MONTRÉAL – Joaquin Torres a certainement un gros coup à jouer en arrivant au CF Montréal. Après tout, son nouveau patron, Olivier Renard, a moussé sa venue en le décrivant comme un joueur offensif dont le profil était plus ou moins inexistant dans l’effectif de l’entraîneur-chef Thierry Henry. S’il voulait lui faire comprendre qu’il y avait ici une belle opportunité à saisir, le directeur sportif n’aurait pu être plus clair.

Torres ne comprend pas le français, mais la version des propos de Renard qui est arrivée à ses oreilles l’a ravie. L’enthousiasme démontré par le club à l’annonce de sa vue est réciproque.  

« Dès qu’est apparue la possibilité de venir à Montréal, je n’ai pas hésité. C’est un projet qui m’a allumé dès le départ », a déclaré l’Argentin de 24 ans, par le biais d’un interprète, lors de sa première rencontre avec les médias montréalais lundi.

Torres semble effectivement être une prise intéressante pour le CF Montréal. Les traces de ses performances, qu’elles datent de ses débuts dans son club formateur ou de son récent passage en Grèce, montrent un milieu de terrain électrisant doté d’une vitesse et d’une maîtrise du ballon à la hauteur des idées qu’il propose en sa possession.

On y voit précisément le joueur créatif et provocateur vanté il y a quelques jours par le responsable de sa venue en MLS. Comme en échos aux mots de Renard, Torres s’est décrit comme un ailier qui aime jouer vers l’avant et tenter de déséquilibrer les défenseurs au duel. Il se dit aussi à l’aise de couper vers le milieu du terrain pour mettre à profit son pied gauche que d’utiliser sa rapidité pour déborder sur la droite. Son style, croit-il, cadre bien avec celui qui est préconisé dans le premier championnat nord-américain.

Il devrait être là, le plus gros défi de Torres au cours des prochains mois : prouver que ses aptitudes peuvent lui permettre de peser sur le cours d’un match en MLS.

Les statistiques qu’il a accumulées jusqu’ici chez les professionnels ne sont pas celles d’un joueur hautement influent. En 39 matchs avec Newell’s Old Boys en Superliga argentine, il a marqué deux buts et ajouté deux passes décisives. En 2019-2020, en prêt avec le club de Volos en Grèce, il a démarré la saison avec quatre buts et une passe décisive à ses quatre premiers matchs, s’imposant comme titulaire indiscutable jusqu’en janvier. Mais le congédiement de l’entraîneur Juan Ferrando a changé la trajectoire de sa saison. Il n’a joué que deux matchs de 90 minutes dans les trois derniers mois de la campagne.

« Chaque entraîneur fait ses propres choix, se défend Torres. Dans les derniers mois, ils ont commencé à faire jouer les jeunes de l’équipe, sachant que ce n’était pas dans mes plans de rester à long terme. »

À Montréal, l’athlète de 24 ans retrouvera un environnement sécurisant. Plusieurs de ses compatriotes y sont passés avant lui, notamment Hernan Bernardello et Maxi Urruti, qui lui ont parlé en bien de la ville. Il a aussi été mis en contact avec Emanuel Maciel, qui a vécu un déracinement similaire il y a un an. Et en Thierry Henry, il pourra compter sur un entraîneur avec qui il pourra échanger dans sa langue natale.  

Torres croit qu’il pourrait arriver dans sa ville d’adoption dès la fin de la semaine – il s’envolera pour Montréal dès que ses papiers seront en ordre. Le fait qu’il a continué de s’entraîner avec Newell’s Old Boy lui permettra, croit-il, de se présenter au camp d’entraînement avec un certain rythme et une bonne forme physique.

« Mes objectifs, c’est d’obtenir du temps de jeu, prendre confiance et donner mon meilleur à l’équipe, a-t-il exprimé. À un certain point, oui, j’aimerais retourner en Europe, mais présentement toute mon attention est à Montréal. Pour pouvoir retourner en Europe, je dois d’abord faire de bonnes performances ici. »

Dans le corridor droit, la voie semble libre pour que Torres s’empare d’un rôle important. Le jeune académicien Jean-Aniel Assi, qui a fait ses débuts chez les professionnels en 2020, et le nouveau venu Ibrahim Sunusi apparaissent comme ses concurrents les plus directs pour obtenir des minutes à la position. Lassi Lappalainen et Jean-Yves Ballou Tabla sont quant à eux davantage identifiés comme des ailiers gauches.    

Henry a toutefois démontré dans le passé, notamment avec la conversion réussie de Romell Quioto en attaquant, qu’il ne craignait pas déplacer ses joueurs de leur poste dit naturel.