MONTRÉAL – Le sport universitaire représente une remarquable école pour les étudiants-athlètes, mais il constitue aussi une belle vitrine pour toute université qui compte un programme d’excellence.

Parlez-en à l’Université Laval qui a su faire rayonner son institution avec les coupes Vanier gagnées au football. Mais il n’y a pas que le football à l’université. Le Québec fait aussi bonne figure en hockey féminin, en golf, en soccer, pour ne nommer que ces sports.

À l’Université de Montréal, le programme de sport d’excellence tel qu’on le connaît aujourd’hui est encore très jeune. En 1995, après des années financières difficiles, l’UdeM relance son département sportif. À la tête de celui-ci, on y retrouve la directrice Manon Simard.

Il faut lui lever notre chapeau puisqu’en 1995, les Carabins étaient représentés par trois équipes : la natation, le volleyball masculin et féminin. En 2014, on compte maintenant 14 équipes dans 11 disciplines différentes.

Madame Simard répète qu’elle a voulu s’entourer de « bâtisseurs » puisqu’au départ, tout était à refaire. L’organigramme, les bureaux, les salles d’entraînement ne sont que quelques éléments qui devaient être rebâtis à partir de quasiment rien. Puis, est venue la réfection du terrain de football du CEPSUM qui allait mettre la table au retour d’une équipe en 2002.

« Le football est la grande vitrine et la locomotive (de notre programme) », affirmait Manon Simard la semaine dernière après la conférence de presse annonçant un généreux don de 475 000 $ de M. Robert Panet-Raymond, ajoutant que le football est un levier pour les autres sports.

« Ensemble, écrivons une page d’histoire », est une phrase affichée lorsqu’on entre dans le CEPSUM par l’aréna, slogan inspiré par l’arrivée de l’équipe de hockey féminin à l’automne 2009.

Parce que les bâtisseurs, ce sont aussi ceux qui écrivent l’histoire sur la patinoire, sur les terrains de volleyball et de football.

Étudier et évoluer dans un environnement propice à l’accomplissement de soi, c’est bien. Mais demandez à un athlète à quoi il carbure. La grande majorité vous répondra que c’est l’envie de gagner et de rapporter des bannières de champion.

Le choix de Byron Archambault, Mikhaïl Davidson et Alex Cromer-Émond d’étudier à l’UdeM était motivé par plusieurs raisons. Parmi elles, gagner un premier titre au football pour les Bleus.

Lors des deux dernières saisons, ces trois joueurs ont fait preuve de constance et de caractère. Archambault et Davidson, deux joueurs de quatrième année, sont parmi les capitaines de l’équipe. Cromer-Émond n’en est qu’à sa deuxième saison sous les ordres de Danny Maciocia, mais son tour viendra.

Trois joueurs au cœur des succès des Carabins. Trois parcours différents qui les ont menés jusqu’au CEPSUM. Mais une seule volonté d’écrire l’histoire ensemble.

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Lorsqu’on affronte les Carabins, il faut garder la tête haute. Un missile nommé Byron Archambault peut arriver de n’importe où. Et ce missile détruit à peu près tout sur son passage.

Le secondeur de 23 ans hésitait entre l’Université de Montréal et l’Université Laval pour poursuivre son cheminement académique et sportif.

Le produit des Cheetahs du Collège Vanier est finalement demeuré dans la métropole et c’est un choix qu’il dit ne jamais regretter surtout en raison du volet humain.

Byron Archambault« C’est la meilleure décision que j’ai prise dans ma vie. Si ce n’est que pour le fait que je me suis entouré d’excellentes personnes sur lesquelles je peux compter pour le restant de ma vie. Ce serait assez pour me dire que c’était un excellent choix », estime le costaud numéro 41 des Bleus.

Byron Archambault pourrait bien évoluer dans la Ligue canadienne de football dès l’an prochain. L’étudiant en sécurité et études policières sera admissible au repêchage et ses chances d’être sélectionnés sont excellentes. Son travail sur les unités spéciales pourrait lui permettre d’obtenir un poste dès sa première saison avec l’équipe qui le repêchera. Du moins, dans un monde idéal, c’est ce qu’il souhaite.

« Quand tu investis autant de temps, que tu es rendu à ta quatrième année universitaire avec tes trois années de cégep, tes cinq au secondaire, tu as hâte d’arriver à ce niveau-là. [...] Si c’est une possibilité, j’ai hâte que ça arrive et de démontrer mon talent », lance celui qui vise 50 répétitions au développé couché (bench press) lors des tests physiques de la LCF, ce qui constituerait un record.

