Un gardien de « 6 pieds 11 » qui redéfinit son avenir vers la LNH
LAVAL – S'il existait une échelle permettant de mesurer le moral d'un athlète professionnel, la cote de Cayden Primeau en aurait probablement visité les plus bas échelons en 2024.
Dans ce qui allait être sa dernière apparition de l'année dans la Ligue nationale, Primeau est venu en relève à Samuel Montembeault contre les Penguins de Pittsburgh. Il a accordé trois buts sur sept lancers. À son départ précédent, il avait cédé cinq fois sur 29 tirs. Mi-novembre contre les Sabres de Buffalo : cinq buts sur 14 lancers. Fin octobre contre les Capitals de Washington : six buts sur 34 lancers.
Quand il a été rétrogradé dans la Ligue américaine, entre Noël et le jour de l'An, on avait toutes les raisons de croire que le Rocket de Laval hériterait d'un jeune homme brisé, bon à ramasser à la petite cuiller. La reconstruction de sa confiance apparaissait alors comme un travail à long terme.
Elle a plutôt été instantanée. Primeau n'a à peu près fait que gagner depuis qu'il a disparu des radars de la LNH. Il a signé 21 victoires en 26 matchs après son arrivée avec le Rocket. Dans les douze derniers matchs de la saison régulière, il a accordé plus de deux buts à une seule reprise.
La vie lui a envoyé une autre balle courbe quand un rappel imprévu dans la LNH, pour palier à une blessure de Montembeault, l'a empêché d'être présent pour le début des séries de la LAH. On a cru, pendant un moment, que Jacob Fowler profiterait de cette ouverture pour l'empêcher d'écrire la suite de son histoire.
Dans l'organisation du Canadien, l'avenir appartient sans le moindre doute à Fowler. Mais Primeau semble déterminé à préparer sa sortie à ses conditions.
Le gardien de 25 ans a été intraitable dimanche pour aider le Rocket à poinçonner son billet pour la finale de l'Association Est. « T'avais l'impression qu'il mesurait 6 pieds 11, 450 livres ce soir devant le filet, a imagé l'entraîneur Pascal Vincent. Il était sharp. »
Dans ce qu'on soupçonne être une commande d'en haut, Vincent a réparti le temps de jeu de ses gardiens de façon équitable dans la série de troisième tour contre les Americans de Rochester. Chacun a obtenu un départ dans les deux premiers matchs sur la route. Quand Primeau a sauvé son équipe dans une performance collective tiède au troisième match, la logique voulait qu'il ait mérité sa place pour le quatrième.
Après tout, Vincent a affirmé que ses deux gardiens avaient été mis au courant d'un plan préétabli quant à leur utilisation dans les trois premiers matchs. Dans une méritocratie, Primeau aurait été son homme pour la suite.
Ça n'a pas été le cas, et ça ne s'est pas bien passé pour le Rocket. Primeau a joué, mais seulement après que Fowler se soit fait rapatrier au banc. Il aurait pu laisser la déception teinter sa réaction. Il a fait le contraire.
« Quelque chose m'avait impressionné dans le dernier match, a confié l'entraîneur. On perdait le match, il restait cinq minutes. Il est venu devant le banc et il pensait encore qu'on pouvait gagner. Son message au banc était clair, direct. J'ai vu un côté de sa personnalité que je n'avais pas vu avant. Donc ce soir, j'étais assez confiant qu'il allait avoir une grosse performance. »
Joueur autonome avec restriction cet été, Primeau a probablement réussi, dans les derniers mois, à changer la perception du milieu à son endroit. Il ne s'épanouira sans doute jamais avec l'équipe qui l'a repêché en 2017, mais son entraîneur actuel est convaincu qu'il a l'étoffe d'un gardien de la LNH.
« Il peut jouer, c'est un bon gardien. Je le dis depuis qu'il est arrivé ici, il est un gardien de calibre de la LNH. Il va jouer dans la LNH », a répété Vincent.
« Avez-vous vu [Jared] Davidson bloquer un tir à la fin du match? Je sais qu'il l'aurait fait pour les deux gardiens, mais il à quelque chose de spécial dans l'histoire de Prime. C'est une personne formidable et un gardien très talentueux. Oui, il a traversé une séquence difficile. C'est arrivé, on ne peut pas le nier. Mais la façon dont il a répondu par la suite en dit long sur sa personnalité. Il va jouer dans la LNH. »
Les séries étant ce qu'elles sont, Vincent était moins catégorique quant à l'avenir à court terme de son gardien. Il n'a pas voulu se mouiller quant à l'identité de son titulaire pour le début de la confrontation à venir contre les Checkers de Charlotte.