PYEONGCHANG, République de Corée - Quand le Canada n'a pas gagné de médaille dans le tournoi olympique de hockey de 1998 avec toutes ses vedettes de la LNH, cela a entraîné une introspection nationale et la tenue d'un sommet sur le hockey.

Les questions au sujet de l'exclusion du podium du Canada en curling par équipe ressemblent étrangement à celles posées au hockey il y a 20 ans.

Est-ce que la nation historiquement dominante du curling est trop généreuse en partageant son expertise et ses entraîneurs et en permettant à ses rivaux de participer à ses compétitions nationales?

Peut-être, mais ça n'explique pas pourquoi les skips canadiens Kevin Koe et Rachel Homan reviendront au pays sans médaille, selon le troisième de Koe, Marc Kennedy.

« Je sais qu'après des résultats comme ça, les gens vont vouloir trouver ce qui n'a pas fonctionné. Au bout du compte, ce sont les performances individuelles et la capacité d'élever son jeu d'un cran dans l'une des compétitions les plus difficiles au monde », a-t-il expliqué.

Koe s'est incliné 7-5 devant le Suisse Peter de Cruz dans la petite finale du tournoi masculin. Homan a quant à elle été éliminée à l'issue du tournoi à la ronde en vertu de sa fiche de 4-5.

« Extrêmement décevant, a avoué Koe. J'ai le sentiment que nous sommes une meilleure équipe que ce que nous avons démontré en éliminatoires. C'est triste. Nous avons tout simplement manqué notre coup quand nous devions le faire. »

C'est la première fois depuis le retour du curling aux JO, en 1998, que les Canadiens et les Canadiennes sont exclus du podium. Seuls John Morris et Kaitlyn Lawes, en double mixte, ont sauvé l'honneur avec une médaille d'or.

Les équipes canadiennes de curling masculin ont remporté des médailles d'argent aux Olympiques en 1998 (Mike Harris) et 2002 (Kevin Martin) avant de s'adjuger trois médailles d'or: Brad Gushue (2006); Kevin Martin (2010) et Brad Jacobs (2014). Chez les dames, on a eu droit à l'or en 1998 (Sandra Schmirler), au bronze en 2002 (Kelley Law) et 2006 (Shannon Kleibrink) et l'or en 2014 (Jennifer Jones).

Au lieu de rassembler ses meilleurs éléments au sein d'une même équipe, le Canada se fie sur son bassin de joueurs - le pays compte près de 1000 clubs de curling - et sur la loi du plus fort pour déterminer ses représentants olympiques : Koe et Homan ont dû battre aux essais olympiques un plateau comprenant les champions olympiques de 2014 pour représenter le pays en Corée.

« L'histoire démontre que ça fonctionne, a dit Koe. Peut-être que les gens diront le contraire maintenant, mais nous étions prêts. Nous avons bien joué.

« Peu importe le moment de notre sélection, nous nous sentions bien en arrivant ici. Nous étions bien préparés. Malheureusement pour nous, nous n'avons pas joué nos meilleurs matchs en éliminatoires. Ça prendra un certain temps avant que la douleur ne s'estompe. »

Kennedy a fait remarquer que le plateau de PyeongChang était beaucoup plus relevé que celui de Vancouver, il y a huit ans.

« On aurait pu profiter de quelques coups ratés d'équipes moins bonnes cette semaine, mais ces équipes ne sont pas moins bonnes. Elles sont en fait très bonnes et elles ont appris à gagner. C'est difficile de suivre le rythme. Mais nous n'étions qu'à un coup ou deux du match de la médaille d'or. »

Ce sont les Américains qui disputeront le match pour la médaille d'or, face à la Suède. Chez les dames, la Suède affrontera la Corée du Sud.

Kennedy se console en se disant qu'en disputant le match de la médaille d'or, les États-Unis attireront l'attention d'une large audience et d'un nombre important de commanditaires potentiels. Les Mondiaux auront d'ailleurs lieu à Las Vegas, en avril.

« D'un côté, on veut que le sport progresse partout dans le monde et que les États-Unis soient en finale est peut-être la meilleure des choses, a-t-il observé. Mais peut-être pas pour le curling canadien, par contre. »