TOKYO - Meaghan Benfeito ne souhaite pas que sa carrière prenne fin sur une note aussi décevante. Mais à 32 ans, ne comptez pas sur elle pour poursuivre jusqu'à Paris en 2024.

La quadruple olympienne, qui affirmait encore la veille avoir le potentiel de monter sur le podium, n'a pas réussi contre toute attente à franchir la demi-finale, jeudi matin, au Centre aquatique de Tokyo. Elle s'est ainsi privée de la possibilité d'ajouter une quatrième médaille à son palmarès olympique.

Benfeito, qui était visiblement sous le choc quand elle est sortie de l'eau après son dernier plongeon, n'a pas cherché de faux-fuyants pour expliquer cette contre-performance.

« Je ne suis pas une athlète qui cherche des excuses. J'ai manqué mes plongeons », a-t-elle reconnu d'entrée de jeu quand elle s'est présentée en zone mixte après avoir pris le temps de sécher ses larmes et avoir parlé aux membres de sa famille à Montréal.

« Oui, je suis triste, je ne veux pas finir ma carrière comme ça, a poursuivi celle qui a terminé la demi-finale au 13e rang, à seulement cinq points de la dernière place donnant accès à la finale. Ça me fait de la peine. Mais je me suis battue jusqu'à la fin, je suis fière de moi. »

 

Mauvaise entrée en matière

En fait, Benfeito s'est retrouvée en difficulté dès le début de la compétition, ratant son premier plongeon, un double périlleux et demi arrière avec une vrille et demie, qui l'a reléguée au 18eet dernier rang.

« Plus tôt cette semaine, je me suis perdue un peu dans ma vrille arrière de mon premier plongeon et ça a paru aujourd'hui que j'avais peur. Et ce n'est pas l'idéal de monter sur la plateforme avec cette pensée-là. Je ne pensais pas aux bonnes choses. Même Arturo (Miranda, son entraîneur) m'a dit "fais-le comme tu le fais habituellement puisque c'est ton meilleur". Ça n'a tout simplement pas fonctionné. »

« Évidemment, ce n'est pas la place que j'aurais voulue, mais je suis fière de moi, de ne pas avoir abandonné. »

Benfeito a bien tenté de combler son retard, se hissant même au 12e rang après son quatrième. Mais son dernier plongeon ne lui a pas procuré suffisamment de points pour la rescaper en finale.

« Je ne me battrai pas pour une médaille, ainsi va le sport, a-t-elle ensuite répondu à une question en anglais. C'est à la fois cruel et formidable. J'ai eu une belle carrière dont je peux être fière. »

Pour ce qui est de la suite, elle ne voulait pas s'avancer trop, même si son idée est déjà un peu faite.

« Je ne sais pas, je ne veux pas finir comme ça, s'est-elle risquée à dire. En même temps, mon corps a besoin de repos. Ce sont mes derniers Jeux. Peut-être des Séries mondiales. Je vais m'asseoir avec Arturo et nous déciderons ensemble.

« À mon dernier plongeon, c'est venu me chercher. Je ne veux pas finir sur un mauvais plongeon. On va voir. »

L'équipe canadienne de plongeon aura connu une déconvenue à Tokyo. Avec une dernière finale à disputer, le 10 mètres messieurs, elle a été limitée à une seule médaille, celle d'argent de Jennifer Abel et Mélissa Citrini-Beaulieu au 3 mètres synchro.

Quan l'incroyable!

Par ailleurs, la finale féminine au 10 mètres a donné lieu à une autre domination des Chinoises. En fait, elles étaient seules dans leur monde.

La frêle Quan Hongchan, 14 ans seulement, a éclipsé toute concurrence, même celle de sa coéquipière Chen Yuxi, pourtant très solide. Elle a obtenu la note maximale (96,00) pour trois de ses plongeons pour décrocher la médaille d'or avec 466,20 points, soit 40 de plus que Chen.

Elle succède comme championne olympique à sa compatriote Ren Quian, victorieuse à Rio en 2016. La Chine monopolise la première marche du podium au 3 mètres dames depuis les Jeux de Pékin en 2008, où la Canadienne Émilie Heymans avait obtenu l'argent.

L'Australienne Melissa Wu, à ses quatrièmes Jeux olympiques, monte enfin sur le podium de l'épreuve individuelle à 29 ans après s'être classée parmi le top-6 à ses trois autres présences.

Par ailleurs, la Québécoise d'origine Sarah Jodoin di Maria, qui représente l'Italie en plongeon, a été éliminée en demi-finale, se classant juste derrière Benfeito.

« J'ai l'impression que je me suis un peu trop retenue, j'avais un peu peur de rater mes plongeons et, à la fin, ils ont tous été moyens », a expliqué la Montréalaise de 21 ans.

La finale était faisable, elle n'était qu'à sept points de la 12e place.

« D'ici trois ans, j'ai le temps de m'améliorer, ça ne fait pas longtemps que je fais du plongeon. Avec plus d'expérience, je serai plus prête que cette année. »