Mais les pros peuvent attendre. Présentement, Byron Archambault a les Carabins tatoués sur le cœur.

Rien ne le comblerait plus que de remporter une coupe Vanier pour le programme qu’il considère comme une famille. Une coupe Dunsmore serait déjà un grand accomplissement pour une organisation qui ne l’a jamais savouré depuis sa renaissance.

« D’amener ce genre d’histoire à cette université qui met beaucoup d’effort dans le football, qui aime son football et son programme, je pense qu’on leur doit ça à la direction, à l’administration et aux anciens. Si ça n’arrivait pas, c’est surtout pour eux que je serais déçu parce qu’on ne leur aurait pas livré ce qu’on leur doit », exprime-t-il en toute franchise.

Peu importe que sa carrière universitaire prenne fin en novembre 2014 ou dans un an, Byron Archambault pourra quitter le CEPSUM la tête haute. Il y aura laissé sa marque autant sur le terrain qu’à l’extérieur de celui-ci.

Byron Archambault« C’est quelqu’un que tout le monde respecte et adore que ce soit sur le terrain ou en dehors du football. Il s’entend bien avec tout le monde. Il représente un modèle pour la façon dont il vit, s’entraîne, se prépare mentalement et physiquement pour chaque match », énumère son entraîneur qui n’a pas d’inquiétude concernant son avenir.

« Tout joueur qui vient aux Carabins depuis quelques années, leur objectif est de ramener une coupe Vanier à l’UdeM. Pour certains qui hésitaient entre Laval et Montréal, ç’a été un des arguments principaux. Tu préfères commencer quelque chose de nouveau que de suivre le reste. Byron est celui qui travaille le plus fort pour que ça se produise. C’est un exemple pour toute l’équipe », complimente son coéquipier de longue date, Mikhaïl Davidson.

Peu importe si l’objectif suprême est atteint ou non, Archambault quittera son université avec le sourire.

« Je suis très heureux de ma carrière universitaire et je ne l’échangerais contre rien au monde », précise le détenteur du record de plaqués dans l’histoire des Carabins.

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« Mon objectif était de percer l’alignement partant. Je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais. »

C’est dans cet état d’esprit que Mikhaïl Davidson a joint les rangs des Carabins lors de la saison 2011. Aujourd’hui, il est maintenant le receveur avec le plus de verges de réception dans l’histoire du programme.

« C’est sûr que je me suis rendu plus loin que je pensais et j’espère me rendre encore plus loin », répond franchement, mais candidement l’étudiant en économie.

Davidson est la force tranquille des Carabins. Sa vitesse et sa lecture sur le terrain lui permettent de causer plusieurs ennuis aux équipes adverses tant en attaque que sur les unités spéciales. De son propre aveu, il n’est pas celui qui utilise le plus ses cordes vocales pour motiver ses coéquipiers.

« Il est très silencieux! », affirme Danny Maciocia, avec un petit rire qui confirme que ce n’est pas du tout négatif. « Lui, il mène par exemple sur le terrain, mais aussi dans la salle de musculation et dans les cours. Il le fait avec ses actions. Il est très apprécié de ses coéquipiers et pour moi c’est vraiment un plaisir de le diriger. »

Mikhaïl Davidson et Keith NormandinMaciocia connaît son homme à tout faire depuis un bon moment. Après son congédiement à Edmonton, le Montréalais a travaillé pendant quelques mois avec le Phénix du Collège André-Grasset. C’est à cet endroit qu’il a fait la rencontre de celui qui deviendrait l’un de ses capitaines avec les Carabins.

« C’est un jeune que j’apprécie beaucoup, comme individu et comme athlète. C’est quelqu’un pour qui j’ai un grand respect. Tu n’as pas besoin de passer beaucoup de temps avec lui parce que tout ce qu’on lui demande de faire, il le fait. Et il le fait très bien », vante le pilote des Bleus.

Davidson est une menace dès qu’il a le ballon entre les mains. Cette saison, il a réussi sept touchés sur réception, un au sol et un sur un retour de botté de dégagement.

Comme Byron Archambault, le numéro 88 est à son année de repêchage. Mais la LCF, il n’y pensait même pas il y a quatre ans. Elle peut donc patienter encore longtemps. Surtout qu’il a un excellent plan B lui qui désire s’inscrire à la maîtrise en finance ou en économie appliquée l’an prochain.

