TOKYO – Les poloïstes canadiennes savaient que le défi était de taille pour leur match quart de finale du tournoi olympique contre les Américaines. Et elles ne se sont pas trompées.

Face à une équipe qui fait figure de grande favorite pour rafler un troisième titre olympique d'affilée, elles n'ont pas été dans le coup en début de match et elles ont encaissé une cinglante défaite de 16-5.

Les Canadiennes tiraient déjà de l'arrière 5-0 après à peine cinq minutes de jeu. L'entraîneur-chef David Paradelo a beau avoir pris un temps d'arrêt pour réveiller sa troupe, mais de son propre aveu, c'était peut-être trop peu trop tard.

« Dès le début, les filles étaient sur les talons, a analysé Paradelo après le match. Nous les avons laissées déployer leur jeu comme elles savent si bien le faire. Nous sommes meilleurs que ça. »

La vétérane Joelle Bekhazi, membre de l'équipe nationale depuis 2006, encaissait difficilement le coup, elle qui a pourtant vécu plusieurs coups durs au fil des ans.

« Je ressens beaucoup d'émotions en ce moment, a avoué l'athlète de 34 ans. J'ai réalisé mon rêve de participer aux Olympiques, mais ce rêve, c'était aussi d'être sur le podium.

« Nous nous sommes un peu tirées dans le pied plus tôt dans le tournoi et on savait que nous allions croiser les Américaines en quarts. Ce sont les meilleures au monde et elles l'ont vraiment montré aujourd'hui. Notre début de match nous a mis en arrière et nous n'avons pas été capables de revenir. On voulait tellement? Nous n'avons pas démontré dans l'eau ce que nous pouvons vraiment faire. »

Sa jeune coéquipière Axelle Crevier partageait le même point de vue.

« Le score n'est pas représentatif de ce que nous pouvons faire. Lors de nos derniers matchs, nous avons toujours été dans la partie. Ce qui est frustrant, c'est que nous n'avons pas encore gagné un match important ici. »

Le palmarès est effectivement bien mince. Elles ont subi trois défaites en quatre matchs en phase préliminaire, la seule victoire étant acquise contre les inexpérimentées Sud-Africaines.

Le portrait n'est toutefois pas tout noir puisqu'elles batailleront maintenant pour les positions 5 à 8. Les Canadiennes se mesureront à l'Australie, qui a perdu son duel contre les représentantes du Comité olympique russe au compte de 9-8.

« Ce ne sera pas facile, mais dans le top-10 mondial, les équipes se tiennent », a rappelé Paradelo, citant en exemple les victoires que le Canada a obtenues contre la Russie et la Hongrie à la Super finale de la Ligue mondiale à Athènes en juin.

 

Mauvaise exécution

Les Canadiennes connaissent bien leurs rivales américaines pour les avoir affrontées souvent. Mais la stratégie envisagée pour essayer de les contrer n'a visiblement pas fonctionné.

« Notre plan de match était là, mais nous ne l'avons pas bien exécuté au début », a laissé entendre Bekhazi.

Paradelo espérait certes offrir une meilleure résistance, mais il savait aussi que les astres devaient bien s'aligner pour avoir une chance de renverser les Américaines.

« Il fallait déployer notre meilleure qualité de jeu et espérer qu'elles ne soient pas à leur mieux. Ça n'a pas été le cas aujourd'hui.

« Nous avons disputé des matchs pas mal plus serrés contre elles en Californie au début de l'été. Mais c'est un fait que nous n'avons pas gagné un match contre elles depuis très longtemps. »

Les Canadiennes ont été limitées à un faible taux de réussite de 15 % sur leurs tirs au but (5 sur 34). Et quand elles ont réussi à décocher des tirs francs, la gardienne Ashleigh Johnson s'est montrée intraitable.

« D'abord, nous avons eu beaucoup de lancers qui n'ont pas touché la cible, a noté Paradelo. Et ensuite, on jouait contre la meilleure gardienne au monde et elle a tiré un bon match. Nous avons exécuté beaucoup de lancers en angle, ce qu'on ne voulait pas faire. »

Ce parcours n'est pas à la hauteur de leurs attentes, surtout après tous les sacrifices qu'elles ont consentis pour se préparer adéquatement.

« Nous avons fait beaucoup de progrès cette année, surtout avec notre été de préparation, a laissé entendre Crevier. C'est prometteur pour le futur. »

« D'ici trois ans, cette équipe aura grandi énormément avec la dernière semaine que nous venons de vivre », estime pour sa part Paradelo, en tournant ses regards vers les Jeux de Paris en 2024.

« Je suis confiante que c'est le début d'une longue aventure pour l'équipe et le programme », a conclu Bekhazi, pour qui cette aventure olympique constitue fort probablement le chant du cygne.