey ne se joue pas sur papier ou dans des feuilles de données sur Excel, mais il y a tout de même certaines tendances qui peuvent être observées grâce aux statistiques avancées.

En décortiquant le tout, un personnel d'entraîneurs peut bien préparer ses joueurs pour un match à venir afin de tirer avantage des faiblesses de l'adversaire. Néanmoins, il y a toujours un ajustement d'une partie à l'autre et le travail est invariablement à recommencer.

« Ce que chaque équipe fait, c'est d'essayer de trouver des tendances, les points forts et les points faibles d'un adversaire. Et après, c'est de tenter d'exploiter les points faibles. Ce ne sont pas vraiment une ou deux statistiques en tant que telles, ça dépend vraiment des performances d'une équipe et comment elle est bâtie. À partir de là, c'est de voir quels sont les résultats au niveau des chiffres et de regarder le portrait complet. Nous devrons nous préparer contre cet aspect du jeu et nous pouvons prendre avantage de ça pour les battre », a déclaré Vincent.

L'objectif est de toujours obtenir les deux points et les statistiques avancées peuvent guider les joueurs et les entraîneurs à y arriver pendant le match, mais aussi en amont, lors des entraînements.

Le calendrier chargé de la Ligue américaine vient parfois mettre des bâtons dans les roues des joueurs et leur corps peut être surtaxé. Grâce aux données analytiques et à la technologie, Vincent et ses adjoints peuvent maintenant préparer des entraînements pour développer les qualités des joueurs, tout en gardant un niveau de forme optimal.

« Nous avons des données sur les joueurs, sur leur intensité et sur la gestion de l'effort, a-t-il fourni en guise d'exemple. Nous obtenons un chiffre après chaque entraînement et nous avons une moyenne, tout dépendant du joueur et des pratiques. Si tu fais un exercice de 12 minutes, nous savons ce que ça coûte comme énergie. Nous sommes donc capables de bâtir nos entraînements de cette façon. Quand la saison avance, nous avons l'équivalent d'un budget. Si nous voulons dépenser un certain total pour l'entraînement, je peux choisir les exercices qui vont m'amener à ça. »

Éviter les pièges

Toutes ces données analytiques peuvent grandement faciliter le travail d'une équipe, mais elles ne peuvent pas donner le portrait complet.

Les réseaux sociaux regorgent d'analystes de statistiques avancées et ils n'hésitent pas à partager des graphiques pour tenter de décrire un joueur le plus précisément possible ou de déterminer la qualité de sa performance.

Vincent met toutefois en garde que ce n'est pas un système infaillible et qu'il est parfois facile d'établir un narratif selon les statistiques utilisées. L'exemple du premier match de la saison de David Reinbacher avec le Rocket, il y a quelques semaines, avait d'ailleurs fait couler beaucoup d'encre.

« Il a terminé le match avec un différentiel de moins-2 et certains ont écrit qu'il avait été mauvais. Est-ce que tu me niaises? Il a été excellent, a insisté Vincent. Il y a tellement plus que d'utiliser des chiffres pour expliquer une performance. Il y a tellement de choses qui se produisent sur la patinoire qui ne se reflètent pas dans les statistiques. Je trouve que ça donne l'occasion à des gens qui n'ont pas vu la partie d'avoir une opinion. Des fois, certains joueurs ont de belles statistiques avancées, mais ils se sont ‘pogné le beigne' 50 minutes sur 60. »

Et en s'attardant trop sur ces données, on perd parfois l'essence du sport et le fait de revenir à la base. Pour Vincent, c'est d'autant plus vrai alors qu'il s'occupe de développer de futurs joueurs de la LNH.

« Trop, c'est comme pas assez. Tu peux te perdre là-dedans. Tu peux passer des heures à analyser ce qui se passe et avoir de beaux chiffres, mais pendant ce temps-là, tu n'as pas dirigé ton joueur et ton équipe », a-t-il soutenu.

Les données analytiques et les statistiques avancées sont évidemment là pour rester dans le monde du hockey, mais qui ressortira gagnant si toutes les équipes ont accès aux mêmes informations? Celles qui réussiront sans doute à mieux performer sur la glace… comme lors des débuts du sport, au 19e siècle.