« Le repêchage c’est toujours quelque chose qu’on repousse à plus tard. On se dit toujours que c’est dans longtemps. C’est sûr que ça l’arrive bientôt pour moi. Mais, pour l’instant, je suis pas mal certain que tous les joueurs qui sont admissibles au repêchage pensent à leur saison. Pour le moment, c’est ça qui compte », exprime celui qui a été le coéquipier de Laurent Duvernay-Tardif, qui évolue maintenant dans la NFL, au Collège André-Grasset.

« C’est un jeune que, si ça lui intéresse de jouer au prochain niveau, les équipes doivent garder un œil sur lui. Je crois que ça peut être une option intéressante pour eux s’ils ont besoin d’un tel joueur », conseille Maciocia, un ancien DG des Eskimos d’Edmonton.

Lorsque ce sera terminé avec les Carabins, Davidson laissera une grande famille derrière lui.

« Et je n’ai vraiment pas hâte de la quitter. »

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Le nom Price trouve un nouvel écho depuis deux ans à Montréal. Après Carey en 2005, c’était au tour de la sensation du village de Price de faire son arrivée dans la métropole.

Le secondeur Alex Cromer-Émond, originaire de cette municipalité du Bas-Saint-Laurent, ne fait pas les choses à moitié. Recrue par excellence dans le RSEQ l’an dernier, l’athlète de cinq pieds huit pouces a entrepris des études en médecine qui requièrent une organisation structurée pour un étudiant-athlète.

Si on lui donne le choix, l’ancien des Faucons du Cégep Lévis-Lauzon souhaiterait devenir joueur professionnel de football.

Alex Cromer-Émond et Sean Thomas Erlington« Depuis que je suis en quatrième année du primaire que je rêve de ça et que je travaille pour y arriver. Je suis très conscient que l’école c’est important, mais les rêves le sont aussi », explique-t-il, lui qui va toujours droit au but dans ses réponses.

Cromer-Émond n’a que 21 ans. Mais il s’impose déjà comme un leader en défense à sa deuxième saison avec les Bleus. Son éthique de travail est irréprochable et son entraîneur est impressionné par sa maturité.

« C’est un jeune qui est vraiment brillant. Il a des journées tellement chargées que des fois je me demande comment il fait pour trouver l’énergie pour venir assister à toutes les réunions et ensuite embarquer sur le terrain. [...] Tu n’en trouves pas beaucoup plus mature que lui, même des gens de 25 ou 30 ans. C’est incroyable de le regarder aller », reconnaît Maciocia.

Les Carabins ont perdu le secondeur Antoine Pruneau qui a gradué avec le Rouge et Noir d'Ottawa cette année. Il se pourrait qu’Archambault fasse le saut chez les pros aussi.

Mais Cromer-Émond sera encore là pour au moins les deux prochaines années. Ce sera à son tour de devenir le modèle pour les jeunes qui débarqueront dans le vestiaire des Carabins. Et Danny Maciocia n’a aucun doute que son numéro 50 pourra chausser ces souliers.

« Il a toutes les qualités pour être un capitaine. C’est quelqu’un qui est bien respecté dans le vestiaire. Les autres étudiants-athlètes, quand ils le regardent, ils se disent que s'il est capable d’accomplir ça, ils ne devraient pas avoir de difficulté à passer leurs trois ou quatre cours par session et à ne pas s’endormir aux réunions. Alex montre déjà le côté leadership », énonce-t-il en parlant de celui qui est très attaché à ses racines.

Comme ses deux coéquipiers, Alex Cromer-Émond est fier d’être un Carabin et voudrait faire partie de cette première édition qui rapporterait un titre à l’Université de Montréal.

« Quand je suis arrivé ici, j’étais un "petit cul" et je le suis encore. La Coupe Vanier, c’est gros. Mais je ne suis pas une personne qui vise le deuxième rang. Je veux toujours être premier. C’est un objectif de carrière universitaire et on travaille pour ça », admet-il, lui qui affichait l’un des plus gros sourires après la victoire des Carabins face au Rouge et Or, samedi dernier.

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Byron Archambault, Mikhaïl Davidson et Alex Cromer-Émond sont voués à connaître de brillantes carrières, que ce soit dans le football ou dans leur domaine d’étude.

Dans 30 ou 40 ans, qui sait, ce sera peut-être eux les généreux donateurs du programme.