OTTAWA - Les conservateurs veulent repousser l'étude du projet de loi C-11 pour faire témoigner « immédiatement » les responsables d'Hockey Canada au comité permanent du patrimoine canadien sur l'affaire d'un viol collectif par des joueurs juniors qui s'est conclue par un règlement à l'amiable. C'est encore de l'obstruction, clame le gouvernement.

« Nous devons aller au fond des choses tout de suite », a insisté mercredi le député conservateur et ancien commentateur sportif Kevin Waugh, qui est membre du comité, à son entrée à la réunion du caucus de son parti.

« La ministre des Sports a parlé d'avoir cela en septembre, a-t-il ajouté. Non, non, non, non! C'est sérieux. Faisons ça maintenant. Le repêchage amateur de la LNH approche. La Coupe Memorial approche. Le Championnat mondial de hockey junior approche. »

L'élu estime que les responsables de Hockey Canada pourraient être convoqués aussitôt que vendredi ou au début de la semaine prochaine pour un témoignage d'un ou deux jours.

La proposition implique de repousser l'étude article par article de C-11, un projet de loi qui vise à réglementer les plateformes de diffusion numériques comme Netflix.

Bien que le député n'ait pas tenté d'obtenir l'appui des autres partis sur le comité, il « suppose » que c'est le cas puisqu'une motion du Bloc québécois visant à convoquer Hockey Canada a reçu l'appui unanime des députés à la Chambre des communes la semaine dernière. « C-11 peut être repoussé à plus tard », a-t-il tranché.

Or, la députée conservatrice Rachel Thomas a présenté un amendement lundi au comité du patrimoine pour que les témoignages relatifs à Hockey Canada aient lieu avant l'étude article par article du projet de loi C-11 devant débuter mercredi.

Les libéraux ont alors qualifié la démarche d'« obstruction parlementaire », les néo-démocrates étaient réticents et le Bloc québécois a précisé qu'il est « clair » pour sa formation politique que les travaux sur le projet de loi C-11 sont "prioritaires". Le vote n'a pu avoir lieu avant l'ajournement des travaux.

À son arrivée à la période des questions, mercredi, la ministre des Sports, Pascale St-Onge, a déclaré que bien qu'« il y a une urgence » de faire témoigner les responsables d'Hockey Canada, « il y a moyen d'organiser les choses ».

« C'est la deuxième fois que ce projet de loi est déposé, a dit la ministre. C'est la deuxième fois que les conservateurs font de l'obstruction. Là, il faut procéder. Il faut que ce projet de loi soit adopté d'ici la fin de la session. »

Quant à l'audit financier visant à s'assurer que des fonds publics n'ont pas servi à « camoufler » l'histoire de viol collectif, Mme St-Onge a confirmé avoir discuté avec Hockey Canada, mais qu'il y a tout de même « des vérifications à faire » pour avoir « la confirmation textuelle ».

Quelques minutes plus tard, le chef adjoint des conservateurs, Luc Berthold, a déclaré en mêlée de presse que ça le « choque d'entendre qu'on veut faire de l'obstruction avec un dossier aussi important ».

La femme, qui prétend avoir été agressée sexuellement par huit joueurs de l'équipe nationale junior 2018 qui a remporté l'or au Mondial junior cette année-là, a abandonné une poursuite après avoir conclu une entente.

Il s'agit d'athlètes d'élite dont plusieurs pourraient jouer aujourd'hui dans la Ligue nationale de hockey (LNH), a noté le député Waugh, qui veut que « tout » soit sur la table, y compris là « où ils ont obtenu leurs 3,55 millions $ pour payer la femme ».

De même, les avocats qui ont rédigé les faits devraient comparaître, tout comme le grand patron de l'organisation, Tom Renney, qui a récemment annoncé sa retraite, ce qui est « un peu suspect », de l'avis du député.

« Je veux savoir ce qu'il savait, a-t-il dit. Je veux savoir ce que toute l'organisation savait à ce sujet. »