MONTRÉAL – Il y a de ces athlètes que vous pouvez placer dans un sport et qui comprennent tout du premier coup. Guillaume Paquet est de ce groupe.

Le receveur des Carabins de l’Université de Montréal a commencé à jouer au football il y a quatre ans à sa deuxième année au cégep, en division 3 de surcroît. Il sera samedi l’un des receveurs éloignés partants des Bleus lors de la Coupe Vanier. C’est ce qu’on appelle un apprentissage accéléré!

Les talents sportifs du jeune homme originaire de Montréal étaient bien connus. Il excellait au soccer où il a joué jusqu’au niveau AAA chez les moins de 21 ans. C’est en 2012 qu’il a commencé sa carrière de footballeur avec les Triades du Cégep régional de Lanaudière qui était à l’époque en troisième division.

Malgré une blessure à une clavicule qui a mis prématurément fin à sa saison en 2013, Paquet a tout de même réussi à se faire recruter au niveau universitaire. L’entraîneur-chef David Lessard avait eu le temps de le remarquer et  Paquet a déménagé à Sherbrooke pour porter les couleurs du Vert & Or.

« Je suis arrivé dans le réseau universitaire et pas beaucoup de monde me connaissait. Je n’étais pas un des joueurs les plus recrutés. Il a fallu que je fasse ma place. Les premiers matchs, j’étais en uniforme, mais je ne jouais pas. Ensuite, les circonstances ont fait en sorte que j’ai vu du terrain et tout a déboulé », a expliqué celui qui était aussi botteur de précision au collégial.

La saison avançait et Paquet devenait l’une des cibles préférées de Jérémi Roch avec le Vert & Or. Le petit receveur de 5 pieds 10 pouces a terminé la campagne avec 22 attrapés pour 318 verges avec deux réceptions pour des majeurs tout en se faisant remarquer sur la scène universitaire.

Par contre, hors du terrain, Paquet n’était pas motivé par ses études en économie. Le Montréalais voulait devenir policier après sa carrière de football et aurait pu se trouver un autre domaine à Sherbrooke. Mais l’Université de Montréal offrait un programme en sécurité intérieure qui touche au monde policier, ce qui lui serait bénéfique pour son avenir.

« C’est le fun le football, mais l’académique c’est important. On n’est pas juste des athlètes. On est des étudiants-athlètes. Si on n’aime pas ce qu’on étudie, le temps devient long », a-t-il fait valoir.

Il y avait également une raison familiale qui l’a convaincu d’en parler à David Lessard et de lâcher un coup de fil à Danny Maciocia.

« Quand il nous a contactés, je lui ai dit qu’il y avait de la place pour lui, a raconté l’entraîneur-chef des Carabins. Mais je voulais être en contact avec David Lessard. Je voulais lui en parler. Il a fait la même chose et il a expliqué la situation. Tout le monde a compris que c’était la situation idéale et il fait partie de notre équipe maintenant. »

Le Vert & Or ne s’est pas du tout opposé au choix de Paquet et a même fourni une lettre de recommandation pour appuyer sa demande de compassion auprès de Sport interuniversitaire canadien. Cette demande devait être faite parce qu’un joueur qui transfère de programme doit être une saison sans jouer. La demande de compassion a été acceptée et Paquet a pu revêtir l’uniforme des Bleus dès cette saison.

« Il y en a certains qui n’ont pas dû être d’accord avec ma décision ou qui n’ont pas compris. En fin de compte, mes amis ont compris. Mes entraîneurs ont compris et ma famille aussi. Rendu là, c’était ça l’important », a-t-il affirmé.

Des débuts fracassants... pour son corps!

La semaine dernière contre les Gryphons de l’Université de Guelph, Guillaume Paquet a réalisé un attrapé spectaculaire en plongeant.

« Je ne me souviens pas de tous mes attrapés en carrière, mais c’est sûr que c’est dans les meilleurs », a convenu le numéro 11 de l’UdeM.

Guillaume PaquetLe plus beau, il l’a réussi dans le match préparatoire des Carabins face aux Gee-Gees de l’Université d’Ottawa, le 23 août dernier. Le seul hic, c’est qu’en retombant au sol, Paquet s’est fracturé une clavicule. Heureusement, ce n’était pas la même qu’au cégep.

