Logique comme finale à Monte-Carlo après les sorties prématurées de Novak Djokovic et Rafael Nadal alors que le talentueux Stefanos Tsitsipas affronte le coriace Andrey Rublev. Autant le Grec que le Russe sont forcés de vivre avec la réputation de ce club sélect du top-10 en demies. Comme j'apprécie la science du jeu de Tsitsipas face à Dan Evans pour dominer le Britannique dans à peu près toutes les phases de jeu.

C'est d'ailleurs ce que les meilleurs font si bien, soit exposer les limites des intrus dans le carré d'as. Le revers coupé et les séquences offensives avec des montées au filet d'Evans sur moments clés ont tellement ennuyé Lajovic, Hurkacz, Djokovic et Goffin tout au long de la semaine. Le Grec a cependant utilisé une stratégie de gagnant avec son coup droit d'attaque pour déboulonner Evans dans l'échange et aussi le dominer en passings lors de ses timides présences au filet.

Pour sa part Rublev démontre qu'il possède l'étoffe des meilleurs. Après une difficile bataille face à Rafael Nadal, titré 11 fois sur le Rocher, le Russe se doit d'enchainer contre Casper Ruud en demies. Les progrès du Norvégien sont intéressants depuis 2 ans et ses accélérations en coup droit méritent le respect. Rublev a tout simplement la sagesse d'être en mesure de hausser la qualité de ses attaques en fond de terrain lors des moments importants et surtout en fin de 2e set.

Pour cette finale de championnat, Tsitsipas prouve encore une fois qu'il est en plein contrôle de la situation. Rapidement il va chercher le service de Rublev tôt dans chacun des sets. Le Russe, qui a connu des trous d'air hier en demies, est visiblement entamé physiquement et mentalement. C'est surtout dans la manière qu'il est brisé. Habituellement si combatif, il fait des fautes inhabituelles. À l'inverse, la beauté de Tsitsipas, c'est qu'il se dresse une stratégie bien claire et l'applique à la perfection. De ses propres dires, le tennis est un jeu d'échecs et l'important c'est de ne pas se précipiter. C'est cela qui m'impressionne le plus cette semaine alors qu'il met si bien la table avant de choisir le coup d'attaque qui fait plier l'adversaire.

Tout de même, grosse semaine pour Rublev avec des victoires de haute voltige en 3 sets face à Roberto Bautista Agut et surtout Nadal. Le Russe avance d'ailleurs à la 7e place mondiale. Bravo aussi à Daniel Evans qui gagne ses premiers matchs dans cette catégorie de tournois sur terre battue en plus d'atteindre la finale en double.

Revenons maintenant sur la performance de Félix Auger-Aliassime à Monaco. C'est évident qu'après l'annonce de l'association avec Toni Nadal, notre Québécois devait sentir une certaine forme d'obligation pour produire de la qualité et des résultats pour justifier qu'un grand mentor du calibre de l'oncle Toni se joigne à son équipe. Connaissant sa grande sensibilité à ne pas décevoir, cela rajoute de la difficulté face au merveilleux terrien Cristian Garin, 16e tête de série.

En deux jours, Félix passe de 4-2 à 5-2 en sauvant balle de bris. Tout est donc en place alors que notre Québécois s'offre 3 balles de manche. Malheureusement, les fautes en coup droit le rattrapent alors que Félix termine le match en commettant 45 fautes ce qui est énorme en deux manches. Donnons-lui du temps pour apprendre à ce très haut niveau s'il vous plait...

Je tiens aussi à féliciter Leylah Annie Fernandez qui à 18 ans, est capable de jouer le rôle de leader à la Coupe Fed (Coupe Billie Jean King maintenant) alors qu'elle gagne ses deux matchs de simple en Serbie pour permettre au Canada de l'emporter 4-0. Bravo aussi à Rebecca Marino qui triomphe en simple et en double pour compléter le travail. Nos Canadiennes avancent d'un palier pour ainsi se retrouver dans le groupe des qualifications pour éventuellement espérer avoir accès au groupe mondial.

Ce qui serait fantastique, c'est que le timing soit bon pour que Bianca Andreescu puisse participer à la fête. Bianca comme grande numéro un de l'équipe appuyée par la merveilleuse Leylah comme 2e joueuse de simple, cela a de la gueule. Comme le double est super important, que diriez-vous de la grande Rebecca Marino qui peut être superbement appuyée par la double championne Grand Chelem en mixte, Gabriela Dawbroski. Je vous le dis, voilà une équipe qui peut espérer aller jusqu'au bout d'une réalité qui ne fut jadis qu'un rêve éphémère.

En parlant de rêve, je vous laisse avec une des signatures de Tsitsipas dans la caméra sur le terrain après sa demie, qui disait ceci : « Aspire à inspirer avant d'expirer ». La vérité ne sort pas seulement de la bouche des enfants, mais aussi jeunes gens...