Un sprint final entre cinq skippers totalement inédit et un premier arrivé qui pourrait ne pas être le vainqueur : le dénouement du Vendée Globe se joue dès mercredi soir dans un suspense à couper le souffle après 80 jours de mer marqués par un sauvetage héroïque.

Ils sont cinq marins, dont quatre Français, à puiser dans leurs ultimes ressources pour franchir la ligne d'arrivée au large des Sables-d'Olonne: Charlie Dalin (Apivia), l'Allemand Boris Herrmann (Seaexplorer-Yacht Club de Monaco), Louis Burton (Bureau Vallée 2), Thomas Ruyant (LinkedOut) et Yannick Bestaven (Maître Coq IV).

Tous sont attendus entre mercredi soir et jeudi matin, pour une arrivée à huis-clos en raison de la crise sanitaire liée à la COVID-19, mais avec une haie d'honneur de 300 bénévoles, masqués et distants, le long du chenal.

Selon les dernières estimations données mercredi matin par la direction de course, Dalin est attendu à 18h30 locales au plus tôt et plus probablement 20 h. Burton devrait couper la ligne 4 heures après le premier, Herrmann 5 heures après le premier, Ruyant 8 heures après le premier, Bestaven 8 heures 30 après le premier.

L'Allemand Herrmann a six heures de bonifications, qui lui seront retranchées une fois qu'il aura passé la ligne d'arrivée et Bestaven a lui dix heures et quinze minutes à décompter, ce qui pourrait lui permettre de remporter le Vendée Globe d'un rien.

Les deux marins ont reçu ces compensations horaires pour s'être déroutés afin d'aider aux recherches d'un concurrent naufragé, Kevin Escoffier, dont le bateau s'est brisé en deux le 30 novembre.

À l'intensité

« Ce Vendée est tellement spécial à tellement d'égards! », lance à l'AFP Michel Desjoyeaux, seul double vainqueur du Vendée Globe (2000/2001 et 2008/2009).

« Ils n'ont rien à perdre et tout à gagner », relève Desjoyeaux, qui précise que les marins ont tous en tête les compensations horaires.

« T'es obligé d'y penser! T'es dans le même cas qu'une dernière étape d'une course en temps comme la Solitaire du Figaro. Tu sais que t'as un gars qui a une demi-heure d'avance et faut lui bouffer cette demi-heure-là », explique-t-il.

« Ça se joue à l'intensité, la seule chose qui va faire la différence, c'est la façon dont les marins vont tenir la cadence", prévient-il encore.

Fort de ses trois Vendée Globe, Yann Eliès va plus loin. "Il y a une vraie bagarre pour arriver en temps réel en premier. Sur certains routages on peut encore espérer que Burton et Dalin restent premiers au bout du décompte, moi j'y crois moyennement », dit Eliès à l'AFP.

« C'est les règles du jeu, c'est une course particulière parce qu'en plus météorologiquement parlant ça n'a jamais souri aux premiers, ce n'était pas une course pour les premiers, c'est la vie », remarque-t-il aussi.

Dalin, qui participe à son tout premier Vendée Globe, a été en tête de flotte durant plus de 60% de la course. Le marin normand de 36 ans a perdu du terrain mi-décembre après une importante avarie mais a repris la main après le passage du cap Horn.

Compensation horaire

Burton, lui, a connu de multiples déboires; il s'est même mis au mouillage pendant presque 48 heures pour monter au mât. Le skipper de Saint-Malo a fait une incroyable remontée de l'Atlantique pour se retrouver aux avant-postes.

Herrmann est lui aussi revenu sur le groupe de tête, sans faire de bruit. Son bateau semble en bon état et l'Allemand a dans sa besace ses 6 heures de compensation. Ce qui fait de lui un adversaire dangereux.

Avec ses 10 heures et 15 minutes de compensation horaire, le Rochelais Bestaven est un sérieux prétendant à la victoire finale, d'autant qu'il est regonflé à bloc depuis quelques jours et file aussi vite que possible. Il faudra attendre son passage de ligne pour connaître le vainqueur du Vendée Globe.

Derrière lui, Damien Seguin (Groupe Apicil), premier marin handisport à faire le Vendée Globe, devrait couper la ligne en sixième position. Mais il pourrait bien perdre cette place au profit de Jean Le Cam (Yes We Cam !).

Le sexagénaire est celui qui a réussi à sauver Escoffier dans des conditions de mer dantesques et pour cela, il a bénéficié de 16 h et 15 minutes de compensation. Il navigue en huitième position.

Trente-trois marins ont pris le départ le 8 novembre, vingt-cinq sont encore en course.