Cela a donc retardé ses débuts officiels avec sa nouvelle formation. Il a finalement dû patienter jusqu’à l’avant-dernière rencontre de la saison régulière. Sa persévérance et son travail de remise en forme ont payé puisqu’on lui a envoyé le ballon dès ses premières parties bien que les Bleus soient bien nantis à la position de receveur.

Deux matchs plus tard, les Carabins se retrouvaient en demi-finale québécoise contre le Vert & Or. Paquet était donc opposé à ses anciens coéquipiers, mais qui sont aussi des amis.

Paquet a terminé la rencontre avec quatre attrapés pour 67 verges de gains et son équipe est revenu de l’arrière pour éliminer l’Université de Sherbrooke. Le jeune homme comprenait bien la déception dans le camp sherbrookois puisqu’il l’avait vécue l’année précédente avec eux.

Son équipe mettait entre autres fin à la carrière universitaire de celui qui lui passait le ballon il y a un an, Jérémi Roch.

« L’an passé, j’étais dans leur camp et on a perdu en demi-finale contre les Carabins. Il y avait aussi des gars qui jouaient leur dernier match. Ce sont des gars qui m’ont accueilli quand je suis arrivé (à Sherbrooke). J’étais un "no-name" si on veut. Je les ai tous félicités », se remémorait-il, lui qui avait des sentiments partagés après cette victoire.

« Je vais revoir Jay (Roch) et je ne pense pas qu’il va avoir de la rancune. Ça fait partie de la game », a-t-il ajouté en parlant de celui qu’il respecte énormément.

Depuis ce match au CEPSUM, Guillaume Paquet semble toujours réussir à se découvrir.

Le receveur éloigné a capté quatre ballons de Gabriel Cousineau lors de la Coupe Dunsmore à Québec pour 78 verges. Les trois premières passes complétées du quart finissant ont été à son endroit.  La chimie n’a donc pas pris de temps à s’installer entre les deux hommes bien que Paquet ait raté six matchs.

« Tout l’hiver, on s’est entraîné ensemble. On  a couru des tracés. Ce n’est pas un hasard que ça fonctionne bien avec tous les receveurs. On a tous travaillé ensemble pour aller dans la même direction », a relaté Paquet.

Heureux dans ses études et au football

Les choses ont bien tourné pour Paquet qui aime son domaine académique et qui connaît du succès sur le terrain.

Ses études en sécurité intérieure, le même champ dans lequel Byron Archambault et Jean-Samuel Blanc ont étudié, l’aideront dans sa future carrière de policier grâce à des cours sur les interrogatoires, les scènes de crime et les enquêtes.

Néanmoins, il est à l’université en grande partie pour l’amour et la passion du football puisqu’il devra faire une technique policière pour ensuite être admis à l’École nationale de police à Nicolet.

Coupe Vanier et Coupe Grey

« C’est un sacrifice à faire étant donné que je joue au football en ce moment. Par contre, mes cours me prouvent que c’est mon domaine et que ça m’intéresse. J’aurais pu rester à Sherbrooke et faire un autre baccalauréat. Mais je n’aurais jamais su avant ma technique policière si c’était ce qui m’intéressait », a-t-il fait valoir lui qui porte comme plusieurs coéquipiers la coupe de cheveux mohawk avec une teinture jaune.

Samedi, il disputera la première Coupe Vanier de sa carrière et il ne veut pas rater sa chance. Il sait très bien que tout le Québec aura les yeux sur les Carabins.

« On veut que les gens se souviennent de nous comme les champions de la Coupe Vanier, pas seulement comme une équipe qui s’y est rendue. Il y a une étape de fait, mais ce n’est pas encore fini », a-t-il lancé.

« Quand j’étais jeune et que je ne jouais pas encore au football, j’en regardais à la télévision. Quand tu vois une équipe de chez vous et que les joueurs ont été formés ici, ça fait en sorte de vouloir et d’avoir un but pour aller au bout comme où on est rendu aujourd’hui », a philosophé l’homme dans le début de la vingtaine.

Les plus jeunes auront un bel exemple en regardant Guillaume Paquet sur le terrain du Stade Telus samedi. Il est une preuve que peu importe la division où l'on évolue au football collégial, que même si l'on commence à jouer au football sur le tard, qu’il est possible avec un peu de volonté et beaucoup de travail d’être un receveur éloigné partant à la Coupe Vanier.