PARIS - Au lendemain de l'annonce de sa décision de démissionner, Sepp Blatter était de retour au travail dans les bureaux de la FIFA, mercredi, au moment où la pire crise de corruption de l'histoire de l'organisation bat son plein.

Interpol a ajouté les noms de six hommes liés à FIFA à sa liste des plus recherchés, tandis que des dirigeants de l'Afrique du Sud ont nié avoir versé un pot de vin de 10 millions $ US afin d'obtenir l'organisation de la Coupe du monde de 2010.

Le président Blatter s'est adressé au personnel pendant environ 10 minutes mercredi matin, dans le même auditorium où il a livré son discours de démission la veille. Les employés ont dit qu'il était émotif, et ils ont précisé qu'il avait reçu une ovation.

Pendant ce temps, Interpol émettait une alerte internationale à l'endroit de deux anciens dirigeants de la FIFA et de quatre hauts dirigeants pour des accusations de fraude et de corruption.

Deux des hommes, l'ancien vice-président de la FIFA Jack Warner de Trinidad et l'ancien membre du comité exécutif Nicolas Leoz du Paraguay, ont été arrêtés à leur domicile. Warner a été relâché et Leoz a été assigné à résidence. La notice rouge de l'organisation de police internationale fait en sorte qu'ils peuvent être mis en état d'arrestation partout où ils voyagent.

Les autres recherchés sont les Argentins Alejandro Burzaco et ses frères Hugo et Mariano Jinkis, accusés d'avoir verser à des tournois de soccer plus de 100 millions $ US en pots de vin pour des droits médiatiques et commerciaux, ainsi que Jose Margulies, un cadre d'une chaîne de télé brésilienne.

En Afrique du Sud, le ministre des Sports Fikile Mbalula a fait savoir que le gouvernement tenait à « nier avec véhémence » l'assertion selon laquelle le pays a versé un pot de vin afin d'obtenir l'organisation de la Coupe du monde en 2010.

Mbalula a qualifié le montant de 10 millions $ US de paiement en règle afin d'aider au développement du soccer dans la région des Caraïbes.

L'argent, qui a été versé dans un fonds contrôlé par Warner, fait partie de l'enquête américaine de corruption. L'enquête a mené à l'arrestation de sept dirigeants de la FIFA à Zurich la semaine dernière, donnant le coup d'envoi au scandale et à la décision de Blatter de finalement démissionner.

Warner et Leoz font partie des 14 personnes inculpées aux États-Unis dans le cadre de l'enquête fédérale.

Le procureur général américain Loretta Lynch, prenant la parole en Lettonie mercredi lors d'une réunion avec les ministres européens de la Justice, a refusé de commenter la démission de Blatter ou encore s'il était lui-même sous enquête.

« L'affaire est rendue devant les tribunaux », a souligné Lynch.

Dans un autre dossier, les autorités suisses ont amorcé une enquête criminelle liée à l'attribution des Coupes du monde de 2018 et de 2022. La Russie a obtenu l'organisation du tournoi en 2018 et le Qatar en 2022.

Au bureau du procureur général de la Suisse, on dit que Blatter n'est pas sous enquête, mais qu'on a mis en branle des procédures pénales impliquant des « personnes non identifiées » pour blanchiment d'argent.

Blatter a indiqué mardi qu'il demeurera en poste jusqu'à ce qu'une nouvelle élection ait lieu, entre les mois de décembre et de mars, estime la FIFA.

Le prince Ali Bin Al-Hussein, qui a été défait par Blatter dans l'élection de vendredi dernier, a gardé la porte ouverte à un retour, et l'ancien vice-président de la FIFA Chung Mong-joon a indiqué dans une conférence de presse à Séoul qu'il envisage de se présenter. Le président de l'Union des associations européennes de soccer (UEFA) Michel Platini est considéré comme un candidat potentiel.